Mission 12 – chapitre 2
Octobre : activités pédagogiques et festives
● Echos des classes
Fin octobre – Réunion bilan en 1ère année
Après deux semaines d’observation, nous faisons le bilan avec les professeures. Un échange de points de vue intéressants avec les professeures « chevronnées » de l’équipe mais trop de réserve chez les plus jeunes.
La deuxième partie de la réunion est consacrée aux dossiers élaborés par les professeures puisque la direction a souhaité abandonner l’utilisation d’un manuel. Beaucoup de critiques de la part des jeunes professeures qui ont utilisé le dossier 1 et ont été confrontées à des anomalies. Décision est prise de continuer l’exercice les prochaines semaines en vue de corriger les dossiers déjà étudiés et de travailler les dossiers à venir, avec les deux formatrices, avant utilisation.
Marie-Luce et Régine rappellent que l’élaboration d’un manuel de FLE est une tâche complexe et qu’il serait préférable d’utiliser un manuel conçu par une équipe de spécialistes. Mais l’orientation prise n’est pas négociable nous est-il répondu.
A propos du dossier consacré aux arts et à la culture – Alter Ego3+ – en 2ème année
– Analyse de deux tableaux de Bonnard et Matisse, interview d’Omar Sy au lendemain du succès d’Intouchables, programme culturel de l’été à Montpellier, articles critiques… Les formations des années antérieures devraient faciliter le travail des professeures mais toutes ne sont pas encore à l’aise et toutes ne sont pas venues aux séminaires. C’est pourquoi je suis sollicitée pour donner des « cours particuliers » en accéléré aux professeures. Ce qu’il faudrait, c’est fréquenter davantage les arts et les artistes. Dans plusieurs classes, les professeures s’en sortent bien et les étudiant.e.s sont manifestement intéressé.e.s, étonné.e.s.
L’univers de Murakami est familier aux étudiant.e.s mais le buste en marbre ne leur évoque rien. C’est un président suggère une étudiante !
– Un matin, à la demande de Minh Phuong, ma « stagiaire », je me charge de la partie du cours qui nécessite des connaissances culturelles importantes : un Egoquiz présentant sept artistes français s’étant illustrés dans des arts différents : Serge Gainsbourg, Jean Nouvel, Georges Bizet, Jean-Luc Godard, Marguerite Duras, Claude Monet et César.
J’ai préparé des documents: vidéo de la Javanaise, de Carmen, photos d’artistes et de leurs œuvres. Alors que je pensais consacrer deux heures à cette activité…il en faudra quatre et beaucoup de transpiration. Les raisons : le manque de préparation des étudiant.e.s malgré les consignes données, la faiblesse du niveau de langue et les difficultés de communication, le manque cruel de connaissances sur la culture française.
En classe de Didactique en 4ème année
J’observe d’abord Viet Quang – le professeur de la classe – puis j’interviens sur un exercice que les étudiantes – futures professeures – auront à pratiquer. J’ai choisi le texte de Grand corps malade (GCM). Le niveau de compréhension orale des étudiantes est assez bon mais la contextualisation du texte, sa lecture et sa compréhension prennent du temps.
Il me faudra revenir, tous les jeudis matins pendant deux heures, si possible. D’accord ! Je donne du travail pour le jeudi suivant : un exposé sur GCM, les indices du langage familier dans le texte Education nationale….
● Echos des séminaires de l’après-midi
Séances de travail avec deux doctorantes le lundi et le mardi
Le lundi avec Ngoc Lan, le mardi avec Bich, sur la correction linguistique de leur thèse.
Le sujet de la première porte sur l’approche comparative (en français et en vietnamien) des expressions imagées de la colère, la joie et la tristesse. Celui de la seconde sur l’évaluation de la CE.
Séminaires généralistes du jeudi
L’effectif varie entre 14 et 18 selon les contraintes des unes et des autres.
Excellent exposé sur le Sommet de la Francophonie à Erevan et la désignation par consensus de la future secrétaire générale, le Rwandaise Louise Mushikiwabo. J’avais donné quelques pistes de recherche à Minh Phuong sur les génocides arménien et rwandais, les difficiles relations France-Rwanda, la récente rencontre entre Paul Kagamé et Emmanuel Macron, les enjeux de la Francophonie… En une semaine, elle a réussi à maîtriser les faits et les enjeux, de façon étonnante. Félicitations !
Le Quartier libre de Thuy Aquableu portait sur Confucius et la conférence d’Anne Cheng.
Jean-Pierre Tailleur, un ami français, était ravi et a classé ce séminaire parmi les meilleurs auxquels il a assisté depuis trois ans.
Anh Tu nous a parlé de Charles Aznavour et nous a livré un souvenir personnel émouvant : lorsqu’elle était étudiante, elle écoutait une émission de VOV dont l’indicatif était Et moi dans mon coin… elle se projetait des images sur les paroles, et jamais Aznavour ne l’a quittée depuis.
Thuy-Lise a parlé de son goût pour la lecture de romans qui parlent des femmes : femmes aux pieds bandés en Chine, La Servante écarlate de Margaret Atwood, Chanson douce de Leïla Slimani, prix Goncourt 2016.
Après les discussions sur les exposés, le travail porte sur les registres : comment identifier le ton d’un texte ? Une compétence utile pour tout type de texte, argumentatif ou non, littéraire ou non.
O rage, ô désespoir (Le Cid), Demain dès l’aube (Hugo) nous permettent de distinguer les registres tragique et pathétique. La lecture de textes figurant dans le manuel de 2ème année permet de percevoir les registres oratoire et polémique chez Olympe de Gouges, le tragique qui succède au lyrisme heureux dans un poème de David Diop. Nous passons aux exercices du Guide sur le discours argumentatif que j’ai rédigé l’an passé.
Elaboration des sujets de CE le vendredi
Le travail continue. Il implique une certaine discipline : m’envoyer le travail personnel dès le mercredi pour que je puisse faire une première correction et préparer le travail collectif. C’est mieux que l’an passé.
● 20 octobre, c’est la Fête des femmes vietnamiennes
Cette année, le 20 tombait un samedi et la Fête avait lieu pour la première fois hors des locaux de l’Université. Marie-Luce et Régine étaient invitées à se joindre au groupe de professeur.e.s.
Rendez-vous sur le parking proche de nos chambres à 7h30… pour un départ à 8h10. C’est plus que le quart d’heure grenoblois !
En route pour Ba Vi, sous la pluie. L’humidité est maximale. Mais nous sommes contentes de partir ensemble, de prendre le temps de bavarder.
Vers 9h30, nous atteignons la montagne où est installé le « resort ». Un village de vacances, assez récent mais de construction traditionnelle, au bord d’un lac.
Deux réunions retiennent une partie des collègues. Comme il pleut toujours, nous restons à l’abri, à bavarder. Vers 11h, nous rejoignons les autres à l’étage pour saluer le départ en retraite de deux collègues. Les jeunes profs ont préparé un montage-photos : images de fleurs, cœurs petits et grands, sylphides…images idéales !
Thanh Thuy et Thang font les discours. Mais l’essentiel est dit en vietnamien. Il nous faut des traductrices. Thuong rit. Plusieurs participantes témoignent, soit comme collègue, soit comme ancienne étudiante. Thuong est au bord des larmes lors de ses remerciements.
Arrive le moment du déjeuner. J’apprécie particulièrement la salade de jeune troncs de bananier, le bœuf sauté, la carpe et quelques autres spécialités. Autour de la table, la conversation est animée. Le repas n’est jamais très long au Vietnam. C’est l’heure d’aller faire la sieste. La sieste ? Oui, il y a un dortoir au rez-de-chaussée. Surprise, l’endroit est joli et insolite ! Exotique.
Nous sommes quelques-unes à préférer prendre un café. Comme la pluie a cessé, nous nous dirigeons vers le lac où les bancs sont presque secs. Progressivement les dormeuses réapparaissent. Et si on allait se promener ? Ce n’est pas une activité coutumière des Vietnamien.ne.s qui sont attaché.e.s à leur moto. Mais c’est bon pour la santé. Alors allons-y !
La brume enserre les collines. L’air est bleu, comme l’eau du lac. Un ruban d’arbres en dessine les contours. La luxuriance tropicale évoque la forêt primaire du lac Ba Be. Quelques cris d’oiseau.
Le calme. Quel contraste avec la fourmilière hanoïenne ! Profitons de l’instant.
Ba Vi est réputé pour son relief accidenté, ses prairies où paissent des vaches hollandaises à la robe noire et blanche comme celles de mon village lorrain natal. Le retour de Ba Vi vers la capitale ne saurait se faire sans un arrêt dans une laiterie où chacun.e achète yaourts, crèmes caramel et gaufrettes pour la famille. Puis les embouteillages. Retour à la civilisation !
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