L’année 2020, l’année du Covid, Lettre de Préfasse de janvier, février et mars

● Entrée dans l’année du Rat à Hanoï sous la pluie mais avant le Covid !
L'année du rat

Cette année, la nouvelle année lunaire commençait le vendredi 24 janvier. Il pleuvait violemment lors de cette soirée de réveillon. « Chaque année, avec mes cousins, cousines, nous allions au parc pas loin de chez moi pour voir le feu d’artifice. Mais je pense que cette année, les rues seront moins peuplées car il pleut très fort depuis ce midi en raison de la mousson d’hiver. Je n’ai jamais vu ce temps bizarre pendant la fête du Têt, » nous écrit une amie.
Comme la pluie a cessé, les jeunes de la famille se sont décidés à sortir. « On rentrera après minuit et on présentera nos meilleurs voeux de nouvel an à nos parents. »
L’heure était à la fête et à la détente pour ces deux semaines de vacances du 18 janvier au 2 février.

Marché aux fleurs typique de la période du Têt,  sous un ciel bien gris, comme souvent en janvier à Hanoï
Marché aux fleurs typique de la période du Têt, sous un ciel bien gris, comme souvent en janvier à Hanoï
Dans chaque maison, on célèbre, en famille, le retour du printemps avec des arbustes en fleurs
Dans chaque maison, on célèbre, en famille, le retour du printemps avec des arbustes en fleurs
Anh-Tu-son-fils-et-son-mari-le-soir-du-reveillon
Anh Tu son fils et son mari le soir du reveillon
Ngoc-Lan-son-mari-et-ses-fils
Ngoc Lan, son mari et ses fils

● En France aussi on fête le Têt, à Grenoble et à Lyon

A Saint-Egrève, le 25 janvier – Déjeuner festif pour des ami.e.s de Préfasse habitant la région grenobloise. Mais d’abord il faut préparer les plats. Heureusement, Phuong est là pour nous aider à confectionner les nems et la salade de papaye. Pour le fromage et les desserts, ce sera à la française !

Préparations culinaires
Préparations culinaires
Décoration
Décoration
Dégustation des plats vietnamiens
Dégustation des plats vietnamiens

A Villeurbanne, le dimanche 2 février – Succès de la fête organisée par l’UGVR

 Environ deux cents personnes ont répondu à l’invitation de l’UGVR (Union Générale des Vietnamiens du Rhône) le dimanche 2 février, au Centre culturel et de la vie associative de Villeurbanne. De nombreux bénévoles avaient préparé les plats à déguster : pho bo, nems, rouleaux de printemps, salade aux crevettes, gâteaux de coco… Félicitations pour la qualité des plats. Le pho était délicieux et les nems chauds et croquants !
Lan, adhérente de Préfasse et vice-présidente de l’UGVR, a participé activement aux préparatifs : son équipe a roulé 800 nems ! De nombreux jeunes hommes vietnamiens s’activaient avant l’arrivée des premiers convives. Comme je les prenais en photo, l’un me lance : « Ne le dites pas à ma femme ! »

Jeunes filles en fleurs
Jeunes filles en fleurs

Hung Anh le nouveau président de l’UGVR a présenté les Grenoblois de Préfasse à plusieurs de ses connaissances notamment l’ancien président de l’UGVR, le docteur Vu Van Huan, qui nous a raconté les circonstances de sa venue en France dans les années 60 pour y faire médecine sans avoir de bourse.

Estampes du Vietnam

Jean-Pierre Pascal, ancien directeur de recherche au CNRS, est un spécialiste des forêts tropicales et un grand connaisseur du Vietnam où il a été attaché scientifique près l’ambassade de France à Saïgon de 1972 à 1974. Il y est retourné régulièrement jusqu’en 2013 pour ses travaux de recherche et d’enseignement. Passionné par l’imagerie populaire du Vietnam, il vient de publier un livre – Estampes du Vietnam – sous-titré La culture vietnamienne à travers les estampes populaires, et particulièrement celles de Dong Ho, village proche de Hanoï. Dans la foulée de quelques précurseurs, il a contribué à la redécouverte d’estampes tombées dans l’oubli qui sont de nouveau réimprimées par les artisans de Dong Ho. Une approche originale de la culture vietnamienne.

Une douzaine de filles et de garçons

Après les plaisirs du palais, ceux des yeux et de l’oreille ! Les participant.e.s sont invité.e.s à monter vers la salle de spectacle pour y assister à des chants et des danses donnés par des amateurs locaux et des professionnel.le.s venu.e.s du Vietnam, à l’invitation du Centre culturel en France.14h15 – Salutations du président de l’UGVR, du maire de Villeurbanne et du conseiller culturel vietnamien.
Ce sont les petits qui commencent : une douzaine de filles et de garçons dont les deux enfants de Lan et Nicolas que nous avons amenés vers 11h pour la répétition. Applaudissements.
Suivent des chants traditionnels et sentimentaux, la danse des éventails, une splendide prestation avec une artiste du monocorde. Moment de nostalgie sans doute pour certains spectateurs. Une danse hip-hop dynamique et fort bien exécutée par un groupe de jeunes Lyonnais.
L’après-midi se termine par la tombola dont l’heureux gagnant se voit remettre un aller-retour Paris-Hanoï ou HCMV offert par Vietnam Airlines.

La danse des éventails

Puis l’épidémie de Covid-19 touche le Vietnam : la rentrée est reportée.

 Début février, l’Université nationale annonce le report de la rentrée pour une semaine.
Les deux formatrices et le formateur de Préfasse arrivés sur place pour la rentrée du deuxième semestre sont dans l’attente.

Gérard nous donne ses impressions : « Evidemment la nouvelle du report de la rentrée ne nous a pas réjouis, mais si celle-ci a bien lieu lundi prochain ça n’est pas bien grave. Ici le sujet revient de manière « virale » dans les conversations, mais ne semble pas susciter trop d’inquiétude. En tout cas, nous ne le sommes pas, inquiets. Dimanche nous sommes allés déjeuner chez Lan avec ses parents et nous avons passé un excellent moment avec toute la famille. Hier midi, repas au Thai Express avec Thu Ha, Thuy Lise, Huong et Mai Linh. Et ce matin nous sortons en centre-ville avec Thuy Lise pour que Mai puisse acheter de la laine pour occuper le temps libéré cette semaine. Le temps est humide mais pas très froid. L’université, vide de ses étudiants et tous commerces fermés n’est pas très gaie mais nous sortons et nous avons de toutes façons de quoi nous occuper, entre lecture, apprentissages, TV 5 Monde et tricot ! » Le 4 février

De gauche à droite, Mai Ly Préfassienne 2020, Gérard et Mai, Thu Ha boursière 2019 et Huong 2017
De gauche à droite, Mai Ly Préfassienne 2020, Gérard et Mai, Thu Ha boursière 2019 et Huong 2017

 Marie-Luce a eu quelques émotions à l’arrivée
« Oui tout va bien après quelques émotions, ma valise n’étant pas là à l’arrivée à Hanoï, quelqu’un l’avait pris par mégarde, elle m’a été livrée ce matin vers midi. La chambre du premier étage est plus claire et plus tranquille que celle du rez-de-chaussée et je ne souhaite pas en changer.
L’ambiance est un peu particulière ici avec l’alerte au corona virus. Tout est fermé dans la rue derrière la Fac, les conseils sont au confinement. J’en profite pour récupérer du voyage. »

Thu Ha – boursière 2019 – fait le point sur la situation
« Jusqu’à maintenant, le Vietnam a détecté neuf cas du nCoV (Coronavirus) : deux père et fils chinois, cinq citoyens vietnamiens revenus de Wuhan, un réceptionniste vietnamien ayant des contacts étroits avec des Chinois infectés et un citoyen américain. Pour empêcher la propagation du virus, des mesures ministérielles sont mises en place comme : les agences de voyage doivent annuler les circuits dans les villes et provinces touchées par ce virus ; toute circulation (les entrées et les sorties) des voyageurs via les pistes frontières avec la Chine (à Quang Ninh, à Lao Cai) est également suspendue ; des compagnies aériennes ont choisi de suspendre leurs liaisons avec toute la Chine.
Et vendredi dernier, on a annoncé que toutes les écoles, les collèges, les lycées et les universités dans le pays sont fermés jusqu’au 9 février, mais aujourd’hui, une partie des universités a décidé de fermer jusqu’au 17 février. Les étudiants sont interdits de regagner leur campus en avance sans autorisation. J’espère que pour notre université, les étudiants retourneront en cours lundi prochain.
En plus, tous les événements publics, les fêtes régionales dans les temples, les pagodes sont annulés aussi pour éviter les rassemblements. C’est pourquoi, dimanche dernier, Mai et Gérard ont pris le bus pour aller au lac Hoan Kiem mais malgré le week-end, il n’y a pas eu la rue piétonne et peu de gens y se sont promenés.
Bien que le pays ait essayé d’assurer la transparence de l’information sur la l’épidémie de nCov, beaucoup de gens ont eu accès à des fausses informations. Ils se sont précipités pour acheter des masques, de la nourriture à réserver. Par conséquent, le prix des masques et des matériaux médicaux a été augmenté très rapidement (Le prix des masques a été multiplié par 10). Terrible !
Hier matin, Mai Ly est allée à l’aéroport pour chercher Marie-Luce mais puisque l’université est fermée, les restaurants et les boutiques ne sont pas ouverts. Aujourd’hui, je l’ai aidée à acheter des aliments, des fruits et des légumes ce dont elle a besoin pour quelques jours et je vais passer à sa chambre cet après-midi pour lui donner et la rencontrer. » Le 5 février

Au bord du lac Hoan Kiem, les premiers masques font leur apparition
Au bord du lac Hoan Kiem, les premiers masques font leur apparition

● Nouveau report : pas de cours avant la fin février

Gérard et Mai nous livrent leurs impressions : ambiance étrange, université déserte
« Ici, l’ambiance est étrange car non seulement l’université est déserte mais la ville entière de Hanoï semble vivre au ralenti : presque pas d’embouteillages, sauf aux heures de pointe, et encore. Même le quartier du lac est tranquille, la semaine comme le week-end. L’opération rues piétonnières a d’ailleurs été suspendue. Le temps est mitigé, les températures variant de 14 à 30 degrés selon les jours, idem pour la pluie. »

a20-lh1 - L’avenue Xuan Thuy qui passe devant l’Université, à gauche en octobre 2019, à droite en février 2020
L’avenue Xuan Thuy qui passe devant l’Université, à gauche en octobre 2019, à droite en février 2020

Projets d’actions pédagogiques à distance
« A ce jour, peu ou pas de contacts avec les étudiant(e)s, sauf deux avec lesquels nous avons pu échanger via Zalo, mais juste pour donner des nouvelles.Hier matin, lundi 17 février, nous nous sommes réunis avec les « chefs » afin d’envisager des actions via internet et les réseaux sociaux. Nous allons donc tenter de mettre en place quelques actions mais ça n’est pas gagné et de toutes façons cela restera sans doute assez marginal. Mais c’est bon pour le moral, et il en faut car la réouverture fin février est loin d’être une certitude. […] Nous avons trois rendez-vous cette semaine avec des enseignantes afin de faire des enregistrements ou des vidéos à destination des étudiant(e)s. A suivre, donc. »

Gérard s’entretient avec Dam Thuy, « cheffe » du groupe Littérature et civilisation,
Gérard s’entretient avec Dam Thuy, « cheffe » du groupe Littérature et civilisation, dans la salle de conférence réaménagée en novembre dernier

Le moral est bon : patience et sérénité
« A part ça, pour ce qui nous concerne plus directement, le moral est bon même si notre séjour à Vinh Phuc semble bien hypothétique, vu que c’est la région la plus touchée par le virus. Sans doute prolongerons-nous notre séjour à Hanoï et si l’université ouvre enfin ses portes nous pourrons ainsi compenser les premières semaines. Nous avons cru comprendre qu’ici la priorité est d’appliquer au maximum le « principe de précaution » car en cas d’aggravation de la crise les moyens de lutte ne sont pas aussi performants qu’en France ou aux Etats-Unis par exemple. Tout ça pour dire qu’il est bien difficile de faire des prévisions à court et moyen terme. Donc, patience et sérénité restent nos meilleures armes. A bientôt, pour la suite de nos aventures. Amicalement. Mai et Gérard. »

Mai échange avec Thu Ha, « cheffe » du groupe Economie-Secrétariat
Mai échange avec Thu Ha, « cheffe » du groupe Economie-Secrétariat sous l’œil amusé de Viet Quang

 Pour Marie-Luce, « la situation est supportable mais il n’y a pas de vie à la fac. »
« La première semaine a été difficile : arrivée dans un quartier désert où tout était fermé et grand froid et pluie, confinement strict. »
Mais elle a été bien accueillie par les jeunes profs avec qui elle se réunit régulièrement pédagogiquement, Mai Ly, Bao Nhung et Thu Ha. Corrections de travaux d’élèves pour Phuong Lan, dossier à relire pour Vân. Projets avec Ngoc Lan.

Dimanche, Marie Luce a déjeuné avec la famille de Thu Ha. Sa sœur et son petit ami, son beau-père, sa mère et Marie-Luce
Dimanche, Marie Luce a déjeuné avec la famille de Thu Ha. Sa sœur et son petit ami, son beau-père, sa mère et Marie-Luce

Marie-Luce a envoyé aux professeur.e.s son programme de formation pour les séminaires d’ouverture du jeudi. Elle me confirme (le 28 février) que les cours vont reprendre et que le deuxième semestre va démarrer lundi 2 mars.

● Période difficile pour les professeur.e.s et les étudiant.e.s

Sentiment de confinement
« Au début, on vivait des moments d’angoisse et d’inquiétude. Les cours sont annulés, les enfants restent à la maison, des projets sont retardés… bref, tout est bouleversé.
À partir de cette semaine, on commence des cours de soutien via Internet et on se sent plus occupés et moins inquiets du virus. De plus, il y a du soleil et le beau temps nous donne une meilleure vision. Les étudiants et les profs hâtent de reprendre des cours. 
Vu le nombre des morts en Chine et de nouveaux cas contaminés, je pense que les précautions sont nécessaires. De plus, on peut toujours allonger l’année scolaire au mois de juin et juillet.
Entre temps, j’aide les enfants pour leurs devoirs (les enseignants de l’école primaire et du collège donnent des exercices tous les jours via Internet) et je suis plus occupée quand ils sont à la maison.
Il faut aussi préparer les devoirs en ligne pour les étudiants. Ça me prend aussi du temps. Pourtant je me sens ennuyée car je ne sors de mon appartement que 2 ou 3 fois par semaine pour le nécessaire.
On commence à s’habituer au changement. »
Bich, le 19 février

Les étudiant.e.s trouvent le temps long« Tous les 2 jours, ils remettent un devoir écrit ou une vidéo de production orale. Comme les vacances sont devenues trop longues, ils en ont marre et pour la première fois j’entends les étudiants disent que les cours leur manquent. » Anh Tu, le 21 février

Il faut jongler entre la garde de ses enfants et le travail à distance
« Mon fils ne va pas à l’école maternelle depuis quelques semaines, alors, ça me gêne aussi lorsque je travaille et le garde en même temps, » nous dit Thu Ha le 25 février.
Mêmes échos chez les autres jeunes mamans dont les enfants ne vont plus en classe depuis un mois.

Un ami a posté cette photo
Un ami a posté cette photo sur Facebook , assortie du commentaire : ULIS của tôi đây / Voici mon Ulis. On y sent la nostalgie de l’animation habituelle.
A gauche, le Département de français, à droite, derrière le local des gardiens, le bâtiment où sont logé.e.s Marie-Luce, Mai et Gérard

 Difficultés du travail en ligne
« Aujourd’hui le maire de Hanoï a signé la décision de rouvrir les établissements à partir du 2 mars. Depuis 2 semaines je reprends le travail avec les étudiants en ligne. Grâce à des applications et des plates-formes, ils peuvent faire des exercices tous les jours, certains avec une notation automatique (pour des exercices à trous ou des QCM). […] L’ULIS nous soutient en proposant des supports en ligne, beaucoup de collègues ont filmé les cours ou organisé des vidéos conférence.
Pourtant, je suis plus fatiguée que d’habitude. Je m’occupe de mon fils la journée et travaille le soir. Deux fois par semaine les jeunes profs viennent au département pour l’atelier de traduction-interprétariat dont Vân est formateur. J’ai toujours envie de suivre une formation de traduction alors je suis contente. J’ai rencontré Marie-Luce, Gérard et Mai. D’autres professeurs sont aussi venus pour travailler avec eux sur la correction des devoirs et les documents pédagogiques. » 
Anh Tu, le 21 février

Et pendant ce temps-là, en France, on ne s’inquiète pas !

● Fin mars, nos ami.e.s ne peuvent dire quand les établissements pourront rouvrir leurs portes. Ils et elles témoignent.

« Chez nous les écoles et les facs sont fermées depuis deux mois après la fête du Têt en raison de cette pandémie. »
 « Les enfants ne vont pas à l’école. De l’école primaire au lycée, les cours sont assurés en ligne et diffusés sur une chaîne télévisée d’éducation. Mais il existe un grand décalage entre les écoles du pays en fonction de niveau de vie des régions et des provinces. Bref, on fait le mieux possible. »

Une plaisanterie qui circule en ce moment à Hanoï c’est le Têt qui n’en finit plus
Une plaisanterie qui circule en ce moment à Hanoï : c’est le Têt qui n’en finit plus

A l’université nationale de Hanoï (ULIS)« On est vraiment débordés car en plus des cours en ligne à préparer, ce qui nous prend déjà beaucoup de temps, il y a continuellement des réunions, parfois jusqu’à 22h. »
« Depuis un mois je donne des cours en ligne, à la même heure que les « vrais » cours. On s’habitue à de nouveaux moyens de travail mais on ne peut pas nier les défauts des cours à distance. Surtout lorsqu’on aura un test de grammaire la semaine prochaine, beaucoup de propositions sont présentées mais on sait bien qu’il est impossible d’éviter la tricherie. L’ULIS a prévu les épreuves de fin semestre en ligne, la rentrée est devenue de plus en plus utopique. »

Journée internationale de la Francophonie : festivités annulées
« Cette année, crise sanitaire oblige, les célébrations ont toutes été annulées, au Vietnam comme ailleurs. Notre pays est pourtant membre à part entière de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis 50 ans. […]
Au Vietnam, la langue de Molière a une place particulière liée à l’histoire coloniale. Aussi le gouvernement accorde-t-il une importance particulière à la promotion du français auprès des jeunes. 
Membre de l’OIF en 1970, le Vietnam a, depuis lors, pris de nombreuses initiatives pour dynamiser la coopération et renforcer le dialogue entre les pays membres de la Francophonie. Mais les avantages dont il bénéficie sont également importants tels qu’un bon niveau de coopération avec plusieurs pays francophones. » Le Courrier du Vietnam du 21 mars 2020

Report du concours « Aimer pour guider » organisé par le Département
Pour fêter la journée de la Francophonie et commémorer son Cinquantenaire, le Club de tourisme du Département de français organisait un Concours à l’intention des futur.e.s guides francophones.
Le club est animé par une professeure prénommée Thu Ha et connue comme Thu Ha 77 pour la distinguer d’autres Thu Ha, prénom fréquent.
Les trois volontaires de Préfasse ont été invité.e.s à faire partie du jury du concours et ont participé au tour préliminaire qui a sélectionné les cinq meilleures vidéos réalisées par des étudiants : un groupe de l’Université de Hanoï, un groupe de l’Ecole Supérieure de Commerce extérieur et trois groupes de l’ULIS.
« Cependant, le comité d’organisation a décidé de reporter la Finale du concours en raison de la propagation de l’épidémie du Covid 19. »
« J’espère que vous vous portez bien dans cette situation difficile et que l’association PRÉFASSE continue à renforcer sa visibilité et ses contributions au développement de la langue française. »
Thu Ha 77

Séance de travail des trois volontaires de Préfasse en compagnie de Thu Ha 77 et Canh Linh
Séance de travail des trois volontaires de Préfasse en compagnie de Thu Ha 77 et Canh Linh

● La situation de l’épidémie au Vietnam fin mars

Témoignages d’ami.e.s reçus par courriel
« On compte seulement 91 cas contractés et aucun décès heureusement grâce aux mesures drastiques radicales de notre gouvernement. » Le 21 mars
« Ici c’est sans doute un peu moins inquiétant qu’en France si on se base sur les chiffres. […] Ce virus est nouveau et ignoré même du monde scientifique et médical. […] Sans doute les autorités vietnamiennes ont senti quelque chose d’anormal dès le début de l’épidémie à Wuhan, elles ont ainsi appliqué des mesures dès la fin de décembre 2019 et pendant le Têt. Ce qui n’est pas le cas des pays européens et ailleurs. »
« Pour le Vietnam, la situation est « sous contrôle » selon le gouvernement et on espère fort que le Vietnam en sortira sain et sauf si toutes les mesures sont respectées rigoureusement par tous les citoyens. »

Contrôle de la température corporelle d’un patient le 19 mars à Binh Phuoc (Sud)
Contrôle de la température corporelle d’un patient le 19 mars à Binh Phuoc (Sud)

« Tous les matins, je commence ma journée par la lecture des nouvelles de la France. Je suis inquiète pour l’augmentation des malades et la panique de certains Vietnamiens qui cherchent à tout prix de se rapatrier malgré l’annulation des vols directs. »
« Chez nous, c’est le soir vers 22h que le ministère de la médecine annonce les nouveaux cas. Environ 5 cas par jour s’ajoute au total. Personne n’est mort jusqu’à maintenant. […] Les habitants apprécient les efforts de l’État. La circulation diminue, la pollution s’améliore, la vie est un peu triste mais la sécurité est mise en tête. Les murs sont couverts des affiches rappelant les étapes de se laver les mains, des symptômes du coronavirus, les hauts-parleurs les répètent également … Pour quelqu’un qui n’a connu aucune guerre, depuis ma naissance, c’est la première fois que je vois autant de propagande. »
« Je sors rarement de l’appartement sauf pour faire les courses dans des superettes à proximité. Je ne vois plus mes voisins même s’ils sont juste à côté, tout le monde s’enferme. Depuis deux jours mon mari travaille à la maison. Chacun devant son ordi, nous nous entraidons pour garder notre enfant en travaillant. Nous sommes contents de prendre plus de temps de lui parler, lui raconter des histoires car il apprend très vite à cet âge. De temps en temps il se présente devant le caméra quand je donne des cours et dire bonjour poliment aux étudiants. »

Le 10 mars, la Chine a offre à l’hôpital Cho Rây 600 masques et 100 millions de dôngs
Le 10 mars, la Chine a offert à l’hôpital Cho Rây 600 masques et 100 millions de dôngs

Echos du Courrier du Vietnam – fin mars 2020
Le Vietnam suspend l’entrée des étrangers sur son territoire.
« Le Vietnam a décidé de suspendre temporairement l’entrée des étrangers sur son territoire, à l’exception de ceux venant au pays à des fins diplomatiques, officielles et spéciales (invités étrangers participant, servant des activités extérieures importantes. »
Le Vietnam gère d’une main de maître la lutte contre la pandémie.
« Le directeur exécutif de la Chambre américaine de commerce (AmCham) au Vietnam considère que « le gouvernement vietnamien prend les mesures adéquates pour empêcher la propagation du COVID-19.»
« Le 10 mars, le consul général de Chine à Hô Chi Minh-Ville a rendu visite à l’hôpital Cho Rây pour remercier le personnel de leur dévouement dans la prise en charge des citoyens chinois. »
Le Vietnam se prépare au confinement de nombreuses personnes
« La situation épidémique se déroule rapidement et de manière compliquée dans des pays du monde, notamment en Europe et aux États-Unis où habitent de nombreux étudiants vietnamiens. »
Une amie confirme 
« La ville de Hanoï a décidé de faire partir les étudiants de l’Université nationale qui logent dans un internat proche de My Dinh pour le transformer en camp de quarantaine. Quelques-uns de nos étudiants doivent rentrer chez eux à la campagne. On y prépare 4800 places pour accueillir les malades et les Vietnamiens rapatriés dont la plupart sont étudiants en France et en Angleterre. »

Préparation de repas gratuits pour les personnes confinées
Préparation de repas gratuits pour les personnes confinées

Selon le Courrier du Vietnam, le bilan est le suivant pour une population de 95,5 millions d’habitants :
« Selon un bilan actualisé à 18h00 lundi 30 mars, le Vietnam a détecté neuf nouveaux cas de contamination au coronavirus SARS-CoV-2, portant le total à 203. »
On ne déplore aucun mort. Vu la situation en Europe, on se pose des questions !

● Nos trois volontaires rentrent en France après presque deux mois compliqués

Marie-Luce est rentrée in extremis, le 19 mars
« Je suis rentrée aujourd’hui, dans la précipitation, dans la mesure où toutes les liaisons aériennes Vietnam-France sont suspendues à partir de samedi et à durée illimitée. J’ai pris cette décision hier compte tenu du resserrement du confinement et sur conseil de l’ambassade.
J’ai eu la chance d’avoir un vol qui a duré 20h, Hanoï-Tokyo puis un vol Tokyo-Paris par Air France qui était assuré par des volontaires, une sorte de convoi humanitaire en quelque sorte.
Voilà pour aujourd’hui, je vais dormir pour récupérer un peu. »

Mai et Gérard sont également rentrés après quelques péripéties et sont heureux de se retrouver à la maison.

Les missions ont évidemment été amputées et la période difficile à gérer. « Nous espérons que les prochaines missions seront différentes et plus positives. » Dang Thuy, vice-doyenne
« C’est dommage que le séjour des trois membres de Préfasse ne soit pas remarquable mais ils ont fait de leur mieux et je les remercie de tout mon cœur pour leur patience devant tous ces inconvénients. » Anh Tu 

Des  ami.e.s s’inquiètent de la situation en France
« Je sais que la France est en confinement total. Protégez-vous bien de cette crise sanitaire. Bien à vous. »
« Je vous embrasse et vous souhaite une bonne santé pour surmonter cette période difficile. Je pense souvent à vous et à la France »

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