Laos

Novembre 2006

Douze jours au Pays du million d’éléphants

Déjà six semaines de travail intense au Département de Français de l’’Université nationale de Hanoi. La fatigue se fait sentir. Germe alors le projet de greffer des jours de détente sur le séminaire de Vientiane. Il paraît que le trajet de Hanoi à Vientiane par le bus de nuit est pittoresque. Suite du voyage par la route jusqu’à Luang Prabang via Vang Vieng et retour à Hanoï en avion. Dépaysement assuré !

● De Hanoï à Vientiane, un voyage aux petits oignons !

Jeudi 9 novembre, 20h – Le bus quitte la gare routière de Nuoc Mgam (Les Eaux souterraines). Peu de monde dans le bus : quelques Asiatiques, un Suédois et moi. Mais une forte odeur m’irrite le nez. Une odeur d’oignon ? Je me retourne. Personne ne mange d’oignons ! Je me lève et découvre, au fond du bus de gros sacs d’oignons dont l’odeur va nous accompagner. Jusqu’où ?
Le bus se remplit à Ninh Binh mais surtout à Vinh avec des « tay ballots » venant de Hué. Les Vietnamiens surnomment ainsi les Occidentaux qui voyagent sac au dos, des mots « tay » = ouest et « ballot » emprunté au français. Le bus progresse sur des routes quelquefois en travaux. Des secousses par moments. L’odeur d’oignon, toujours. Mais j’arrive à dormir assez confortablement car personne n’est venu s’installer à côté de moi.
Le bus s’arrête de temps à autre. Le chauffeur et ses deux assistants nous sourient. La route monte vers Cau Treo que nous atteignons à 6h du matin. Il faut attendre que la frontière ouvre ! Nous descendons du bus et je suis ravie par la fraîcheur de l’air, qui me fait oublier les oignons mais me rappelle les petits matins français. Il est possible de boire un café dans une échoppe déjà ouverte. Un peu avant 7h, émergent de la brume des silhouettes au torse nu, dégourdissant leurs membres sur les balcons d’un petit immeuble. Les douaniers ?

Laos - Frontière laossienne
Frontière laossienne

7h – C’est l’heure de l’ouverture du poste frontière. Petite affluence car d’autres bus sont arrivés.
Nos passeports sont inspectés à la douane vietnamienne. On peut y aller. A la douane laotienne, on se presse pour acheter les visas. Les passeports sont tamponnés. Il est 9h1/4 quand le bus redémarre. Un peu long mais il fait toujours frais.
La route qui descend du col dans un paysage karstique longe un torrent limpide. Pause pour le petit déjeuner. La chaleur est revenue. Nous avalons nos pho bo et on repart.

Maison sur pilotis aux parois de paille tressée

Quelques paysans sur la route et près des maisons sur pilotis. Quel calme ! Nouvel arrêt un peu plus loin, pour le débarquement des sacs d’oignons : ceux qui occupaient tout l’arrière du bus plus ceux qui remplissaient les soutes. A croire que les oignons ne poussent pas au Laos ?
Le bus descend très lentement. Extrême prudence, problème de frein ou de refroidissement ? Réponse vers 14h30. Le bus s’arrête, une fumée noire sort du pot d’échappement. Le chauffeur se glisse sous le bus. On attend. Pas d’info. C’est la panne. Un bus s’arrête. Discussion avec notre chauffeur qui fait comprendre aux Occidentaux de monter dans le bus local, presque plein. Je suis assise sur un tabouret dans l’allée centrale. Attention aux coups de frein intempestifs ! Un jeune Etatsunien, qui avait été content d’apprendre que Bush avait perdu les élections, me cède son fauteuil. La route n°8, bordée de montagnes au nord, continue à descendre jusqu’à Vientiane où le bus finit par arriver à 19h.
Vingt-trois heures de voyage, beaucoup d’arrêts, une panne mais dans une ambiance très joyeuse et pour une somme très modique. On peut tenter !

Tuc-tuc

Un tuc-tuc collectif nous emmène vers le quartier des hôtels. Je tente ma chance à l’hôtel Lane Xang où je serai logée avec les congressistes, à partir de mardi. C’est bon. Après les conditions rudimentaires du voyage, j’apprécie le confort de la chambre à 30 $ la nuit.
Pendant trois jours, je pars à la découverte de la ville avec le guide Lonely Planet.

● 11 novembre aux Champs Elysées de Vientiane

laos - L’arc de triomphe du Patuxai – Bas relief
L’arc de triomphe du Patuxai – Bas relief

De loin, le Patuxai a des airs de l’Arc de triomphe parisien. D’ailleurs son signifie, Porte de la Victoire. Quand on s’en approche en tuc-tuc, sur la très large avenue Lan Xang – les Champs Elysées de Vientiane – il présente une corniche typiquement laotienne. Du haut du monument, le Mékong qui sert de frontière avec la Thaïlande. Je descends à pied la large avenue presque vide. J’entre à l’Office de tourisme, je flâne au Talat Sao, le grand marché de la soie, tentée par les jupes lao si brillantes. Plus loin, le Talat Khua Din, où j’achète des jaquiers et des gâteaux.

Laos - Commerces

Les orfèvres travaillent en plein air. J’ai chaud, j’ai faim. Je me décide pour un resto aux tables couvertes de nappes vertes. Les nouilles wai wai au bœuf sont excellentes. En buvant le café, je fais la connaissance d’un couple franco-vietnamien. Lui, originaire de Dijon, elle, ancienne étudiante de la fac de Hanoi avec qui j’évoque les professeurs dont elle a suivi les cours. Ici, ils travaillent pour l’agence de tourisme Exotissimo.

Orfèvres au travail
Laos - Vins de France et bananes du Laos
Laos – Vins de France et bananes du Laos

Il fait un peu moins chaud, je traverse la gare routière, longe les murs repeints à neuf de l’ambassade des E.U. et m’arrête pour boire un jus de mangue rue Samsenthai. La nuit tombe lorsque j’arrive au Vat Si Saket. L’endroit est paisible, sombre. De jeunes bonzes souriants se dirigent vers la prière du soir. L’un s’adresse à moi en anglais. Il a envie de parler et tant pis pour la prière : il a droit à dix absences par mois.

Laos - Jeunes bonzes
Jeunes bonzes

Xin Kham a vingt ans. Comme sa famille est pauvre, il a dû interrompre ses études mais il a réussi l’examen d’entrée au collège bouddhiste de Vientiane, ce qui lui donne l’espoir de devenir guide touristique. Etonnement ! Je comprends qu’on peut devenir moine bouddhiste pour une période limitée. S’il ne réussit pas à travailler dans le tourisme, il deviendra professeur dans une école primaire pour apprendre aux enfants la bonne éducation et la discipline. Son désir de communiquer est énorme, son esprit est vif. Assis en tailleur sous un arbre, il respire un grand calme et une grande détermination. Ses camarades sont à la prière qui dure une heure. Une prière plus courte, de trente minutes, a lieu à 4h30 du matin. Je lui promets de revenir le lendemain pour visiter le temple car il fait maintenant nuit noire.
Le Palais présidentiel est illuminé. Un policier m’indique le chemin de l’hôtel, tout proche en fait. Une belle journée, riche en contacts et en dépaysement.

Palais présidentiel et tuc tuc

● Journée des Vat et des moines

Au Vat Si Saket

Je demande Xin Kham. Il arrive et me conduit vers le temple construit en 1818. Une splendeur ! Des milliers de bouddhas en argent ou en céramique peuplent les niches creusées dans les parois du cloître. Dans le sim (salle d’ordination) surmonté d’un toit à cinq pans et entouré d’une galerie à colonnes, des milliers de bouddhas comme dans le cloître, des fresques évoquant les vies antérieures du bouddha, un immense luminaire. Le guide Lonely Planet chiffre la statuaire à 6840 pièces !

Laos - Le sim du Vat Si Saket
Le sim du Vat Si Saket
Laos - Le Cloitre
Le Cloître
Bouddhas de face

Xin Kham me conduit à l’arrière du sim où est suspendue une étrange construction en bois. C’est la rampe d’aspersion des bouddhas utilisée le jour du Nouvel An lao pour purifier les milliers de bouddhas du site. Plus loin la bibliothèque du Tripitaka au toit aérien, de style birman. Tout autour, les jardins du Vat, cocotiers, bananiers et manguiers. Depuis si l’on me parle de Vientiane, les premiers mots et les premières images qui surgissent désignent le Vat si Saket.

Laos - Gouttière de purification et bouddhas de profil
Gouttière de purification et bouddhas de profil

Au Vat Pra Kaew

Juste en face, l’ancien temple royal, construit au 16ème siècle, pour abriter le bouddha d’émeraude, rasé en 1828 durant une guerre lao-siamoise et reconstruit au 19ème s. Le sim est transformé en musée d’art religieux mais pas trace du bouddha d’émeraude volé par les Siamois en 1779 et installé dans un Vat de Bangkok.

Laos - Le Vat Pra Kaew
Le Vat Pra Kaew

Au Vat Mixay

Peint dans un bel ocre jaune, le temple est entouré d’arbres en fleurs. Deux jeunes hommes assis sous une bougainvillée m’invitent à parler avec eux. L’un parle bien anglais. Il a été moine pendant des années et voudrait devenir professeur d’anglais. D’où son désir de pratiquer la langue. Il m’explique en riant que sa mère l’a appelé Varasan (Magazine) parce qu’elle lisait des magazines lorsqu’elle était enceinte. « Funny name, conclut-il ! »
C’est la récré dans l’école voisine. Garçons et filles en uniformes jouent séparément.

Laos - Vat Mixai - Varasan et son copain
Vat Mixai – Varasan et son copain
Laos - Cour de récré
Cour de récré

Au Vat Ong Teu Mahawihan

Des moines, jeunes et vieux, très nombreux. Certains fument, beaucoup rient. Le Temple du bouddha lourd est le siège du vice-patriarche et abrite des logements pour les novices et les moines venus de tout le pays. C’est ce que m’explique Lun, un moine de 21 ans, originaire de la frontière chinoise, qui vient à ma rencontre pour parler anglais. Une vraie fringale ! Très plaisante pour une touriste isolée et curieuse. La façade en bois est superbe.

Le sim du Vat Ong Teu Mahawihan
Laos - Animation dans la cour du Vat
Animation dans la cour du Vat

Laos - Fenêtre

Au Vat Hai Sok

Juste en face, le toit à cinq pans, surmonté de flèches, accroche l’œil. Au tour de Yin de me proposer la visite du sim et ses fresques de la vie de Bouddha. Yin vient du Champasak, au sud. Il pense rester moine toute sa vie et retourner dans sa région natale. Les moines jeûnent le soir et la prière est à 18h.

Laos - Toit à cinq pans
Toit à cinq pans
Laos - En levant la tête
En levant la tête
Laos - Petit coin de paradis
Petit coin de paradis

Au Vat In Peng

Admirable toit là encore. Bas-reliefs en stuc sur la vie du Bouddha. Deux jeunes novices viennent s’asseoir près de moi mais ne savent sans doute pas parler anglais. Nous nous sourions.
Ma journée à pied se termine au bord du Mékong, au coucher du soleil. Grande animation dans les restos populaires.

Laos - Vendeur ambulant
Vendeur ambulant

● Journée à moto avec Sonexay

Vers 9h, je me dirige vers les temples d’hier pour avoir un meilleur éclairage sur certaines façades, mal éclairées hier soir. Séance de photos. Au Vat in Peng, je suis abordée par Sonexay, un ex-moine de 23 ans qui parle assez bien anglais. Je lui raconte mes visites d’hier et mon but pour aujourd’hui, le Pha That Luang. Il propose de m’y emmener à moto, à 4 km. J’hésite. Il me dit qu’il n’a rien à faire et qu’il veut pratiquer l’anglais. C’est d’accord.

Le Pha That Luang

Le Pha That Luang est le monument le plus célèbre du Laos, représenté partout. Traduit en français, c’est « le stupa sacré et précieux », double symbole de la religion bouddhiste et de la souveraineté lao. Le haut stupa central en forme de bourgeon de lotus allongé repose sur une base en forme de boule, émergeant de trois carrés de pierre de 68 m, 48m et 30 m de côté.

Laos - Au Pha That Luang
Au Pha That Luang

Puisque le courant passe bien avec Sonexay, je lui demande s’il peut m’emmener au parc du Bouddha, à l’extérieur de la ville. Il est d’accord mais doit aller chercher son casque. Je l’invite à déjeuner. Il m’emmène dans un resto au bord du Mékong. L’endroit est beau, calme mais la nourriture pimentée !
Sur la route du parc du Bouddha, Sonexay me propose un arrêt au Vat Si Muang qui abrite le pilier/phallus marquant la fondation de la ville par Setthathirat en 1563. C’est un jour de fête et de nombreux couples apportent des présents ou prient devant un moine.

Laos - Au Vat Si Muang
Au Vat Si Muang

En route pour le parc Xien Khuan dont j’avais sous-estimé la distance, à 24 km. Entre travaux et nids de poule, le dos commence à me cuire. C’est loin ! Le lieu me fait penser au Palais du facteur Cheval par l’excentricité et la naïveté de certaines statues bouddhistes et hindoues. C’est un curieux endroit et je ne regrette pas l’épreuve à moto. Le retour me paraît plus court. Nous repassons sous le pont de l’Amitié entre le Laos et la Thaïlande. Les enfants sortent de l’école, les jeunes filles des usines. Des vaches traversent la route.

statues bouddhistes et hindoues

Je propose à Sonexay de prendre un verre au bord du Mékong devant l’hôtel. Le jus d’ananas est délicieux au coucher du soleil. Merci Sonexay pour cette journée insolite et inoubliable.

Laos - Coucher de soleil

● En tracteur à Vang Vieng

Laos - Gare routière du Talat Sao
Gare routière du Talat Sao

Samedi 18 novembre – Le séminaire est terminé, je pars en bus local pour Vang Vieng depuis la gare du Talat Sao. A 9h30, le bus est presque plein. Ma voisine m’offre des fruits. Un Belge – le seul Occidental avec moi – m’emprunte mon guide. Un étudiant qui rentre pour le week-end, se retourne souvent. Il finit par me dire que ses parents ont une guest house à Vang Vieng avec des chambres pas chères, 6 $ la nuit. La route s’élève et le paysage devient très beau. Le vent qui passe à travers les fenêtres ouvertes nous rafraîchit. De nombreux jeunes voyageurs, des étudiants sans doute, descendent. Le bus se vide.
13h – Nous sommes arrivés à Vang Vieng. Lei me propose d’aller voir les chambres de sa guest house et de porter mon bagage. Allons-y. Bonne surprise, la chambre est adorable et propre. Je reste !
Après le déjeuner, je visite deux vat que j’ai repérés sur la rue principale puis me dirige vers la rivière Nam Song. L’endroit est bucolique. Je marche dans l’eau sur les galets. Des enfants se baignent.

Laos - Des enfants se baignent

Un jeune homme en tracteur me propose une balade vers un village hmongs. J’hésite. Il me paraît sympa et me demande 30 000 kips (2,50 €). Trois ados grimpent dans la remorque où je suis installée. Je suis en joyeuse compagnie. La route poussiéreuse est défoncée. Je comprends l’utilité du tracteur. Le conducteur m’accompagne dans la visite du village : les gens sont pauvres, les enfants nus et sales.
On continue vers la grotte Phou Kham. Mon guide improvisé me montre qu’il faut grimper et qu’il m’attend. Le sentier est abrupt et glissant. La nuit tombe. Je suis à moitié rassurée. Je continue ? Je redescends ? Suis-je encore loin ? J’entends des voix féminines. Ouf ! Ce sont deux jeunes Allemandes qui s’apprêtent à quitter la grotte. Je leur demande de m’attendre. Un coup d’œil au bouddha dormant sur son lit et nous attaquons la descente.

Laos - Tracteur
Tracteur identique à celui de l’excursion
Laos - compagnons
Mes compagnons de route
Laos - Au village hmong
Au village hmong

Suzy et Stéphanie sont très sympas. Nous croisons des Israéliens. Le conducteur et les garçons jouent à Tarzan au-dessus de la rivière dans laquelle ils plongent. Retour à la nuit. Le tracteur s’arrête pour prendre un touriste qui pousse son vélo crevé. Moi aussi je suis crevée, sale et crevée mais, tout compte fait, heureuse de l’aventure.
Douchée et requinquée, je sors pour dîner. Beaucoup de jeunes Occidentaux, sortis de je ne sais où, sont affalés sur les coussins et les canapés des bars. Le site est vraiment splendide mais le village trop chargé de panneaux publicitaires et de jeunes « tay » en mal d’évasion.

● Arrivée à Luang Prabang

Dimanche 19 novembre, 9h30 – Départ du véhicule VIP qui m’emmène à Luang Prabang en compagnie de quatre Etatsuniens, deux Britanniques et un Néerlandais. De nombreux villages le long de la route. Des lantanas rouges énormes. Des fleurs jaunes en pleine montagne. Des gens se lavent à la source, en slip. Des enfants nus courent et rient. Un paysage de rêve. Pitons karstiques sur de vastes étendues. Arrivée à Luang Prabang vers 16h au terme de six heures de route avec des freins qui chauffent mais résistent. Curieusement les passagers n’ont rien mangé aux arrêts. J’ai été la seule à accompagner notre chauffeur.

Laos - Sur la route de Luang Prabang
Sur la route de Luang Prabang
Laos - Route 13, km 257
Route 13, km 257

Un tuc tuc me conduit vers la Senesouk house que j’ai repérée sur le guide, dans le quartier des temples. Coup de cœur pour une superbe chambre donnant sur le Vat Saen, à 35 $ la nuit. Depuis le balcon de ma chambre numéro 5, je prends des photos du temple. Balade en ville vers le Mékong. Le Vat Xieng Thong est superbe dans la nuit. Je m’assieds et …un jeune moine de 17 ans vient me parler. Dîner de nouilles au bœuf encore bien épicées.

Laos - Senesouk house
Senesouk house

Lundi matin, je suis réveillée par un bruit de tambour vers 6h puis me rendort. Petit-déjeuner sur le balcon. En face, des moines en robes safran dont je peux saisir l’image grâce au téléobjectif. Le temps est brumeux.
Luang Prabang est un des fleurons du tourisme laotien. Située à 700 m d’altitude, au confluent du Mékong et de la Nam Khan, la ville a conservé une quiétude étonnante et une beauté émouvante. Elle fut la première capitale du royaume laotien de 1353 jusqu’en 1545, date à laquelle elle céda son titre à Vientiane. Mais elle resta le siège du pouvoir monarchique jusqu’à la fin du dix-septième siècle avant d’être occupée successivement par les Siamois, les Birmans, les Vietnamiens, les Chinois et les Français en 1887. C’est ici que se trouve le Palais royal. C’est ici qu’ont été élevés avant la période coloniale 66 temples dont plus de la moitié sont occupés par les moines. C’est ici aussi qu’on tombe sur des demeures au style colonial, qu’on croise les minorités ethniques hmong, mien et thaï. Un festival de couleurs et de formes où que vous portiez les yeux.

Laos - Vat Saen
Vues sur le Vat Saen depuis « mon » balcon

● Luang Prabang, la belle aux multiples temples

Je pars pour un tour des Vat. Au Vat Sirimungktun, je discute avec des novices facétieux. A proximité du Vat Si Bun Heuang, je rencontre un Français à vélo, en admiration près d’une traction bordeaux.

Laos - Le Vat Sirimungktun
Le Vat Sirimungktun
Laos - Novices
Ses novices facétieux
Laos - Traction Citroën bordeaux
La traction Citroën bordeaux

Plus loin, le Vat Xieng Thong. Un bijou où le temps s’arrête dans la contemplation. C’est le roi Setthathirat, fondateur de Vientiane, qui fit construire le sim en 1560, légèrement au surplomb au-dessus du Mékong. Par chance, le chef des Pavillons noirs qui mirent la ville à sac en 1887, avait été moine ici. Il fit du lieu son quartier général, se contentant de la profaner sans le détruire. La toiture du sim descend presque jusqu’au sol, en vagues de tuiles brun-rouge.

Laos - Vat Xieng Thong

Sur la façade arrière s’élève l’arbre de vie dont les tesselles captent la lumière. L’intérieur est un coffret précieux : colonnes de bois couvertes de motifs géométriques ou symboliques, parois décorées de peintures dorées au pochoir, plafond couvert de roues du dharma. L’ensemble dans un camaïeu brun-doré. Sur le vaste terrain dévolu au temple, d’autres chapelles aussi gracieuses et attirantes. La chapelle rouge qui abrite le bouddha couché, statue rare par son pur style lao datant de la construction du monastère. L’abri du char funéraire royal. Des stupas.

Laos - Le sim
Le sim, dehors, dedans
Laos - La chapelle rouge et stupa
Laos – La chapelle rouge et stupa
Laos - Les mosaïques de la chapelle rouge
Laos – Les mosaïques de la chapelle rouge

Poussée par la faim, je me décide à quitter ce lieu magique. Je descends le grand escalier vers le Mékong et déjeune en terrasse d’un plat de poisson aromatisé, d’œufs et de riz gluant mauve, d’un shake à la noix de coco. Des pêcheurs lancent leurs filets depuis des bancs d’alluvions. Il fait chaud mais le vent rend la chaleur supportable.

Direction le musée du Palais royal, les distances ne sont pas très longues à Luang Prabang dont la visite peut se faire à pied en flânant. Des Laotiens jouent à la pétanque au bord du fleuve.
Construit en 1904 pour le roi Sisavang Vong, le palais est devenu un musée après l’exil forcé de la famille royale, lors de la prise du pouvoir par le Pathet Lao en 1975.

18h – Après une pause, spectacle de danses traditionnelles au Théâtre Royal : rythme lent, costumes colorés et jeux de mains. J’enchaîne avec le marché nocturne : une splendeur, les Mille et une nuits ! Des jupes, des sacs, des écharpes, des couvre-lits de toute beauté. La soie étincelle dans la pénombre. Une femme hmong allaite son enfant tout en proposant ses sacs bleus. Je craque évidemment. Le marché est très animé. J’y croise Suzy et Stéphanie avant de rentrer au bercail avec mes trésors.

Comédiens traditionnels – Marché nocturne

● Entre Mékong et Nam Khan

Hier, en me rendormant, j’ai raté la cérémonie quotidienne des aumônes. Ce matin, je guette. 4h30, premières clochettes. 6h, le tambour. 6h30, vue plongeante depuis « mon » balcon. Des touristes attendent sous mes fenêtres, face au Vat Saen. Des Laotiens pieds nus, à genou sur des nattes. Le brouillard s’allie au petit jour pour un réveil en grisaille. Les moines sortent des temples, sébille en bandoulière, et défilent devant les donateurs qui y déposent une pincée de riz gluant, une banane, des pommes… Un peu avant la cérémonie, une marchande arrivée avec sa palanche chargée de nourriture proposait aux touristes de lui acheter des offrandes. Les donateurs attendent car les moines vont repasser après avoir fait le tour du quartier.

Laos - Passage des moines

Vers 8h, le Vat Mai est encore dans la grisaille. J’écoute les commentaires érudits, d’un guide Indonésien parlant français. La lessive sèche autour du puits. Je passe près d’un lycée et d’une marchande de lames. La brume s’est évanouie. J’arrive au Vat Visoun, le plus ancien temple de la ville, construit en 1513, détruit par les pirates Ho des Pavillons noirs en 1887 et reconstruit en 1898. Très belle collection de bouddhas en bois. Au Vat Aham, deux énormes banians servent d’autels aux génies de la ville.

Laos - Vat mai
Vat mai – Vishnou trônant sur un serpent
Laos - La lessive sèche
La lessive sèche
Laos - La lessive sèche
Devant le lycée
Laos - Bouddhas en bois au Vat Visoun
Bouddhas en bois au Vat Visoun

Je descends vers la rivière Nam Khan, traverse une passerelle et m’installe dans un resto en plein air où je suis seule. Le jeune serveur de 18 ans me tient compagnie, silencieusement. Il parle mal anglais. Je me régale de poissons grillés parfumés, de riz gluant et d’un shake à la mangue, « sinh to » disent les Vietnamiens. Un homme, les pieds dans l’eau, ramasse du bois. De gros papillons jaunes et colorés volettent. Quelle quiétude !

Laos - Quelle quiétude

Je continue le long de la Nam Khan puis monte vers la colline Phu Si. Première volée d’escalier conduisant à l’empreinte du pied du Bouddha ! Un moine, assis devant un autel dans une anfractuosité de rocher, me fait sursauter. Simplement une statue au réalisme étrange ! Nouvelle volée d’escaliers. Il fait chaud. Bientôt vues admirables sur la ville et la forêt. Je redescends côté Mékong.

Laos - Le moine barbu
Le moine barbu
Laos - Paysage côté Nam Khan
Paysage côté Nam Khan

Le soir tombe lorsque j’arrive au Vat Pha Mahathat. De nombreux jeunes s’activent sur le terrain de foot. Des femmes montent et descendent des escaliers pour se tenir en forme. Le sim du Vat That Luang est éclairé. Des voix en sortent, psalmodiant des textes sacrés. Je renonce au Vat Manolom. Il fait nuit. Je hèle un tuc-tuc qui me ramène à la guest house. Je retourne au marché de nuit où je complète mes achats de Noël.

● Dernières rencontres

C’est le dernier matin. J’assiste une deuxième fois au rituel des aumônes. Moins de brume et moins de donateurs mais plus de fraîcheur. Certains moines portent un bonnet et une polaire !
Derniers temples. Le Vat Nong Sikhunmeuang. Difficile à mémoriser! Un jeune moine propose de m’accompagner pour la visite. Le Vat Pa Phai est plus animé. S’y déroule un culte de purification du doyen des moines. Les paroissiens versent de l’eau le long d’un grand appareil à ondoyer qui se déverse sur le moine dans une cabine en plein air. Ensuite le moine se dirige vers le temple, marchant sur les écharpes étendues sur le sol par les femmes, assises sous l’auvent. Quelle chance d’assister à cette cérémonie !

Laos - Cérémonie de purification
Cérémonie de purification
Laos - Au Vat Pa Phai
Au Vat Pa Phai
Laos - Cours en plein air, à l’école des Beaux-Arts
Cours en plein air, à l’école des Beaux-Arts
Laos - Couleur et sourire de Luang Prabang
Couleur et sourire de Luang Prabang

A l’école des Beaux-Arts, se déroule un cours en plein air. Je fais la connaissance d’un Allemand qui a longtemps habité l’Est de la France et réside aujourd’hui à Vientiane dont il aime le calme et la chaleur. De temps en temps, il vient ici pour donner des cours de dessin, bénévolement. Dernier coup d’œil au Mékong car il est l’heure d’aller prendre l’avion pour Hanoi. En une heure de vol, j’aurai fait le trajet qui m’a pris 23h à l’aller !

RH, Août 2017

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