Séjour de Bao Nhung – Chapitre 7
SÉJOUR EN FRANCE DE BAO NHUNG
À Vichy
Après un mois rempli d’aventures et de sentiments mémorables, j’ai quitté Grenoble le 30 dimanche juillet après-midi. Je me suis rendu compte à ce moment-là que ça faisait deux mois que ma grosse valise était restée chez Régine et Jean-Claude et que j’ai voyagé justement avec les « petits » sacs. Ils ont récupéré la grosse valise à Nancy et l’ont emportée à Grenoble. Cela visait à adoucir mes longs trajets en évitant de monter et descendre la valise du train. Mais finalement, avec les deux petits sacs dont un prêté par Jean Cerva, les trajets semblaient plus durs. Profitant de cette occasion, je tiens à vous remercier sincèrement, Jean pour m’avoir prêté le sac, puis chị Hà et Simon, chị Hoài, Christian, bác Mai et Gérard, Sophie et Joël pour m’avoir aidée à tenir mes sacs trop lourds sans roulettes et pour m’avoir proposé de me prêter vos valises. Sans vous, j’aurais été, autre que bronzée, si musclée que peut-être mon mari n’aurait pas pu me reconnaitre à mon retour. Quant à ma grosse valise rouge, elle avait l’air triste en quittant Grenoble, même si elle ne m’a rien dit.
Je tiens à remercier aussi Michèle, qui m’a donné un rendez-vous de dernière minute à la gare malgré son emploi de temps chargé pour me souhaiter directement une bonne fin de séjour et un bon retour.
Après environ trois heures à bord, j’ai rencontré chị Hà et Gilles à la gare de Vichy. Nous sommes rentrés, avons cuisiné et dîné en bavardant, puis vu le film « Meurs un autre jour » – le 20e opus de la série des films de l’agent 007 James Bond – avant que je ne l’abandonne à mi-chemin pour aller me coucher.
– Lundi 31 juillet – Les sites incontournables du centre-ville de Vichy
Nous avons commencé ce premier jour de visite là en traversant le pont Jacques Chirac, autrefois appelé le pont Bellerive, passant par le parc Kennedy pour aller à la Source des Célestins dont l’eau thermale est la plus connue de Vichy. En libre-service dans le hall des Sources et au pavillon des Célestins, elle est aussi embouteillée et commercialisée dans le monde entier sous forme d’eau buvable ou de produits de beauté. Cette eau est considérée comme pour avoir des vertus contre la migraine, l’insomnie, la fatigue et agir comme l’aspirine.
Ensuite, nous avons visité l’église Saint-Blaise située dans le quartier du Vieux Vichy. L’église a été construite à partir du XVIIe siècle. Puis, on lui a adossé, dans les années vingt, une beaucoup plus grande église de style Art déco intitulée l’église Notre-Dame des Malades, la plus ancienne devenant alors une chapelle de la nouvelle. La sobriété de l’édifice à l’extérieur s’oppose à la somptuosité à l’intérieur présentée par les peintures, vitraux, mosaïques, marbre, etc. C’était vraiment impressionnant !
Puis, le voyage autour de la ville de Vichy s’est poursuivi par le Palais des Congrès – Opéra de Vichy. La façade du Palais m’a fait penser au Palais du Tonkin, ou à la maison des hôtes d’État situé dans le district de Hoan Kiem, à Hanoï, au Vietnam, notamment avec la véranda prenant la forme d’une fleur en verre et en métal. En entrant dans l’Opéra, j’ai été tout de suite fascinée par l’architecture de la salle de théâtre à la française qui est conçue comme une coque sans aucun pilier, grâce à une ossature métallique qui supporte la couverture et les parois. Son décor est remarquable de par ses motifs et ses teintes ivoire et or. La coupole monumentale est équipée des d’ampoules et d’un système d’aération caché dans la série de lyres. Cet Opéra de Vichy m’a fait penser beaucoup à l’Opéra de Hanoï ou l’Opéra de Haiphong avec le même style architectural, mais les décorations sont différentes. Après, nous nous avant traversé le parc Napoléon III pour contempler les chalets Napoléon III. Même si ceux-ci ce furent construits pour le roi, ces six chalets ont un caractère champêtre adapté au terrain en bordure de parc. Ils sont plutôt jolis que splendides ou immenses, comme ce qu’on pense souvent en entendant parler des habitations royales. Chị Hà m’a révélé que l’un de ces chalets est la propriété privée du chef (ou de la cheffe ?) du groupe industriel français de produits cosmétiques L’Oréal.
Le soir, avec les parents et la sœur de Gilles, nous nous sommes retrouvés autour d’un barbecue au charbon. En rentrant, nous avons fait de petites courses, car chị Hà et Gilles avaient oublié de sortir de la viande du congélateur avant de sortir le matin. La famille de Gilles est très sympa, nous avons discuté jusqu’à très tard dans la soirée et ils ont apporté un très bon gâteau duquel j’ai oublié le nom. C’était vraiment une jolie rencontre !
– Mardi 1er août – Comme si j’habitais à Vichy
De peur de l’orage, nous n’avions pas planifié une journée remplie d’activités. Au début, chị Hà m’a proposé d’aller à la piscine couverte avec les enfants, mais comme je n’avais pas de maillot de bain et que le fait de me laver mes longs cheveux après m’ennuierait vraiment, alors j’ai refusé cette idée intéressante. Par contre, chị Hà et moi sommes allées à la librairie À la Page, un espace assez vaste contenant plusieurs rayons généralistes avec tous types et genres de romans et livres. L’essentiel était que c’est une librairie très bien construite et décorée qui est non seulement un endroit où l’on trouve des livres, mais aussi de la tranquillité et de la liberté pour l’âme.
Après le déjeuner, nous sommes allées voir le film Oppenheimer dont j’avais entendu parler quand j’étais à Grenoble : mes camarades du CUEF avaient raconté ce qu’ils avaient fait le week-end précédent, certains étaient allés voir Oppenheimer alors que d’autres préféraient Barbie. Personnellement, notre choix m’a satisfaite : c’est l’histoire du brillant physicien Oppenheimer, renommé dans le monde entier, qui, avec son équipe de scientifiques, passa des années à développer et à concevoir la bombe atomique pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui causa les catastrophes des bombardements à Hiroshima et Nagasaki au Japon. En fait, avant d’aller voir ce film, je ne connaissais pas Oppenheimer, mais après, j’avais envie de découvrir un peu plus de l’histoire guerrière du monde.
C’était le premier août, cela veut dire que ce serait bientôt mon retour au Vietnam.
– Mercredi 2 août – Au Puy-de-Dôme
Vue de loin, la chaîne des Puys est plutôt noire, car elle constitue l’ensemble volcanique le plus jeune de France métropolitaine. Ces volcans datent de l’ère quaternaire et proposent une grande variété de formes. Nous sommes arrivés tout d’abord à la Maison du site où nous avons découvert la nature régionale en minuscule à travers de petits exposés. D’ici, nous avons pris le train panoramique jusqu’au sommet du Puy-de-Dôme où le vent soufflait tellement fort que nous nous sommes presque envolés ! Le paysage s’est caché dans les nuages au fur et à mesure que le train avançait. Il était bizarre que dans une même ville, dans une matinée, nous ayons porté des vêtements d’été et aussi des vêtements chauds. Il y faisait frais et le ciel était couvert, nous avons pris des photos des vestiges de l’un des plus grands sanctuaires de montagne de l’Empire romain qui apparaissent mystérieusement derrière le brouillard : le Temple de Mercure. Ce temple a été construit il y a environ 2 000 ans à la période gallo-romaine. À l’époque, ce grand sanctuaire était un haut lieu de pèlerinage, mais aujourd’hui, les vestiges ne rendent que faiblement compte de la monumentalité du site. L’espace muséographique du Temple nous a offert un parcours interactif pour compléter notre découverte avec des objets, films, jeux, maquettes sur la construction et « l’Âge d’or » du monument.
– Jeudi 3 août – À Clermont-Ferrand
Pour aller à Clermont-Ferrand, il nous faut prendre le train. Ce matin-là, notre rythme lent a causé une précipitation rigolote, car nous avons presque raté ce train : nous avons couru du parking au guichet ; ici, j’ai oublié de télécharger en avance ma carte Jeune, donc cela nous a pris quelques minutes ; puis nous avons couru du guichet au quai, et finalement nous avons couru d’une voiture à l’autre ! Nous sommes arrivés enfin à Clermont-Ferrand où chị Hà et Gilles m’ont présenté leurs lieux de travail et où j’ai contemplé la beauté d’une ville en noir.
Ce qui saute aux yeux, c’est la couleur sombre des bâtiments. La pierre de Volvic est une roche volcanique qui fut très utilisée dans les constructions, notamment dans les environs de Clermont-Ferrand. Elle a une couleur allant du gris clair à des teintes noires qui devient la couleur de la ville, « la Ville Noire », comme Toulouse est la « Ville Rose ».
Nous avons tout d’abord marché jusqu’à la Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption. Elle se dresse sur la butte centrale de Clermont. C’est le premier et le plus vaste édifice entièrement construit en lave de Volvic. C’est intéressant que pendant mon séjour, j’ai visité à la fois la première et unique église qui fut creusée dans la roche, et puis la première cathédrale en pierre noire du volcan. Je ne veux plus répéter que c’est une cathédrale magnifique, parce que je l’ai déjà dit plusieurs fois dans mon journal, et que c’est vrai pour toutes les cathédrales ou églises ou basiliques que j’ai visitées. Peut-être, je vais faire une liste des monuments religieux que j’ai visités et aimés en France.
Ensuite, en quittant la cathédrale gothique, nous avons visité la basilique Notre-Dame du Port qui est de l’art roman. Situé au cœur du quartier du Port au centre-ville de Clermont, cet édifice a une couleur plus claire, blonde et est superbement décoré par les pierres de lave qui couronne l’abside. À l’intérieur, cette basilique n’est pas aussi splendide que la cathédrale ; par contre, son espace plus serré m’a donné une impression d’intimité, de convivialité. Il y avait même une salle de jeux traditionnels pour découvrir l’histoire de la basilique, mais malheureusement je n’avais pas fait attention à son existence. C’est chị Hà et Gilles qui m’ont raconté comment ils avaient joué après avoir quitté la basilique.
Nous avons ensuite fait un tour dans le centre-ville : la place de Jaude où se trouve la statue équestre de Vercingétorix – un héros d’origine auvergnate, le premier « résistant français » face à l’envahisseur romain et la statue du général Desaix – aussi natif de la région, un général français qui s’est illustré lors des guerres révolutionnaires et sous les ordres de Bonaparte, notamment en Égypte et en Italie. Au centre commercial Jaude, une exposition des œuvres abstraites du FRAC (Fonds régional d’art contemporain Auvergne), mais c’était tellement abstrait que je n’ai pas vraiment compris ce que les auteurs voulaient transmettre à travers leurs œuvres.
En rentrant, nous avons préparé la soupe de Pho au bœuf pour le dîner. Les mois de juin, juillet et août de cette année sont ceux où j’ai cuisiné le plus cette soupe. Heureusement, j’y ai reçu toujours des appréciations que peut-être je ne pourrais jamais avoir en faisant le Pho au Vietnam, parce que j’ai des « Master Chef » et des convives très exigeants chez moi.
– Vendredi 4 août – À la Boire des Carrés et aux Hurlevents
La Boire des Carrés se situe le long de la rivière Allier, c’est un espace naturel qui contient une faune et une flore riches. Le nom « boire des Carrés » est en référence au nom de l’ancien bras de rivière et aux extractions de gravier sur cette zone. L’espace est encadré pour protéger la biodiversité dans la nature. Deux parcours de découverte donnent accès au Tour de la Boire (1,6 km) et au circuit de la Héronnière (2,4 km). En suivant le système d’audioguidage par GPS, nous nous sommes intégrés entièrement dans la nature : de belles pelouses sèches naturelles, la forêt fluviale, des espèces nicheuses des oiseaux ou papillons, ou encore des tortues, etc. C’était pour moi un parcours totalement différent, plus calme et naturel.
L’après-midi, direction les Jardins des Hurlevents, une pépinière sur le site panoramique « Les Hurlevents ». C’est en fait un jardin qui offre aux visiteurs une diversité de choix de plantes pour leur jardin, et aussi une promenade végétale entre les vivaces ou encore un panorama excellent sur l’Auvergne. La pépiniériste était très accueillante, elle nous a présenté plusieurs types de plantes, leur emploi et leur entretien. Cette visite était comme la goutte d’eau qui faisait déborder le vase du désir de créer mon propre jardin en rentrant. Ce sera difficile et le jardinage prendra du temps, mais cela rendra notre cadre de vie plus agréable.
Le dernier soir à Vichy, je me suis déjà préparée au retour à Hanoï. J’ai rangé ma valise et j’ai dû faire le tri : mes bagages étaient même plus lourds qu’avant, ce qui a causé en moi un très grand souci, même si j’avais évité le plus possible l’achat de nouvelles choses. Finalement, j’ai mis tous mes livres dans mon sac à dos en pensant qu’on ne le pèserait jamais à l’aéroport. Mais non, je me suis satisfaite trop tôt de mon initiative, et la dernière aventure à l’aéroport avec les bagages serait plus tard citée dans ma liste des souvenirs inoubliables en France.
Chapitre 6
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