SÉJOUR EN FRANCE DE BAO NHUNG

Semaine 1 – En Lorraine

– Vendredi 2 juin 2023 – De Roissy à Nancy

Je suis arrivée à Roissy à 7 h du matin, il faisait frais et il y avait du monde à l’aéroport. J’étais contente de revoir la France après 6 ans, c’est toujours comme la première fois. Après le contrôle à la frontière et après avoir attendu environ 2 h 30, j’ai pris le train pour la Lorraine à 11 h 22.

À 12 h 30, j’étais finalement à Nancy après près de 15 heures de transport et Jean est venu me chercher à la gare. On est rentré à la maison de Jean et Marie-Ange à Saulxures et nous avons déjeuné vers 14 h 30. Je me suis ensuite reposée tranquillement dans le beau jardin de Jean en cueillant des cerises, goûtant la tarte à la rhubarbe avec du thé, puis j’ai fait des courses avec lui.

À la fin de l’après-midi, Jean m’a fait visiter la place Stanislas, une place sur laquelle s’élève la statue de Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne qui est arrivé à Nancy au XVIIIe siècle et en a transformé l’architecture urbaine. La place est entourée de bâtiments de prestige : l’Hôtel de Ville où je verrai un mariage le lendemain, l’Opéra, le Grand Hôtel de la Reine et le musée des Beaux-Arts. Les quatre portails avec des grilles couvertes de feuilles d’or sont vraiment impressionnants. On est passé ensuite par le Palais du Gouvernement de Nancy, la Palais des ducs de Lorraine, construits avant l’arrivée de Stanislas à Nancy.

– Samedi 3 juin 2023 – Découverte de Nancy et Saint-Nicolas-de-Port

J’ai visité les marchés à Saulxures et Tomblaine, de petits marchés avec quelques étals. Ensuite on a longé la Meurthe avant d’aller au centre-ville où j’ai vu la maison natale d’Edmond de Goncourt et la statue de Jacques Callot, un graveur et dessinateur né dans cette ville. L’après-midi, avec Marie-Ange, on est allé à la basilique de Saint-Nicolas-de-Port. J’étais étonnée par la masse imposante de cette église qui se dresse au milieu du paysage, elle semble disproportionnée pour la petite ville où elle est. Cette basilique de style gothique est dédiée à Saint Nicolas, le protecteur de la vie des gens dans cette région au Moyen Âge et à la Renaissance.

Le soir, avec Régine et Jean Claude qui venaient d’arriver, on est allé dîner chez Gérard et Danielle à Vandœuvre. Leur maison donne sur un très large jardin où on a pris l’apéro – une culture très française et qui est différemment expliquée dans les livres. Je pense que « đi nhậu » est le terme correspondant en vietnamien : on va prendre un verre de bière en grignotant des cacahouètes aux « bia hơi » après le travail. Mais « đi nhậu » au Vietnam me semble plus violent que l’apéritif en France.

 – Dimanche 4 juin 2023 – Dans les Vosges

J’ai rencontré ce jour-là Lucette, une enseignante d’allemand qui a de la personnalité. Ce que je retiens d’elle, c’est qu’elle me pose toujours des questions puis qu’elle m’explique minutieusement leurs réponses. Elle adore les roses, alors elle m’a parlé de Pierre de Ronsard, et de son célèbre poème « Mignonne, allons voir si la rose ».

Nous sommes partis en voiture dans les Vosges avec Jean et Marie Ange pour une journée au village. Nous avons rencontré la famille de Jean-Luc et Jean-Marc, les deux fils de la famille Cerva. Nous avons déjeuné avec la famille de Jean-Luc dans une vieille maison à La Neuveville-devant-Lépanges, puis sommes passés à la ferme de Jean-Marc.

Avant de rentrer à Nancy, nous sommes allés au lac d’origine glaciaire de Gérardmer. Il y avait du monde qui s’y bronzait et se baignait ou se baladait. Lucette m’a montré les Vosges, une belle chaîne montagneuse avec des pistes de ski, vertes en été et blanches en hiver. Elle m’a présenté aussi le linge des Vosges, un secteur important pour l’économie régionale et très connu en France sous la marque Linvosges.

– Lundi 5 juin 2023 – Du jardin botanique de Nancy à Lunéville

Journée en plein air avec les Valence. Danièle et Gérard m’ont emmenée au Jardin botanique Jean-Marie Pelt de Nancy. Sa particularité : des serres tropicales, des plantes rares et menacées.

L’après-midi, on a visité le Château de Lunéville qui est considéré comme le « petit Versailles lorrain ». Léopold 1^er, duc de Lorraine a choisi l’architecte Germain Boffrand – élève de Jules Hardouin-Mansart, l’architecte du château de Versailles à Paris – pour construire le château devenu sa résidence officielle. Ce château fut la résidence de villégiature des ducs de Lorraine pendant des années. Il a connu bien des dégradations et a été plusieurs fois démoli. En sortant du château, nous nous sommes baladés au parc des Bosquets, construit et embelli par le duc Léopold et par Stanislas.

Le soir, j’ai rencontré Charlotte, la petite-fille très sympa de Régine. On a assisté à un concert de musique baroque au Musée des Beaux-Arts de Nancy : « À la Cour de Louis XV ». Le concert était gratuit, mais de très bonne qualité, avec des professeurs de musique qui jouaient des œuvres de François Couperin, de Michel Blavet et de Joseph Bodin de Boismortier avec des instruments baroques.

– Mardi 6 juin 2023 – Atelier cuisine, manifestation et cinéma

Matinée tranquille avec l’atelier de cuisine : Jean a fait un rôti de lapin et Régine a préparé un clafoutis aux cerises. J’ai « fait un tour du propriétaire » dans le quartier de Jean où plusieurs maisons ont de très grands rosiers. C’est la pleine saison !

Après le déjeuner, j’ai pu participer à une manifestation contre la réforme d’augmentation de l’âge de la retraite. La quatorzième grève depuis le lancement du projet de réforme. Ce sont des syndicats qui organisent ces manifestations et c’est une culture entièrement différente pour moi.

Le soir, je suis allée voir le film « L’Île rouge » avec Lucette. Le réalisateur Robin Campillo s’appuie sur ses souvenirs d’enfance pour nous emmener à Madagascar au tournant des années 1960-1970, époque à laquelle les militaires vivaient avec leur famille les dernières années du colonialisme de la France sur cette île. Franchement, il me faut un bagage de connaissances plus riche pour comprendre ce dont ce film parle.

–  Mercredi 7 juin 2023 – À Metz, sa cathédrale et son centre Pompidou

Nous étions cinq à partir en voiture pour Metz vers 9 h : Jean et Jean-Claude, Régine et Charlotte, et moi. On est allé chercher Charlotte puis allait à Metz qui se situe d’environ une heure en voiture de Nancy. Après avoir trouvé un parking près du Centre Pompidou-Metz, on a pris une navette gratuite pour aller à la Cathédrale Saint-Étienne qui est la cathédrale catholique du diocèse de Metz, un édifice typiquement gothique. Avant d’entrer dans la cathédrale, Régine et Jean-Claude m’ont fait réviser le vocabulaire de la cathédrale avec les gargouilles, l’arc trilobé, le tympan au portail. À l’intérieur, nous avons contemplé de splendides vitraux, œuvres de Marc Chagall et Jacques Villon représentant des scènes de l’Ancien et le Nouveau Testament. Nous avons passé du temps à identifier les scènes et les personnages du grand vitrail consacré à Adam et Eve de la première lancette qui décrit la création d’Adam et d’Eve à la quatrième qui montre l’expulsion du couple du paradis. L’opposition des couleurs fortes – jaune, bleu et rouge – m’a fait penser à la lumière, au bonheur au paradis puis au malheur, à la mort.

L’après-midi a été consacré à l’exposition « Un monde à soi », une rétrospective du travail de Suzanne Valadon, au Centre Pompidou-Metz. Elle a commencé comme modèle puis est devenue peintre au contact de grands artistes comme Edgar Degas. Elle s’est fait connaître pour ses tableaux de femmes nues. Inspirée par le style de Paul Gauguin et de plusieurs d’autres peintres masculins, Suzanne Valadon a dépassé les codes traditionnels pour donner une image de la femme, fascinante, mais transgressive. Ses tableaux sont marqués par les positions libres des femmes nues qui ne sont pas embellies par des vêtements, mais qui sont elles-mêmes, et aussi par les tissus à l’arrière-plan.

Le soir, j’ai eu droit à un cours supplémentaire avec Lucette. Comme elle est professeure d’allemand, elle profite de chaque petit détail pour m’enseigner quelque chose (puis, elle me fait réviser et encore vérifie mon travail !). Quand on faisait la sauce moutarde, elle m’a demandé : « S’il y a une compétition de ski entre les Noirs et les Blancs, qui gagnera ? ». Moi, je n’ai aucune idée ! Elle m’a expliqué : « Les Noirs, parce que les Blancs sont toujours battus en neige ! ». Quelle blague ! En effet, elle m’a fait rire beaucoup avec ses histoires, parmi lesquelles j’ai appris une expression pour parler d’un endroit mal rangé : « Une vache n’y retrouverait jamais son veau ! »

Par ailleurs, Lucette m’a vraiment surprise, car à chaque fois que je lui demandais quelque chose, elle me sortait toujours des livres, des documents sur ce sujet. C’est incroyable !

–  Jeudi 8 juin 2023 – L’amphithéâtre gallo-romain de Grand et le pays de Jeanne d’Arc

Jean, Marie-Ange, Lucette et moi avons fait un tour à Grand, une commune près des Vosges et qui est en fait très petite. La veille de la visite, Lucette m’avait fait consulter deux livres sur Grand et son amphithéâtre gallo-romain. Au temps de l’Empire romain, Grand était une cité religieuse peuplée d’environ 20 000 habitants avant de tomber dans l’oubli au cours du Moyen Âge.

L’amphithéâtre était le lieu où se déroulaient des combats de gladiateurs, d’animaux sauvages et des chasses. Construit au I^er siècle apr. J.-C., il comptait 17 000 places, mais de nos jours, après plusieurs démolitions, il ne reste qu’un nombre modeste de places qui sont reconstruites en bois. L’arène est vaste, depuis les couloirs, on accède aux cellules servant de vestiaires aux gladiateurs, de cages aux animaux et d’entrepôts pour les armes et les décors. Les gradins sont divisés en trois niveaux correspondant aux différentes classes sociales, les plébéiens – le petit peuple – étant affectés aux gradins supérieurs. Des tribunes d’honneur réservées aux personnes importantes sont situées au-dessus des salles de « prière » de l’autre côté de l’arène. Pendant plusieurs années, les habitants de Grand ont pris des pierres de l’amphithéâtre pour construire leurs propres habitations.

Puis, nous sommes allés admirer la mosaïque de Grand, très étendue, avec des couleurs diverses. Les archéologues estiment qu’elle est restée à son emplacement d’origine, là où se dressait une basilique.

Ensuite, nous avons visité la maison natale de Jeanne d’Arc à Domrémy-la-Pucelle. Jeanne d’Arc, née à Domrémy dans une famille paysanne, est une héroïne de l’histoire de France, cheffe de guerre et sainte de l’Église catholique. Dans sa jeunesse, elle affirme avoir reçu du Ciel, la mission de délivrer la France de l’occupation anglaise. En 1431, elle est condamnée à être brûlée vive. En 1456, on conclut à l’innocence de Jeanne et elle fut entièrement réhabilitée. Près de sa maison natale, l’église Saint-Rémy où Jeanne d’Arc aurait entendu des voix descendues du Ciel.

Dans la basilique Sainte Jeanne d’Arc qui a été construite au XIXe siècle en l’honneur de Sainte Jeanne d’Arc canonisée en 1920, plusieurs tableaux représentent des scènes de la vie de cette sainte.

– Vendredi 9 juin 2023 – Dernier jour à Nancy et repas vietnamien

Avec des indications très détaillées de Jean et Lucette, j’ai profité de mon dernier jour à Nancy en flânant au centre-ville. Pas mal de rues étaient en travaux, car on enlevait les rails du tramway pour faire des rues piétonnes. Il faisait très beau. J’ai acheté des boîtes de bergamotes à la Maison des Sœurs Macarons.

L’après-midi, j’ai fait des courses avec Jean dans un magasin asiatique. Puis, on est rentré et j’ai préparé le Phở, avec l’aide de mon mari au Vietnam. C’était la première fois que je cuisinais ce plat, et malgré plusieurs bols de Phở que j’avais mangé et surtout un paquet d’épices de Phở que mon mari m’avait préparé, je n’arrive pas à bien réaliser ce plat. Cependant, j’étais contente que Jean et Marie-Ange m’aient vraiment encouragée. Je n’ai même pas osé envoyer une photo du Phở que j’avais fait à mon mari !

Après le plat principal, on a pris souvent de la salade avec la sauce préparée par Jean. À ce dernier repas, je n’en ai pas mangé, parce que cela ne va pas avec le Phở ! Mais j’ai vraiment regretté cette décision après coup.

Après le dessert – toujours avec de très bonnes fraises, on est allé prendre un café à la place Stanislas. C’était vendredi soir en été, alors il y avait encore du monde. On s’est promené ensuite dans le Parc de la Pépinière et on a traversé des rues au centre de Nancy. C’est toujours une belle ville très sympa, de jour comme de nuit.

 

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Chapitre 2