Séjour de Bao Nhung – Chapitre 3
SÉJOUR EN FRANCE DE BAO NHUNG
Semaine 3 – En Gironde
– Lundi 19 juin 2023 – À Verdelais
Le matin, avec Gérard et Mai, nous sommes allés au site de pèlerinage de Verdelais situé au lieudit[1] le Luc. Les origines du pèlerinage remontent au XIIe siècle. Ici, Gérard m’a expliqué l’historique de l’ensemble du XIXe siècle : il s’agit d’une fontaine votive et d’un ensemble de six statues en grès céramique exécutées par le sculpteur Clerc en 1860. Selon la légende, l’eau de la fontaine aurait le pouvoir de soigner tous les maux de l’homme.
Ensuite, nous avons visité la basilique Notre-Dame de Verdelais dont la construction remonte au Moyen-Âge, mais le sanctuaire actuel résulte de reconstructions du XVIIe et XIXe siècles. Le sanctuaire est consacré à la Vierge Marie. À l’intérieur, les murs sont couverts d’« ex voto » : plaques formulant des remerciements pour les bienfaits obtenus : consolation, guérison…
Puis, nous avons fait une balade sur le Chemin de Croix jusqu’au calvaire du Mont Cussol où se trouvait un. Nous sommes montés, depuis la chapelle consacrée à la sainte Agonie, par le chemin pierreux, jusqu’à la quatorzième chapelle-station. La grande chapelle du Saint Sépulcre clôturait le chemin de Croix, annonçant le Calvaire avec trois croix monumentales donnant sur la vallée de la Garonne. Quel somptueux panorama ! En descendant, Mai m’a montré la tombe d’Henri de Toulouse-Lautrec, un peintre, dessinateur, lithographe, affichiste et illustrateur français connu dans le monde.
Vers midi, nous sommes allés à la cité médiévale de Saint-Macaire. Gérard et Mai y ont vécu pendant longtemps, ils ont donc bien connu cet endroit. La cité m’a transportée véritablement au Moyen-Âge entre remparts, vestiges et cloître. Au cœur de la cité, le Mercadiou ou la place du marché, entourée de maisons à arcades, ce qui lui donne un charme incontournable. En haut des remparts, le prieuré de Saint-Macaire composé de l’église Saint-Sauveur et des vestiges des bâtiments conventuels.
En fin après-midi, j’ai participé au cours de Pilates avec Mai. C’était un cours avec des participants moins jeunes, mais qui semblaient encore très dynamiques. Avant, j’avais sous-estimé le Pilates, car je préférais les sports plus actifs ; mais après ce cours, je trouvais qu’en prenant bien en compte notre respiration et en contrôlant bien notre mouvement, nous pouvions consommer pas mal d’énergie à faire du Pilates.
– Mardi 20 juin 2023 – Observation du cours de français donné par Mai et atelier de décoration
J’ai eu l’occasion d’observer un cours de préparation au DELF A2 donné par Mai à un apprenant migrant. Il a eu des problèmes avec la production écrite et orale, alors Mai lui a proposé des exercices puis l’examen blanc pour s’entraîner.
L’après-midi, nous avons fait un tour du centre de La Réole, une petite commune à la population plutôt âgée. En plus c’était mardi après-midi, la tranquillité dominait donc ce quartier.
Fait remarquable, une exposition de sculptures de Christian Rampnoux, nommée « Chemin des Arts ». Une collection des 16 sculptures de taille humaine et colorées exposées dans la ville et au prieuré. Je l’ai trouvée très originale et impressionnante.
Enfin, nous avons pris part à un atelier de décoration au centre-ville. Fin septembre s’y tiendra un événement musical, alors il faut que les gens préparent la décoration de la ville. Cet atelier a été organisé par les membres de l’Espace de Vie Sociale Solid’Avenir – une association ayant pour objectif de promouvoir le lien entre les gens à travers des projets sociaux. Chaque participant amenait à l’atelier des toiles, des boules de laine ou de cannetille et se mettait à tisser des cordes multicolores en bavardant et présentant le projet aux passants. C’était la première fois que j’assistais à une telle activité sociale, tout le monde était très ouvert et sympathique.
– Mercredi 21 juin 2023 – À Castelmoron d’Albret, l’Atelier d’initiation à l’ukulélé, au Château de Duras et la Fête de la Musique
J’avoue que Castelmoron d’Albret était magnifique ! Comme un petit coin de paradis caché au milieu des plateaux boisés, Castelmoron d’Albret est posé sur un éperon rocheux dominant l’étroit vallon de Ségur. Au cœur de ce village ravissant, nous avons contemplé des bâtiments anciens, des vieilles maisons construites il y a plusieurs siècles, de minuscules places qui ont largement gardé leur intégrité historique. La présence végétale le long des ruelles étroites et fleuries offrait à ce site pittoresque beaucoup de charme. Castelmoron d’Albret est la commune la plus petite de France avec une population d’environ 52 habitants.
Après avoir fait une balade à la bastide de Monségur, Mai et moi avons participé à un atelier d’initiation à l’ukulélé. L’enseignant était très sympa et expérimenté, il nous a fait faire connaissance avec cet instrument musical à travers une chanson folklorique pour enfants qui s’appelait « Epo I Tai Tai E ». Ce cours m’a donné envie d’apprendre vraiment à jouer du ukulélé en rentrant.
Notre destination suivante était le Château de Duras. Cet édifice qui est situé dans la commune de Duras, en Lot-et-Garonne, à la frontière avec la Gironde et près de la Dordogne m’a fait revivre les XVIIe et XVIIIe siècles avec l’architecture du Moyen-Âge mélangeant avec le style Renaissance. La salle « aux secrets » y était très intéressante, elle a la particularité d’offrir une curiosité acoustique due à la structure et au renforcement architectural des arcs de la voûte. En parlant à voix basse face au mur dans un angle de la pièce, la personne placée dans l’angle opposé en diagonale nous entend très distinctement sans que les autres personnes présentes dans la salle entendent la conversation. Quelle idée géniale ! J’ai tout de suite pensé à plusieurs applications de cette architecture dans la vie quotidienne : les salles d’examen, les casinos, même dans les familles où le papa et sa pitchoune veulent garder quelques secrets. Nous avons visité aussi la salle des fantômes où ces derniers nous ont conté l’histoire du château. En haut, un escalier à vis dans la tour nous a menés à une terrasse donnant une belle vue sur la vallée du Dropt. En bas, une partie des sous-sols du château a été aménagée en musée archéologique et ethnographique.
Le soir, comme c’était la Fête de la Musique, la musique était partout ! Nous sommes allés à Saint Macaire pour y prendre part aux activités musicales. Divers styles de musiques comme le rock, le rap, la musique classique, les musiques du monde ou encore les danses ont été représentés sur les six scènes dans la cité. De nombreux artistes et groupes de musique, professionnels ou amateurs, se produisaient au cours de nombreux concerts gratuits dans la rue.
– Jeudi 22 juin 2023 – La randonnée à Sauveterre-de-Guyenne et l’avant-première du film « Les Algues vertes »
Une matinée de marche ! Gérard et moi et son groupe de randonnée nous sommes réunis à Sauveterre-de-Guyenne depuis tôt ce matin-là pour nous préparer à la marche. Nous étions environ vingt pour une marche de santé. Quoiqu’il pleuve parfois (il avait plu la veille aussi !), il fait chaud, nous avons fait quand même totalement 7 km dans les bois, dans les vignes, au bord des routes ! Les participants étaient gentils et amicaux, je me sentais la bienvenue. Cependant, j’étais honteuse de ne pas avoir une bonne forme comme eux !
Le soir, Mai et moi sommes allés voir un film dramatique franco-belge qui s’appelait « Les Algues vertes[2] ». Il s’agit d’une enquête journalistique sur un scandale environnemental et sanitaire affectant le littoral breton et ayant provoqué des morts, et du portrait sensible d’une journaliste confrontée à des hommes coupables et victimes à la fois de cette crise[3]. Inès Léraud, l’héroïne jouée par l’actrice Céline Sallette, m’a beaucoup impressionnée par sa gentillesse, sa force et surtout sa volonté pour la vérité. L’avant-première avec la vraie Inès Léraud et Pierre Van Hove m’a fait comprendre les difficultés que l’enquêtrice avait rencontrées, la réalisation du film et le comportement de la politique envers ce problème naturel. Après, Mai m’a prêté la bande dessinée et j’ai trouvé impeccable qu’une problématique sociale puisse toucher la jeune génération à travers un art très proche et apprécié par eux.
– Vendredi 23 juin 2023 – À Saint-Émilion et à la Fête du vin, de l’alose et des Fifres de Garonne
Au début, Mai m’avait proposé deux visites pour vendredi : À Bordeaux ou à Saint-Émilion. Personnellement, je préférais Saint-Émilion parce que c’était une commune très connue par ses Grands Crus que j’avais voulu visiter depuis longtemps.
Malgré la chaleur, la beauté de Saint-Émilion m’a entièrement conquise. Cette cité médiévale est campée sur une éminence calcaire, c’est pourquoi il faut toujours monter et descendre. Nous avons visité l’Église monolithe de Saint-Émilion – la plus vaste église monolithe[4] d’Europe avec une femme guide. Elle parlait bien anglais (et bien sûr français !), elle était active, dynamique, humoriste et elle contrôlait bien la visite à tel point que je souhaitais que mes étudiants aient été là pour définir un vrai guide attirant. À propos de l’église, elle fut creusée à l’intérieur du plateau calcaire et sa structure actuelle formait encore un seul bloc. Ensuite, nous avons pris le petit Train touristique pour découvrir les monuments de la cité ainsi que le vignoble et ses prestigieux châteaux. C’était intéressant, car avant, j’avais pensé que les châteaux auraient dû être énormes avec plein de salles et des tours mystérieuses !
Après le repas avec du vin saint-émilionnais, nous avons flâné encore le Cloître des Cordeliers qui est actuellement commercialisé comme un grand restaurant et un supermarché, et la Tour du Roy. Pour moi, cette excursion m’aurait plu si j’avais pu comprendre la fabrication des vins locaux.
Le soir, nous avons participé à la Fête des Fifres[5] de Garonne à Saint-Pierre d’Aurillac. C’était un événement annuel des rencontres familiales, amicales, culturelles, de joies individuelles et collectives, de gastronomie, de danses, de bals populaires et de danses traditionnelles. De nombreux groupes de musique ont présenté des numéros impeccables avec les fifres – bien sûr – et beaucoup d’autres instruments musicaux. Il y avait des stands de boissons, de nourritures ou de jeux qui pouvaient satisfaire toutes les tranches d’âges. Une partie spéciale du festival, la Fête de l’alose, aurait lieu le lendemain.
– Samedi 24 juin 2023 – Au marché hebdomadaire à La Réole et à la Fête du vin, de l’alose et des Fifres de Garonne (suite)
Depuis vendredi soir, Mai m’avait « insisté » qu’il nous fallait aller très tôt au marché le lendemain matin. Alors, pensant aux courses faites par mon mari, je me suis levée à 5 h 30 du matin. Ah ! La maison était encore couverte par l’obscurité et personne n’avait l’intention d’aller au marché en ce moment-là. Je m’en suis rendu compte tout de suite que « Voilà l’interculturel ! ». Nous avons finalement quitté la maison à près de 8 h 15.
Franchement, même si j’avais vu de mes propres yeux la vitesse de consommation du fromage des Français(e)s, j’ai été encore frappée par la quantité de fromage vendue et achetée. Ce que j’ai pris le plus en photos, après les paysages, ce sont les fromageries, que ce soit au marché ou au supermarché. Mai a acheté différents fromages aux trois différents marchands, cela m’a aussi bien surprise !
En fin d’après-midi, nous étions à nouveau à la Fête du vin, de l’alose et des Fifres de Garonne en tant que bénévoles qui préparaient le repas traditionnel collectif de l’événement. Comme la consommation de l’alose avait été déjà limitée à partir de l’année dernière, cette année, on l’a remplacée par la lamproie à la bordelaise. Après avoir « contemplé » la beauté de ce poisson lors de la visite du Jardin de la Lamproie la veille, j’ai hésité vraiment à en manger, même si le plat à la bordelaise est largement connu et apprécié. J’avais reposé plusieurs fois la question « Il est bon ? » à Mai à tel point qu’elle a dû me dire que si je n’en voulais pas, ce n’était pas une obligation.
Revenons à nos moutons. Tout d’abord, j’ai dressé la table avec les plus jeunes. Puis, ayant revêtu le tablier, je me suis occupée du fromage avec les moins jeunes. Au début, le travail était calme, les visiteurs de la fête mangeaient tranquillement soit la lamproie à la bordelaise, soit le confit de canard. Au bout d’un moment, on est passé au fromage, je me suis alors concentrée à cent pour cent à la distribution des tranches sur les assiettes. Les responsables des autres plats, eux aussi, travaillaient sérieusement. Parfois, nous nous entraidions. C’était vraiment une brigade de cuisine idéale !
Vers minuit, nous avons vu le feu d’artifice au bord de la Garonne avec tous les participants de la fête. Tout le monde se sentait joyeux en dansant, en chantant et en étant ensemble. Le bal a duré encore longtemps. J’étais très contente, non seulement parce que finalement j’ai goûté à la fois le confit de canard et la lamproie à la bordelaise et c’était bon, mais aussi parce que j’ai eu l’occasion de prendre part à un événement culturel français en tant que membre de l’équipe d’organisation. C’était pour moi significatif.
– Dimanche 25 juin 2023 – Départ pour la Normandie
De nouveau, j’ai dû quitter une région, une famille d’accueil. Mai m’a conduite à la gare vers 11 h et de La Réole, j’ai commencé le trajet le plus pénible de mon séjour pour aller à Bayeux, en Normandie.
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[1] Désigne un lieu à la campagne qui est plutôt à l’écart d’une commune. Ex. : Ce n’est pas même un village, c’est un lieudit.
[2] Adaptation des « Algues vertes – l’histoire interdite », la bande dessinée d’Inès Léraud et Pierre Van Hove.
[3] Pour en savoir plus : https://reporterre.net/Algues-vertes-en-Bretagne-4-points-pour-comprendre-le-probleme.
[4] Du grec ancien, « mono » signifie « unique » et « lithos » « pierre ».
[5] « Petite flûte traversière à 6 trous au son aigu et au timbre perçant, utilisée autrefois dans les fanfares militaires » – selon Larousse.