Lettre de Préfasse – été 2024

Sommaire

Activités estivales du département de français

Le typhon Yagi s’abat sur Hanoï et le Nord-Est du Vietnam

Nouvelles de Préfassiennes et de leurs familles

« Mémoires d’Indochine »

Société – Politique

Le coin de la culture et des sports

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● Activités estivales du département de français

Anh Tu en formation pour doctorant·es

L’AUF[1] finançait une formation de trois jours, début août, sur l’aide à la rédaction pour le public des doctorant·es. Très appréciée !

Les formateurs ont donné aux 21 doctorant·es des conseils utiles pour la méthode de recherche. Les participant·es forment maintenant un groupe pluridisciplinaire : maths, droit, économie, FLE… Anh Tu a particulièrement apprécié les échanges avec des chercheurs et chercheuses d’autres universités et d’autres villes du pays : Hué, Nha Trang, Hô Chi Minh-Ville. Ce qui donne une ouverture sur les tendances actuelles de la recherche scientifique au Vietnam

« Le formateur français m’a demandé si j’avais vécu longtemps en France. Je lui ai parlé de mon dernier séjour et il a estimé que c’était génial d’être logé chez des Français pour travailler sur la documentation. » Anh Tu

4 garçons pour 18 filles en cours de doctorat. On distingue le visage d’Anh Tu entre une robe mauve et une robe blanche au 2ème plan. Formateur/trices et responsable à l’arrière-plan
4 garçons pour 18 filles en cours de doctorat. On distingue le visage d’Anh Tu entre une robe mauve et une robe blanche au 2ème plan. Formateur/trices et responsable à l’arrière-plan

Lundi 5 août – Giang du groupe de traduction a soutenu sa thèse. Félicitations !

Des collègues et amies sont venues assister à la soutenance. Giang en ao dai bleu, à côté d’elle la Vice-Doyenne Dang Thuy, de l’autre côté du somptueux bouquet, la Doyenne Dam Thuy. A droite l’ancien Doyen Vân. Et aussi Lan, Canh Linh, Bich Anh Tu et Thuy
Des collègues et amies sont venues assister à la soutenance. Giang en ao dai bleu, à côté d’elle la Vice-Doyenne Dang Thuy, de l’autre côté du somptueux bouquet, la Doyenne Dam Thuy. A droite l’ancien Doyen Vân. Et aussi Lan, Canh Linh, Bich Anh Tu et Thuy

Semaine du 15 août : remise des diplômes

C’est l’heure de la remise des diplômes pour les étudiantes de 4e année dont le cursus a été validé après la soutenance de leurs mémoires de fin d’études.

Des étudiantes entourent leurs professeures lestées d’un magnifique bouquet
 Quynh Huong, Bich et Mai Ly, Préfassienne 2022
Des étudiantes entourent leurs professeures lestées d’un magnifique bouquet – Quynh Huong, Bich et Mai Ly, Préfassienne 2022

23 au 25 août 2024 – 2e édition du prix Goncourt, le choix du Vietnam

Hoai Anh – animatrice du groupe de Hanoï et Préfassienne 2013 – raconte !

Week-end littéraire sous le soleil de Da Nang

Un air d’excitation et de concentration règne dans la salle de conférence du Golden Lotus Hotel. Les étudiant·es, venu·es des quatre coins du Vietnam, échangent leurs dernières impressions sur les œuvres en lice. Depuis vendredi, ils sont plongés dans l’univers littéraire des finalistes du Prix Goncourt, un voyage intense rythmé par les débats, les lectures et les découvertes culturelles. Ce séminaire, initié par l’Académie Goncourt et relayé par l’Ambassade de France au Vietnam, est bien plus qu’un simple vote. C’est une véritable immersion dans la littérature française contemporaine, une occasion unique pour ces jeunes passionné·es de partager leur amour des mots et d’affûter leur esprit critique.

Hoai Anh entre ses quatre étudiant·es, membres du jury
Hoai Anh entre ses quatre étudiant·es, membres du jury

Un travail préparatoire intense

En amont du séminaire, chez nous, au Département de français – ULEI – Université Nationale du Vietnam à Hanoï, les étudiants (3 étudiants en 3e année et une autre en 2e année qui a reçu l’aide précieuse de Mai lors de sa lecture de « Humus ») ont été répartis en quatre groupes, chacun chargé d’étudier en profondeur l’un des quatre romans en lice : « Veiller sur elle » (Prix Goncourt français 2024), »Humus », « Triste Tigre » et « Sarah, Suzanne et l’écrivain » selon la fiche de lecture que j’avais rédigée. La mise en commun a été effectuée à maintes reprises pour que les quatre membres saisissent le contenu principal des quatre œuvres.

Délibérations du jury

Dès vendredi soir, l’ambiance était à la fois studieuse et conviviale. Après le dîner, un « brise-glace » original a permis aux participants de mieux se connaître et d’établir collectivement les critères d’évaluation qui guideraient leurs débats.

Le lendemain matin, les discussions étaient animées et vivantes entre « Veiller sur elle » et « Humus », « Sarah, Suzanne et l’écrivain » et « Triste Tigre ». Les étudiant·es ont défendu avec passion leurs ouvrages de prédilection, décortiquant le style, les personnages, les thèmes et l’impact émotionnel de chaque livre. À l’issue du premier tour de vote, samedi matin, deux romans se détachaient nettement : « Humus » et « Triste Tigre ».

Le suspense était à son comble, aucun professeur n’intervenant pour influencer le choix final.

Moment de détente à Hoi An

L’après-midi, entre les séances de réflexion, les étudiant·es et leurs professeur·es ont eu le privilège de remonter le temps en visitant Hoi An, l’ancienne Faifo. Guidés par un expert passionné, ils ont arpenté les ruelles de cette cité portuaire classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le guide leur a conté l’histoire fascinante de ce carrefour commercial florissant entre le 15e et le 19e siècle, où se mêlaient les influences vietnamiennes, chinoises, japonaises et européennes.
Moment de détente à Hoi An
Sélection du lauréat – Humus de Gaspard Kœnig

Dimanche matin, les discussions littéraires ont repris de plus belle. Les étudiant·es ont encore défendu leurs ouvrages favoris. À l’issue de cette ultime séance de débat, le verdict est tombé : « Humus » a remporté la victoire avec un score serré de 10 voix contre 9 pour « Triste Tigre ». L’émotion était palpable, les applaudissements nourris saluant cette victoire méritée. Une nouvelle d’autant plus réjouissante que l’auteur de « Humus » effectuera prochainement une tournée au Vietnam pour recevoir ce prestigieux prix et son roman sera traduit en vietnamien.

Un seul garçon parmi les étudiant·es, un seul garçon parmi les professeur·es. 
De quoi justifier l’écriture inclusive !
Un seul garçon parmi les étudiant·es, un seul garçon parmi les professeur·es. De quoi justifier l’écriture inclusive !

► Début septembre – Une bonne rentrée malgré le typhon Yagi

Une semaine de cours en ligne à cause du typhon

« Nous avons eu une bonne rentrée : le nombre d’étudiants de la 1re année a augmenté de près de 50, soit 144 étudiants. Nous avons organisé différentes activités d’accueil et de découverte pour eux et on est tous enthousiastes pour la nouvelle année. » Dam Thuy, Doyenne

Au premier rang, 7 professeures dont 5 Préfassiennes : May Ly 2022, Dang Thuy vice-doyenne, Dam Thuy doyenne, Phuong Lan 2005, Yen 2016, Thu Ha 2019, Thuy Lise 2018.
En robe jaune au 2e rang, Hai 2007
Au premier rang, 7 professeures dont 5 Préfassiennes : May Ly 2022, Dang Thuy vice-doyenne, Dam Thuy doyenne, Phuong Lan 2005, Yen 2016, Thu Ha 2019, Thuy Lise 2018.
En robe jaune au 2e rang, Hai 2007

 ► Intervention d’une étudiante de Sciences Po Paris dans une classe de Giang

« Un jour pluvieux et venteux après le super typhon Yagi mais comme tout était déjà prévu pour le cours de Civilisation française, les étudiants de la promotion K62 du programme d’excellence de Français commercial étaient toujours prêts à assister au cours en présentiel pour écouter Manel AMRI, étudiante en 3e année à Sciences Po Paris, partager sur l’actualité de la vie politique française ! Manel est en échange à notre université, ESCE et elle est également très enthousiaste à l’idée de découvrir la culture vietnamienne ! Merci à Manel, aux étudiants de K62 CLC et aux invités pour leur participation active à cette session d’échange aujourd’hui ! »

Intervention d’une étudiante de Sciences Po Paris dans une classe de Giang

► 27 septembre – Colloque de rentrée 

27 septembre - Colloque de rentrée

 Philippe Blanchet est professeur de sociolinguistique et didactique des langues à l’Université Rennes 2 Haute-Bretagne et Directeur des Cahiers Internationaux de Sociolinguistique. Spécialiste du provençal, des variétés du français et du plurilinguisme dans les espaces francophones, Philippe Blanchet est le concepteur du terme « glottophobie », néologisme rendu public en 1998, pour désigner une discrimination linguistique (le mot a fait son entrée dans Le Petit Robert en 2023). Dans le cadre du colloque international organisé par l’ULIS, il clarifiera des concepts théoriques et des principes de méthode importants de l’approche ethnosociolinguistique de la complexité.

Dang Thi Thanh Thuy, la vice-doyenne, a travaillé dans son équipe lors de ses études doctorales à Rennes

● Le typhon Yagi s’abat sur Hanoï et le Nord-Est du Vietnam

Dès le 6 septembre, Anh Tu m’envoie les nouvelles sur Whatsapp. La situation est très inquiétante à Hanoï.

« C’est le chaos, les gens vident les supermarchés et roulent n’importe comment dans la rue. Cela nous rappelle de la pandémie. J’ai été bloquée 40 min dans un bouchon. Les habitants de Haiphong et de Halong vont devoir faire attention. Heureusement demain, c’est samedi, on n’a pas de cours à Khoa Phap (au Département de français). Tandis que les gens achètent les légumes et de la viande pour deux semaines, j’ai pris trois cannettes de bière pour une bonne journée devant la télé. Mais j’ai peur de la coupure d’électricité alors que les Viets ont peur d’avoir faim ! On a aussi les jeux de société. On craint les chutes d’arbre et les inondations. »

Une maison ancienne du vieux quartier 
s’est effondrée pendant l’orage
Une maison ancienne du vieux quartier s’est effondrée pendant l’orage

Samedi matin 7 septembre – « C’est un peu calmé ! »

« Je n’ai jamais vu un typhon si violent. Plusieurs arbres sont abattus à ULIS. Quang Ninh et Haiphong connaissent des dégâts importants. Après la nuit, la tempête sera affaiblie et il continue à pleuvoir pendant deux jours. Nous avons la chance d’habiter en ville dans des maisons solides mais on devrait subir la pénurie et le prix élevé des légumes pendant quelques jours. »

Dévalisé, le supermarché, a baissé le rideau
Dévalisé, le supermarché, a baissé le rideau
Devant la cathédrale Saint-Joseph de Hanoï
Devant la cathédrale Saint-Joseph de Hanoï

Le Vietnam se mobilise après le passage du typhon

Selon Le Courrier du Vietnam, le bilan au lundi 15 septembre est de « 348 morts et disparus et 1 921 blessés. Les inondations et glissements de terrain ont endommagé plus de 232 000 maisons, plus de 190 000 ha de rizières, près de 48 000 ha d’autres cultures, 32 000 ha d’arbres fruitiers, ainsi que 3 269 cages aquatiques. Le ministère du Plan et de l’Investissement a estimé les pertes matérielles à environ 40 000 milliards de dôngs (plus de 1,6 milliard d’USD). 

Plus de 50 millions de dollars ont été collectés. Les fonds ont été répartis en fonction de l’importance des dommages : aux provinces de Lào Cai, Yên Bai, Cao Bang et Lang Son notamment.

Le ministère des Transports estime qu’environ 2,9 billions de dôngs (118,3 millions d’USD) sont nécessaires pour réparer les routes. La quasi-totalité des ports situés sur le bassin du Fleuve Rouge sont inutilisables. »

L’heure est au nettoyage et aux réparations. L’activité reprend rapidement dans les zones touristiques comme la baie d’Ha Long.

Nettoyage dans la baie d'Ha Long
Nettoyage dans la baie d’Ha Long

● Nouvelles de Préfassiennes et de leurs familles

► Anh Tu revient sur son séjour en mots et en images
« Le plus beau printemps de ma vie »  

« Depuis toute petite, l’été était ma saison préférée. Premièrement, parce que c’est les vacances et que je n’aimais pas aller à l’école, deuxièmement, pour quelqu’un qui a souvent une sinusite, c’est la saison la plus favorable. L’hiver froid fait geler mon cerveau, le corps réduit le maximum d’exercice pour économiser toute l’énergie et la bouche mange à l’infini pour accumuler plus. En général, la productivité baisse, le poids augmente. […]

Ce printemps, après avoir fêté le Tet, j’ai migré vers l’Ouest… et je suis encore époustouflée par la beauté de la nature et de l’herbe.

Cela fait un mois que je suis rentrée dans ma famille et Hanoï adoré mais le ciel est clair sur les prairies vertes à 10 000 km, un lieu qui me manque chaque jour. Souvenirs de ces journées paisibles et ciblées à vivre pour des objectifs personnels qui font durer les jours plus longtemps. Il y a 10 ans, quand je suis arrivée en France pour la première fois, dans ma playlist, il y avait tout l’album de la bande-son d’Amélie Poulain de Yann T. C’est toujours la musique qui me rappelle la France. »

Peut-on imaginer une herbe plus verte qu’en Bretagne ?
Peut-on imaginer une herbe plus verte qu’en Bretagne ?

 ► Préparation d’un gâteau français

Mon, le fils d’Anh Tu, prépare un gâteau français avec sa cousine
Mon, le fils d’Anh Tu, prépare un gâteau français avec sa cousine

► Elise, fille de Hoai 2006, trouve qu’il fait chaud au Vietnam !

Plus chaud qu’à Arras ! Alors elle lit des BD
Plus chaud qu’à Arras ! Alors elle lit des BD

► Phuong et la double journée de travail

Après son accouchement en janvier, Phuong a repris le travail en mars. Elle a découvert le stress de la double journée de travail : elle doit tirer son lait pour le donner au bébé, s’occuper des tâches domestiques, opération « facilitée » par le télétravail. Moralité, elle travaille très tard le soir et le week-end. Depuis le Têt, elle est installée avec mari et bébé chez ses beaux-parents.

Après avoir mis en ligne des cours de toutes disciplines pour l’entreprise qui l’emploie, elle crée des vidéos de divertissement, ce qui lui plaît beaucoup.
Phuong et la double journée de travail

► Ngoc, Préfassien 2002, au Tréport en famille, le 28 juillet

Ngoc installé à Amiens avec son épouse Giang (lunettes de soleil) et leurs deux fils (à droite), en compagnie des parents de Giang et de Ngoc Lan (en rouge) – sœur de Ngoc –, son mari et ses deux fils. Il faisait frais ce dimanche de juillet en Normandie !
Ngoc, Préfassien 2002, au Tréport en famille, le 28 juillet

► Décès de Tinh, la mère de Hai, Préfassienne 2007

Tinh est une collègue du Département dont j’ai fait la connaissance en 2006 lors de ma 1re mission et que j’ai beaucoup fréquentée : lors de séminaires francophones au Laos, au Sud-Vietnam ; lors du travail commun au Département ; et depuis sa retraite, chez elle. À chaque mission, elle m’invitait à partager un moment d’échange et me régalait de mes plats préférés.

Depuis douze ans, elle vivait avec un pacemaker. Elle allait à la salle de sport tous les jours. C’est là qu’elle a été victime d’une attaque cérébrale, à 73 ans. J’ai écrit à Hai et à la famille pour lui faire part de ma tristesse.

Au Laos en 2007 – Tinh est la 2ème à droite. Ngoc et Giang sont les premiers à gauche. Dang Thuy vice-doyenne actuelle est au centre en blanc, à côté de Thai, le  Doyen de l’époque.
Au Laos en 2007 – Tinh est la 2e à droite. Ngoc et Giang sont les premiers à gauche. Dang Thuy vice-doyenne actuelle est au centre en blanc, à côté de Thai, le Doyen de l’époque.

► Hoai Anh à Grenoble pour quelques jours

En juillet, Hoai Anh a accompagné 8 jeunes Vietnamien·nes en France. En août, elle est de retour, sur le chemin de Bucarest, où elle participera à un congrès de professeures de français. Elle est accompagnée de son mari Hieu et de son amie Thanh, également professeure de français, à l’Université Polytechnique de Hanoï. Après une visite de Paris et avant le départ pour la Roumanie, elle voulait que Hieu connaisse Grenoble où elle a séjourné comme Préfassienne en 2013. Elle a souhaité réunir les ami·es de Préfasse disponibles pour un repas aux saveurs vietnamiennes.

Moment de la dégustation, samedi soir 31 août
Moment de la dégustation, samedi soir 31 août

Dimanche à Vizille, berceau de la Révolution française

Hoai Anh souhaitait retourner à Vizille, berceau de la Révolution française, dont le château est devenu le musée de la Révolution française, et faire découvrir à son mari et son amie, ce lieu patrimonial très apprécié.
Hoai Anh souhaitait retourner à Vizille

 Un peu d’histoire – Le 7 Juin 1788, le peuple de Grenoble s’insurge contre l’armée royale qui voulait arrêter les juges du Parlement, en jetant des tuiles sur la troupe. C’est la Journée des tuiles qui donne le coup d’envoi de la Révolution française. En effet, le 21 juillet, les représentants des trois ordres du Dauphiné (Tiers-Etat, Noblesse, Clergé) se réunissent en États généraux dans la salle du Jeu de Paume de Vizille et appellent leurs collègues des autres régions à se réunir à Paris.

Un an plus tard, le 5 mai 1789 s’ouvrent à Versailles les États Généraux du Royaume. Suivent le serment du Jeu de Paume le 20 juin, la prise de la Bastille le 14 juillet…

C’est bien de Grenoble et Vizille que la Révolution française est partie !

● « Mémoires d’Indochine »

Le 21 juillet 1954, les accords de Genève promulguaient la dissolution de la colonie française d’Extrême-Orient, dont une partie est aujourd’hui devenue le Vietnam.

À travers le pays, Le Monde s’est mis en quête des dernières traces de ce passé, de plus en plus évanescentes. Éditions des 17,18 et 19 juillet 2024. Un reportage intéressant.

1. Rencontres avec ses derniers témoins : le temps des illusions
2. Comment l’Indochine bascula de la carte postale coloniale à un huis clos explosif : le temps des colères
3. Retour sur le bourbier sanglant de l’Indochine, soixante-dix ans après : le temps de la guerre

Partition de l’Indochine française en 1954
Partition de l’Indochine française en 1954

Société – Politique

►  La pénurie d’enseignants persiste dans le Sud-Est du Vietnam

Le secteur de l’éducation dans les provinces du Sud-Est fait face à un défi majeur : une pénurie chronique d’enseignants. Malgré les incitations financières et les mesures mises en place pour attirer les candidats, le nombre de postes vacants continue d’augmenter, mettant en péril la qualité de l’enseignement et l’avenir des élèves. Le Courrier du Vietnam 20/08/2024

Hô Chi Minh-Ville a besoin de 5000 nouveaux enseignants chaque année – de l’école maternelle au lycée – mais ne réussit à en recruter que la moitié. En cause, l’insuffisance du nombre de candidatures, les démissions, les départs à la retraite et l’augmentation annuelle du nombre d’élèves.

Mêmes problèmes dans les régions de Binh Duong, Dông Nai, Tân Phu. Les matières les plus touchées sont l’éducation civique, la musique et les arts plastiques. Difficultés à recruter également dans l’administration (comptabilité, secrétariat) et la médecine scolaires.

Les autorités envisagent des incitations financières.

► Mise en service de la ligne de métro qui passe devant l’Université nationale

Quinze ans de travaux, de chantier interrompu puis repris… Mais il faudra encore attendre 2027 pour aller jusqu’à la gare de Hanoï.

Le 8 août 2024, la section surélevée de 8,5 km de Nhôn à Câu Giây, qui fait partie de la ligne de métro urbain N° 3, tronçon Nhôn – gare de Hanoï, a été officiellement mise en service. Pour l’instant, huit stations sont ouvertes : Nhôn (S1), Minh Khai (S2), Phu Diên (S3), Câu Diên (S4), Lê Duc Tho (S5), Université nationale (S6), Chua Hà (S7), Câu Giây (S8).
Mise en service de la ligne de métro qui passe devant l’Université nationale

Décès du secrétaire général du parti communiste vietnamien

Nguyen Phu Trong est mort à Hanoï le 17 juillet à l’âge de 80 ans. Le Monde du 22 juillet y consacre un long article de Bruno Philip. Extrait – « Nguyen Phu Trong est né le 14 avril, dans la banlieue de la capitale et a dévolu toute sa vie au parti communiste. Après avoir obtenu un doctorat d’histoire, à l’Académie des Sciences de Moscou en 1983, il est devenu, au tournant du siècle, l’un des spécialistes les plus en vue de la théorie politique du parti. »
Décès du secrétaire général du parti communiste vietnamien

► Le leader du PCV trace la voie pour un Parti fort et un Vietnam prospère

Le Courrier du Vietnam 19.08.2024

Après le décès de l’ancien secrétaire général du PCV Nguyên Phu Trong, c’est le président Tô Lam qui lui succède et assume les deux fonctions. Il fait actuellement une tournée en Asie.

« Au Grand Palais du Peuple à Pékin, le secrétaire général du Parti communiste du Vietnam (PCV) et président Tô Lâm et le secrétaire général du Parti communiste de Chine (PCC) et président Xi Jinping ont assisté à la cérémonie de signature des documents de coopération entre les deux pays. » Le Courrier du Vietnam
►Le leader du PCV trace la voie pour un Parti fort et un Vietnam prospère

► Révolution d’août 1945 – Épopée éternelle

Le Courrier du Vietnam 19.08.2024

Août 1945, depuis la zone libérée de Tân Trào, commune de la province de Tuyên Quang (Nord), l’ordre de soulèvement général était diffusé dans l’ensemble du pays. Plus de 20 millions de Vietnamiens y ont répondu. La Révolution d’août s’est soldée par une victoire retentissante et le peuple s’est emparé du pouvoir. Ce succès a ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire du Vietnam, celui de « l’indépendance nationale associée au socialisme ».

« Le 19 août 1945, après un rassemblement sur la place au Grand théâtre (actuel Opéra de Hanoï), des dizaines de milliers de personnes ont envahi le palais du Tonkin (actuellement la Maison des hôtes du gouvernement), siège du gouvernement fantoche français en Indochine. » CDV

La photo ci-dessous représente un immeuble dont j’adore l’architecture – notamment la marquise – et qui se situe juste en face de l’hôtel Métropole à Hanoï.
Marquise qui se situe juste en face de l’hôtel Métropole à Hanoï.

Le coin de la culture et des sports

Ainsi commence notre histoire – Un voyage onirique et accessible à tous

Ainsi commence notre histoire - Un voyage onirique et accessible à tous

L’Institut français du Vietnam et l’ATH présentent la pièce de théâtre « Ngày xưa » au Lycée français Alexandre Yersin. Le 21 septembre à 20 h, le 22 septembre à 17 h.
Imaginée par une équipe professionnelle d’artistes d’origine vietnamienne et française, cette création a pour but de croiser les deux cultures, leurs langues, leurs traditions musicales et leurs références esthétiques.

 « Au début, il n’y avait rien et le monde s’organisa. Le ciel et la terre se séparèrent, la lune et le soleil naquirent et l’homme apparut. Il a dû lutter pour ses terres, aidé par Bouddha. » Le spectacle s’appuie sur l’ouvrage de Minh Tran Huy, Le Lac né en une nuit et autres légendes du Vietnam.

Minh Tran Huy est une romancière française d’origine vietnamienne dont j’apprécie les œuvres. La Princesse et le pêcheur, son premier roman (2007) m’avait séduite : rencontre entre une jeune franco-vietnamienne bien installée en France et un adolescent « boat people ».

Voyageur malgré lui, son troisième roman (2014) met en scène le premier « touriste pathologique », fugueur maladif qui permet à la narratrice, Line, de dérouler une histoire familiale placée sous le signe de l’errance et de dévoiler, en particulier, le destin de son père. Émouvant.

Un enfant sans histoire (2022) – récit autobiographique – croise les parcours de son fils autiste sévère, Paul, et de Temple Grandin dont le destin est extraordinaire. Diagnostiquée avec des « dommages cérébraux » à l’âge de deux ans elle n’a pas parlé avant l’âge de trois ans et demi. Mais le combat de sa mère contre tous et la volonté de la jeune femme lui permettent de progresser et de suivre sa scolarité jusqu’en doctorat. Professeure de zootechnie et de sciences animales à l’université d’Etat du Colorado, elle est devenue une spécialiste de renommée internationale. Mais hélas ! Le combat des parents de Paul ne donne pas des résultats équivalents.

Nos corps empoisonnés par Marine Bachelot Nguyen 
► Nos corps empoisonnés par Marine Bachelot Nguyen

Nos corps empoisonnés conte l’histoire de Tran To Nga, engagée depuis toujours dans de multiples combats, anti-impérialistes, féministes, écologiques… Porté par une jeune actrice, ce récit théâtral entrelace texte, performance, vidéo, images d’archives qui se mêlent avec la vie de Tran To Nga. Il raconte la vitalité de corps blessés et contaminés par les tragédies de l’histoire, toujours en lutte et en résilience.

Le spectacle est donné à l’Hexagone de Meylan, en banlieue de Grenoble, le 15 octobre 2024.

Viet and Nam, un film de Truong Minh Quy

Le film est sorti en France le mercredi 25 septembre 2024. J’étais à la première projection au cinéma Le Méliès à Grenoble.

Plusieurs fils narratifs se croisent sans vraiment se rejoindre : une histoire d’amour entre deux jeunes mineurs de charbon, une histoire familiale entre l’un des deux jeunes hommes – Viet ou Nam ? – orphelin d’un père mort pendant la guerre du Vietnam, un désir de fuite de la part de l’autre jeune homme. Le film dure un peu plus de 2 heures. Son rythme est lent et son atmosphère sombre.

La critique du film est à lire sur le site de Préfasse

L’équipe du film au festival de Cannes 2024 – Catégorie Un certain regard
L’équipe du film au festival de Cannes 2024 – Catégorie Un certain regard

► Jeux paralympiques – Paris 2024 : les champion·nes vietnamien·nes

Sept athlètes vietnamien·nes ont participé aux Jeux paralympiques de Paris 2024, 2 femmes et 5 hommes, 4 en haltérophilie, 1 en course à pied, 2 en natation. Lê Van Công a remporté la médaille de bronze. Portraits de ces athlètes. (Source, Le Courrier du Vietnam)

Lê Van Công – haltérophile, moins de 49 kg – Né en 1984 dans une famille paysanne à Hà Tinh (Centre), il a vu ses jambes atrophiées dès la naissance en raison de la dengue contractée par sa mère pendant sa grossesse. En 2005, il fait une rencontre décisive avec l’entraîneur et haltérophile Nguyên Hông Phuc dans un club de formation pour personnes handicapées à Hô Chi Minh-Ville. Ses plus grands succès : la médaille d’or aux Jeux paralympiques de Rio en 2016, où il établit également un record du monde en soulevant 183 kg ; lors des Championnats du monde de 2017, il améliore son propre record en soulevant 183,5 kg, record qui demeure inégalé à ce jour ; médaille d’argent aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021.

Lê Van Công, médaille de bronze à Paris 2024
Lê Van Công, médaille de bronze à Paris 2024

 Nguyên Binh An – haltérophile, moins de 58 kg – Né en 1985 dans une région pauvre de la province de Trà Vinh (Sud), il connaît une enfance difficile : situation familiale tendue, atrophie progressive de ses jambes. En 1999, il est orienté vers un centre de soins pour enfants en situation spéciale dans sa province natale pour apprendre la couture. Pour survivre, il vend des tickets de loterie en fauteuil roulant. Mais son rêve est de participer à des compétitions d’haltérophilie comme les athlètes qu’il a vus à la télévision lors des Jeux paralympiques d’Asie du Sud-Est. Faute d’infrastructures d’entraînement à Trà Vinh, ce n’est qu’en 2010 que Binh An se fait connaître en remportant une médaille d’or lors des championnats nationaux. Suivent deux médailles d’or aux Jeux paralympiques d’Asie en 2014 et 2018, ainsi qu’un titre de champion du monde en 2016.

Dang Thi Linh Phuong – haltérophile, moins de 50 kg – Née en 1983 à Hô Chi Minh-Ville, souffrant d’un handicap aux jambes, elle est envoyée dès sa naissance dans un orphelinat en raison de conditions familiales très difficiles. Par la suite, sa grand-mère et son oncle l’accueillent pour s’occuper d’elle. Ce n’est qu’à 27 ans qu’elle se tourne vers le sport, pensant que cela l’aiderait à se distraire. Le même entraîneur que Lê Van Công découvre ses qualités exceptionnelles et la convainc de se consacrer à l’haltérophilie dont elle devient « la reine ». Première médaille d’or lors des ASEAN Para Games 2011, suivie de médailles aux championnats d’Asie et du monde. Médaille de bronze aux Jeux paralympiques de Rio 2016, elle devient la première femme à remporter une médaille pour le handisport vietnamien.

La délégation vietnamienne à Paris 2024
La délégation vietnamienne à Paris 2024

Châu Hoàng Tuyêt Loan – haltérophile – Née en 1975, elle est frappée par la poliomyélite à l’âge de 6 mois ce qui l’empêche de marcher. Elle perd son père très tôt et, à 15 ans, elle doit jongler avec divers petits boulots pour survivre. Le sort frappe encore, car depuis 2010, les médecins découvrent qu’elle souffre d’un cancer du nasopharynx. Depuis lors, elle continue à se battre entre traitements, travail, entraînement, médailles. Surnommée « Bà già gân » (littéralement : vieille femme énergique), elle est l’athlète la plus âgée de la délégation vietnamienne à Paris. Elle a été titrée à chaque édition des Jeux paralympiques d’Asie du Sud-Est auxquels elle a participé. À Paris 2024, Loan s’est classée 5e dans la catégorie des 55 kg, soulevant un total de 96 kg. La médaille d’or a été remportée par l’Égyptienne Rehab Ahmed avec 121 kg, suivie des athlètes turque et thaïlandaise.

Nguyên Khanh Minh – 400 m catégorie T12 sans guide – âgé de 28 ans, il est le plus jeune membre de la délégation vietnamienne à Paris et le seul à ne pas avoir une histoire aussi tragique que celle de ses coéquipier·es. L’athlète vit à Hô Chi Minh-Ville avec sa famille. À l’âge de 8 ans, sa vue commence à décliner malgré de nombreux traitements. À 18 ans, il perd presque complètement la vue. Passionné de sport, Khanh Minh décide de s’entraîner professionnellement en athlétisme, consacrant quatre à cinq heures par jour depuis sa rencontre avec l’entraîneur Dang Van Phuc. Il atteint le Top 6 mondial dans l’épreuve du 400 m et se distingue comme un nouvel espoir pour l’athlétisme handisport vietnamien.

Dô Thanh Hai et Lê Tiên Dat – nageurs du 100 m brasse, catégorie SB5 – lors des ASIAN Para Games 2023 à Guangzhou, en Chine, Tiên Dat et Thanh Hai étaient respectivement champion et vice-champion du 100 m brasse. Dans la piscine, ils sont adversaires ; en dehors, ils sont coéquipiers, s’entraidant et partageant les difficultés de la vie. La catégorie SB5 est celle des nageurs de brasse dont le mouvement du bas du tronc et des jambes est très limité, de petite taille, ou d’absence de membres. Tous deux ont participé à la finale de leur catégorie à Paris 2024.

Régine Hausermann, 10 janvier 2025

 [1] Agence Universitaire de la Francophonie

 

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