Lettre de Préfasse : hiver 2022
Sommaire
♦ Le Covid continue à perturber la vie des Hanoïen·nes
♦ 21 février, les cours reprennent enfin
♦ Mars – Le Département de français peine à reprendre une vie normale mais les embouteillages sont de retour
♦ Le Têt : entrée dans l’année du Tigre d’eau
♦ Bonne retraite Binh !
♦ Réception de la thèse de mon ami Huu Tho, à Saint-Egrève !
♦ 20 mars – Succès de la Fête de la Francophonie
♦ Reprise des activités culturelles à l’Espace, centre culturel français de Hanoï
♦ « Le meilleur riz du monde» est vietnamien !
♦ Vinfast à l’assaut des marchés américain et européen !
♦ Le Vietnam est préoccupé par le conflit armé en Ukraine
♦ Le coin des arts : Dinh Q Lê, Nguyễn Tuân, Nguyen Giang Huong
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• Le Covid continue à perturber la vie des Hanoïen·nes
►Janvier-Février – Témoignages de professeur·es de l’Université nationale
« Le Têt arrivera dans trois semaines. Il paraît que cette année avec la restriction de déplacement, la fermeture des magasins et surtout la crainte du virus, on n’aura pas toute liberté à se réjouir du Nouvel An. »
« La popularité du télétravail nous force à travailler davantage car les réunions peuvent avoir lieu n’importe quand, même jusqu’à minuit. À part cela, je n’ai rien à me plaindre. »
« C’est dommage de ne pouvoir retourner à la province natale de mon mari comme d’habitude. »
« Dans la maison de mes parents, il y a deux jardins (sur les terrasses en haut) : les fleurs de mon père et les légumes de ma mère. Ils nous consolent un peu pendant l’isolement. »
« Les établissements scolaires vont reprendre les cours immédiatement après le Têt, les universités vont retarder un peu une ou deux semaines. La nôtre va rouvrir le 21 février et je pourrai enfin revoir mes collègues et étudiants. »
► La famille d’un collègue dans l’inquiétude
« Toute la famille a été testée positive, sept personnes (nous quatre, mes parents et une fille de ma sœur). On s’est inquiété, car ma mère et ma femme avaient des maladies chroniques. »
Or les tests sont chers : 5 millions pour toute la famille (soit 170 €). La famille a commandé une bouteille d’oxygène pour prévenir le pire et s’est consignée à la maison.
« La situation a été un peu préoccupante pour les trois premiers jours. » Respiration difficile, fièvre. Prise de médicaments pendant une semaine notamment un nouveau médicament anti-Covid, le Molnupiravir. « Il semble que l’expérimentation a été bonne. » « Au bout de trois jours, on a commencé à voir la lumière au bout du tunnel. On a pu dormir mais pas très profondément et la fièvre a commencé à diminuer. Après deux semaines, on est sorti sains et saufs. On a obtenu les certificats médicaux du quartier et c’est aujourd’hui que finit la quarantaine. » Courriel du 29 janvier
• 21 février : les cours reprennent, enfin !
► Anh Tu témoigne des nouveautés dans l’organisation
Des classes à moitié remplies
« Oui, après quatre mois, on se revoit finalement en salle de classe. À l’entrée du bâtiment, on a installé deux appareils automatiques pour mesurer la température et fournir le gel hydroalcoolique. ULIS – l’Université de langues étrangères – a profité de l’absence des profs pour refaire la salle des professeurs, moins meublée donc plus de place. On ne prend plus les cassettes et les télécommandes dans cette salle car elles sont fournies sur place: une employée vient dans ma classe au début du cours pour demander si j’en ai besoin. Alors, plus la queue pour signer le matin. Les classes sont remplies à moitié, j’ai 10 étudiants sur 20. Les restes ont la Covid ou devraient attendre un test négatif et une quarantaine chez eux en 5 jours. »
Un tiers des cours continuent à se dérouler en ligne
« Ce n’est pas que tous les professeurs sont de retour. ULIS a créé un emploi du temps dans lequel un tiers des classes continuent à se dérouler en ligne. Pas évident de pouvoir s’habituer au nouveau mode de travail. Ce qui m’encourage, c’est la réaction des étudiants. On a rigolé les 5 premières minutes car je n’arrive pas à les reconnaître derrière les masques (déjà ils éteignent souvent leur caméra pendant le cours en ligne). »
Mais retrouver les camarades leur fait du bien
Ils participent plus au cours et ont même refusé de prendre distance l’un avec l’autre car « ça fait longtemps qu’on ne se voit pas en personne ». Toute une scène de retrouvailles! Cependant, parler avec un masque me fatigue plus vite que d’habitude car il faut parler plus fort et respirer moins facilement. À part cela, je suis bien contente de retrouver les collègues et les étudiants. »
► Viet Quang exprime sa satisfaction et les réserves de certain.e.s étudiant.e.s
« J’ai repris les cours à la fac depuis une semaine et le Covid commence à remonter. Il y a bien sûr des absents mais l’effectif des classes est plutôt satisfaisant. La directive de l’établissement est d’accorder une certaine souplesse aux étudiants en temps d’épidémie. Je suis content certainement de revoir mes collèges, mes étudiants et le décor rénové de la salle des profs.
Beaucoup de profs et d’étudiants regrettent les cours en ligne qui leur épargnent des efforts de déplacement et de travail mais à mon avis les cours en présentiel sont indispensables pour le rétablissement de la discipline chez les étudiants surtout dans les cours de pratique de langue, et ceux de méthodologie de recherche d’interprétation que j’assume. »
► Lien évoque des « retrouvailles »
« Je suis retournée au travail en présentiel hier matin, mercredi 23 février. Seuls 11/22 étaient présents. Les autres restaient à la maison à cause du Covid. C’était la première rencontre entre prof-étudiants.
Quelques moments de surprise, de refaire connaissance, d’échanges personnelles et après au travail!
Les étudiants étaient attentifs et motivés. Je leur ai parlé de toi, notre chère prof-amie car on a travaillé sur un exo concernant le niveau de satisfaction des Français.
Bientôt, le 20 mars, notre Département va célébrer la fête de la Francophonie, il y aura plusieurs activités culturelles et ludiques. »
► Canh Linh parle de sa motivation et de son impatience
Retour en classe de tourisme et de secrétariat
« Je suis retournée à ma classe de tourisme après le premier semestre et six semaines du second trimestre avec des cours en ligne. J’ai travaillé avec eux trois heures de cours, mercredi le 23, sur “les produits touristiques”. Je suis allée mais malheureusement, il n’y avait que 8 sur 20 présents. Les absents étaient la plupart des F0 ou F1 selon la règle vietnamienne (les patients du Covid ou les aides-soignants des victimes). Idem avec mes deux classes du vendredi le 25 pour le cours “le français du secrétariat” : la première (12/21) et la seconde (12/23). »
Le port du masque gêne la compréhension mutuelle
« Certainement, les cours directs ont donné plus de motivations aux étudiants, c’est ce que ressentent mes étudiants après les cours en présentiel. Cependant, le fait de porter le masque tout au long du cours empêchait également la compréhension multuelle entre le professeur et les étudiants de telle sorte que j’ai dû répéter plusieurs fois mes questions et que j’avais du mal à comprendre les interventions des étudiants. Comme c’est toujours difficile de travailler dans une telle condition de la crise sanitaire! »
Mais le travail en direct facilite l’interaction
« En revanche, pour ces cours qui accordent plus de pratique, travailler en direct avec les étudiants facilite vraiment l’interaction entre le professeur et les étudiants. »
• Mars – Le Département de français peine à reprendre une vie normale mais les embouteillages sont de retour
De nombreux cas de Covid à Hanoï
Bich, Mai Ly, Anh Tu et des membres de leur famille ont attrapé le Covid vers le début mars. Pour certain.es deux semaines de fièvre, de maux de tête et de toux. Pour d’autres une forme plus bénigne. Heureusement toutes et tous étaient vacciné.es. Rien de grave mais de la fatigue.
« Chaque jour, le nombre de cas augmente. On s’inquiète vraiment pour les petits qui ne sont pas encore vaccinés. »
Reprise des cours : ce n’est pas encore gagné !
De nombreux enfants du primaire continuent à suivre les cours en ligne.
A l’Université, « on alterne les cours en ligne et les cours en présentiel car le nombre des cas positifs au Covid ne cesse d’augmenter. Des classes travaillent toujours à distance. »
On commence à oublier la présence du Covid.
« Il faut bien reprendre le travail pour gagner la vie. »
« La plupart des habitants ont d’autres soucis plus permanents: les frais d’études des enfants, le logement, la nourriture … »
Le Vietnam a changé de stratégie contre le Covid
Au début de la pandémie, la stratégie « Tester, tracer, isoler » a permis au Vietnam de ralentir la propagation du virus. Mais l’apparition de nouveaux variants plus contagieux a conduit le pays à revoir sa stratégie et à s’adapter à la crise sanitaire avec plus de souplesse. Décision a été prise de cohabiter avec l’épidémie pour pouvoir relancer les activités socioéconomiques.
Le protocole sanitaire a été changé : tests de dépistage assouplis, patients présentant des formes légères du virus autorisés à se soigner à la maison, durée réduite de la quarantaine, médicaments antivirus autorisés dans les pharmacies… Une campagne vaccinale concernant les enfants âgés de 5 à 11 ans sera lancée début avril.
Les vols internationaux ont repris
Les personnes entrant au Vietnam par voie aérienne doivent être testées négatives au SARS-CoV-2 (sauf pour les enfants de moins de deux ans) dans les 72 heures avant l’embarquement si elles utilisent la méthode RT-PCR ou dans les 24 heures si elles utilisent la méthode de test rapide.
Il faut aussi remplir le formulaire de déclaration de santé en ligne, télécharger l’application PC-COVID avant d’arriver et souscrire une assurance maladie couvrant d’éventuels frais médicaux liés au COVID-19. Le Courrier du Vietnam du 17 mars 2022
• Entrée dans l’année du Tigre d’eau
► Xuân đã về ! Le printemps est arrivé !
Nos ami. e. s consacrent du temps aux préparatifs du Têt. A commencer par le fleurissement de la maison comme en témoignent les nombreuses photos postées sur les réseaux sociaux.
► Les rituels du Têt traditionnel
Du 29 janvier au 6 février, les Vietnamiennes et Vietnamiens bénéficieront de neuf jours fériés. Les tâches sont nombreuses pour que le rituel de la fête du Nouvel An lunaire soit respecté et certaines de mes amies sortent de cette période, bien fatiguées. Espérons qu’avec l’évolution des mœurs, le travail soit mieux partagé.
La fête de Ông Công et de Ông Táo
Le 23e jour du 12e mois lunaire, les Vietnamiens prennent congé de Ông Công (le Génie de la terre) et de Ông Táo (le Dieu de la cuisine). Tous deux s’envolent vers les Cieux pour aller faire leur rapport à Ngoc Hoàng (l’Empereur de Jade) sur la vie du/de la propriétaire de la maison où ils habitent, et demander chance, prospérité et bonheur. La veille du Nouvel An lunaire, ils reviennent tous deux sur terre pour reprendre leurs fonctions, qui consistent à surveiller la cuisine de la maison, lieu du bonheur familial.
Confection du banh chung ou banh têt
Parler du Têt, c’est penser au banh chung (gâteau de riz gluant de forme carrée) appelé banh têt dans le Sud. La légende raconte que banh chung a été créé par le 18e fils du Roi Hùng Vuong VI, le prince Lang Liêu. Depuis lors, il est devenu un des plats indispensables des célébrations du Têt pour exprimer la gratitude envers les ancêtres, le Ciel, la Terre et les Génies.
Un ami le confirme dans son courriel : « Demain (le 30 janvier) nous partirons à la maison de mon père pour faire le banh chung. Et après mes parents vont rester là-bas pour passer le Têt avec leurs proches voisins. »
Beaucoup d’autres plats typiques et qui demandent du temps sont également confectionnés : les nems et le pho, pour ne citer que les plus célèbres. J’ai appris récemment que le terme pho (prononcer [fœ]) dérive de « pot au feu » !
Nettoyage et décoration de la maison
C’est une tradition millénaire chez les Vietnamiens. On n’oublie jamais de faire un grand nettoyage pour accueillir le Nouvel An. Arrangement des meubles, nouveaux achats, décoration… tout ce qui fait plaisir tant aux grands qu’aux petits. Et surtout des fleurs et des plantes qui rendront l’intérieur éclatant et apporteront la chance. Incontournables, les fleurs d’abricotier et de pêcher mais aussi les orchidées, les poinsettias…
Le plateau de cinq fruits sur l’autel des ancêtres
C’est une des offrandes traditionnelles que l’on dépose sur l’autel des ancêtres qu’il contribue à embellir, et qui manifeste aussi les croyances et l’esthétique vietnamiennes.
Le Réveillon, un moment sacré
Le Réveillon (giao thua en vietnamien) est le moment le plus sacré de l’année. Toutes les familles sont réunies, le plus souvent au pays natal – sauf Covid – et s’échangent des vœux de bonheur.
Les Vietnamiens croient que le premier jour jouera une influence importante sur le reste de l’année.
D’après Le Courrier du Vietnam
• Bonne retraite Binh !
Je suis alertée par un long message sur Facebook, signée d’une fille de Binh, annonçant la retraite de son père. Les photos accompagnant le texte sèment le doute. Se peut-il que ce jeune homme à la silhouette élancée, aux cheveux noirs, soit à deux pas de la retraite ?
J’ai fait la connaissance de Binh, alors vice-doyen en 2006 lors de ma première mission. Chaque matin, il venait m’attendre devant l’hôtel pour m’emmener à l’Université sur sa moto. « Je suis ton chauffeur, aimait-il plaisanter. » Avec lui, j’ai fait mes premiers pas dans un univers nouveau qu’il m’a aidé à comprendre. Je tâtonnais. Quelquefois, je m’énervais. Binh restait invariablement souriant, aimable et serviable. Il m’accompagnait partout : à l’ambassade, lors de conférences et/ou séances de formation auxquelles j’ai été invitée. Lorsque nous y allions en taxi, c’était l’occasion de longs échanges– la circulation était déjà dense à Hanoï – sur la langue française, nos cultures respectives. J’en garde de très bons moments de partage.
Il m’a invitée à co-animer ses séminaires de master du samedi après-midi. J’y ai rencontré des jeunes femmes déjà ou bientôt professeures, devenues depuis des amies.
Lorsque leur période comme doyen ou vice-doyen se termine, les intéressés – uniquement des hommes jusqu’ici – reprennent leurs fonctions de professeur à plein temps. Lors de chaque nouvelle mission, c’est donc avec plaisir que je retrouvais Binh à la salle des professeurs. Installé à sa place habituelle, face à la porte d’entrée, paisible après son footing du matin, Binh m’accueillait d’un sourire et d’un sonore « Bonjour, Régine. » Il avait souvent une question de langue à me poser. Je m’asseyais à côté de lui. Téléspectateur assidu de TV5 Monde, il enchaînait invariablement sur une question d’actualité française.
Sa fille témoigne de son attachement à l’Université.
« Papa aime son travail et le traite avec le plus grand respect. Il parle toujours du travail avec une telle humble gratitude, pour toutes les choses apprises, pour les nombreux endroits découverts. »
« A cause du Covid, mon père n’a pas eu droit à un dernier cours en classe. Son dernier enseignement était sur Zoom. Mais il était toujours souriant, excité de rendre visite à son petit-fils bientôt. »
Elle exprime cependant un regret : « Papa a donc pris sa retraite sans fleurs ni aucune cérémonie. »
Le 10 février, Binh me confirme qu’il part bien en retraite.
« Oui c’est vrai je prendrai ma retraite à partir du mois prochain après 45 ans de service dans l’enseignement supérieur avec des parcours différents ponctués des études supérieures en France et des cours et des conférences à travers le monde francophone. Je me sens bien et profite du temps libre pour me consacrer à ma famille et à ce qui m’intéresse dans la vie quotidienne. »
Il est actuellement à San Francisco où sont installées ses deux filles et vient d’accueillir son deuxième petit-fils. Félicitations !
• Réception de la thèse de mon ami Huu Tho, à Saint-Egrève !
22 mars – « Cher ami,
Belle surprise ce matin, lors de la réception des quatre exemplaires de ta thèse. La présentation en est soignée et le papier de qualité. Quant au contenu, j’en connais la richesse ! Merci infiniment. Régine »
25 mars – « Chère Amie,
Il y a 42 ans lors de mes études à Grenoble (1980-1981) quand j’envoyais une lettre à la famille, il fallait compter deux mois pour qu’elle arrive à Hanoï et un mois pour le retour. Donc trois mois pour avoir la réponse à une question posée à Grenoble, si le destinataire réagissait immédiatement. En 2022, un colis de quatre kilos franchit cette distance en une semaine. Vive les progrès de la modernité.
Encore une fois, je te remercie pour les encouragements en vue de la publication. Si le sujet intéresse d’autres personnes (étudiants, professeurs, membres de Préfasse…) n’hésite pas à me le signaler. La poste fonctionne bien maintenant. Nguyen Huu Tho »
Je vous recommande chaudement la lecture de cet ouvrage, « un travail fouillé, méthodique, témoignant d’une gourmandise épicurienne pour les locutions imagées ou stéréotypes langagiers, et d’une personnalité curieuse et facétieuse. » Citation de la présentation que l’auteur m’a invitée à rédiger en octobre 2019.
• 20 mars – Succès de la Fête de la Francophonie
Organisée au Département de français de l’Université nationale cette année, elle a permis de réaffirmer l’engagement de la communauté francophone. Stands de dégustation, chants, danses, discours. Et aussi rencontres entre ancien.nes étudiant.es. Un moment de détente, annonciateur de jours meilleurs .
• Reprise des activités culturelles à l’Espace, centre culturel français de Hanoï
Depuis des mois, la scène de l’Espace est restée vide. La programmation affichée pour les deux prochains mois nous réjouit. Au-delà, on se plaît à imaginer une reprise générale des communications entre nos deux pays !
Rencontre à l’occasion du Centenaire de la naissance du poète Hoàng Cầm
Hoàng Cầm (1922-2010) est un auteur connu et apprécié de la littérature vietnamienne moderne. Il a reçu le prix d’Etat des Arts et Lettres en 2007. Son recueil de poèmes Về Kinh Bắc est une épopée lyrique sur Kinh Bac du Vietnam ancien.
Rencontre : Jules Verne et son influence sur la science-fiction vietnamienne
A l’occasion du 194e anniversaire de l’écrivain Jules Verne (8 février 1828 – 8 février 2022) et sur proposition de l’Association vietnamienne des jeunes intellectuels ès sciences et technologies et de l’Association des écrivains vietnamiens.
Thèmes abordés : l’aspiration à une vie meilleure dans la science-fiction, les aspirations de la jeune génération pour l’avenir de la science à travers la science-fiction, la recherche pour la composition et la traduction réelles du genre de science-fiction au Vietnam.
Concert de musique française : Debussy, Ravel, Saint–Saëns
La violoniste Mỹ Hương est soliste associée du Sun Symphony Orchestra, membre du Hanoï Ensemble Orchestra et du quatuor à cordes Aurora. Hà Mi, pianiste, est diplômée du Conservatoire Tchaïkovski de Moscou.Toutes deux enseignent à L’Académie nationale de musique du Vietnam.
Le violoncelliste Phan Đỗ Phúc, est soliste au sein de nombreux orchestres internationaux.
La pianiste taïwanaise Hsin-Chiao Liao est diplômée de l’Université Stony Brook, New York.
Lope Dope, Phách Ca, Bột màu Khoai Tây Cà Rốt sont les trois groupes choisis pour le troisième concert du LiveSpace Vietnam.
LiveSpace Vietnam est à la fois un programme de découverte de nouveaux talents musicaux, un rendez-vous musical grand public pour promouvoir la jeune scène musicale indépendante du Vietnam, et un programme de professionnalisation et de développement de carrière pour les jeunes musiciens, grâce au soutien d’experts vietnamiens et internationaux.
• « Le meilleur riz du monde »
Un scientifique vietnamien reconnu pour ses travaux sur le riz en 2019
C’est Lan Doan-Geimer, qui en a dégusté récemment à Paris, qui nous a donné l’info. Nous avons obtenu des précisions sur le site Radio La Voix du Vietnam.
« Le riz parfumé vietnamien ST25 a été reconnu “Meilleur riz du monde en 2019” lors de la 11e Conférence mondiale du riz qui s’est tenue du 10 au 13 novembre 2019, à Manille, aux Philippines. Ce succès qui revient à Hô Quang Cua, ingénieur agronome, récompense une recherche de plus d’un quart de siècle. »
C’est en 1991 que Hô Quang Cua intègre le groupe de chercheurs de l’Institut du riz du delta du Mékong et de l’Université de Cân Tho chargé du développement des variétés de riz parfumé du Vietnam, de Thaïlande et de Taïwan. Dès lors, l’idée de créer un riz parfumé haut de gamme spécifique au Vietnam et à sa province natale de Sóc Trang est présente dans son esprit.
« Le riz parfumé ST25 est le fruit d’une recherche collective de plus de 25 ans. Au début du 20e siècle, la province de Soc Trang était réputée pour ses diverses variétés de riz parfumé exportées vers l’Europe mais toutes ces variétés se sont éteintes avec le temps. Notre rêve était donc de recréer un riz parfumé de haute qualité provenant des variétés traditionnelles de riz de Soc Trang. »
Le riz ST25 présente des qualités exceptionnelles : il est à grains longs, blanc transparent et une fois cuit, il est parfumé et collant. Sa cuisson nécessite aussi un moindre volume d’eau. Depuis qu’il a été reconnu meilleur riz du monde, le ST25 intéresse les consommateurs vietnamiens.
« Auparavant, les Vietnamiens préféraient les riz importés du Cambodge et de Thaïlande. Aujourd’hui, grâce aux efforts des entreprises et des scientifiques, les produits vietnamiens ont réussi à regagner la confiance des consommateurs vietnamiens, se félicite le chercheur. »
• Vinfast à l’assaut des marchés américain et européen !
Bientôt des voitures vietnamiennes électriques sur les routes d’Europe
Alain Michon, membre de Préfasse, séjourne souvent en Italie. C’est en lisant La Repubblica qu’il est tombé sur cette information, qu’il a traduite en français à notre intention.
« Avec le SUV électrique Vfe34, la compagnie vietnamienne VinFast a lancé officiellement les premières livraisons de sa gamme de véhicules électriques. Après la production du 1er lot de 25 000 unités destinées au marché intérieur (usagers qui ont souscrit par anticipation l’acquisition de la voiture), depuis l’usine de production de VinFast à Hai Phong au Viet Nâm, partira l’offensive vers d’autres marchés, parmi lesquels l’américain et l’européen. »
« VinFast est la première entreprise du secteur à vendre des véhicules électriques dans le pays et le SUV Vfe34, dessiné par Pininfarina, se fait fort d’une autonomie de 300 km et il est en vente au prix d’environ 30 200 dollars. La voiture présente de nombreuses caractéristiques uniques, dont son assistant virtuel développé par VinBigData, une société qui est dans l’orbite de l’écosystème technologique du groupe leader Vingroup, qui permet aux utilisateurs d’interagir directement avec le véhicule et de contrôler beaucoup de fonctions d’une manière commode et facile. L’entreprise vietnamienne a aussi anticipé le fait que de nouvelles caractéristiques et services utiles seront régulièrement ajoutés au travers de l’installation à distance du software. » […]
Une femme aux commandes de l’entreprise VinFast
« A la Foire de l’électronique du Nevada ces nouveautés seront présentées par la nouvelle responsable de VinFast, l’experte en finance Le Thi Thu Thuy, promue à la suite de la démission subite de Michael Lohscheller, ancien CEO d’Opel qui dirigeait la nouvelle entreprise depuis septembre dernier. La nouvelle manager de 47 ans, après un passage chez Lehman Brothers de plus de 13 ans, a occupé des postes d’importance croissante dans le cadre de Vingroup. »
• Le Vietnam est préoccupé par le conflit armé en Ukraine
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères Lê Thi Thu Hang répond à une question de journalistes vietnamiens et étrangers sur la réaction du Vietnam devant les récentes évolutions tendues en Ukraine et sur la protection des citoyens vietnamiens.
« Le Vietnam est extrêmement préoccupé par le conflit armé en Ukraine. Nous appelons les parties concernées à faire preuve de retenue, à respecter la Charte des Nations unies et les principes fondamentaux du droit international, à ne pas recourir à la force, à protéger les gens, à poursuivre le dialogue et à rechercher des solutions pacifiques pour contribuer à assurer la paix, la sécurité, la stabilité et la coopération dans la région et le monde ».
Le Courrier du Vietnam du 25 février
► L’aide aux Vietnamien.nes d’Ukraine s’organise
La communauté vietnamienne en Ukraine compte 7 000 personnes, réparties principalement dans trois villes : Kyiv (800 personnes), Kharkiv (3 000 personnes), Odessa (3 000 personnes).
L’ambassade du Vietnam en République tchèque a pris des mesures pour évacuer les citoyen.nes vietnamien.nes d’Ukraine vers la République tchèque et les pays voisins.
On estime à 4 000, le nombre de Vietnamien.ne. s évacué. e. s des zones de conflit en Ukraine : 2 400 en Pologne ; 830 en Roumanie ; 560 en Hongrie ; plus de 100 en Slovaquie.
Un comité de soutien à l’initiative des associations de Vietnamien.nes et d’étudiant.es vietnamien.nes en République tchèque – vient en aide aux réfugié.es : accueil dans les gares routières et ferroviaires, aides juridiques, logement pour celles et ceux qui souhaitent rester en Europe.
Au 16 mars, trois vols affrétés par Vietnam Airlines et Bamboo Airways ont rapatrié un millier de personnes au départ de la Pologne et de la Roumanie.
● Le coin des arts
► L’artiste Dinh Q. Lê au musée du quai Branly à Paris jusqu’au 20 novembre 2022
Dinh Q. Lê (né en 1968 sous le nom de Lê Quang Đỉnh) est un artiste étatsunien d’origine vietnamienne surtout connu pour son travail photographique et sa technique de tissage de photos
inspirée des gestes de sa tante nattant des tapis.
Tressant à son tour des images, Dinh Q. Lê associe deux registres de représentation et produit une image nouvelle, qui est une combinaison des deux premières, dont il trouble irrémédiablement la vision.
Si plusieurs de ses œuvres visent à proposer d’autres images et récits du Vietnam, il interroge également l’histoire du Cambodge et la représentation du génocide mené par le régime khmer rouge.
Des œuvres plus récentes (Adrift in Darkness) utilisent des images de migrants et évoquent les drames de la traversée de la Méditerranée.
► Sortie à l’Opéra de Hanoï – La Parole du condamné à mort de Nguyen Tuân
Cinq jeunes femmes masquées dans le hall de l’Opéra de Hanoï. Que sont-elles allées voir ?
« Chữ người tử tù » dans une mise en scène d’une nouvelle de Nguyễn Tuân (recueil publié en 1940) dont le texte figure aujourd’hui dans les manuels de littérature des classes de 11ème (Classe de Terminale).
Bich nous en résume l’intrigue : « Il s’agit d’une étrange rencontre entre Huấn Cao – le prisonnier condamné à mort – et le chef de la prison, qui partagent la même âme d’artiste mais qui sont complètement opposés sur le plan social.
Huấn Cao est condamné à mort pour s’être opposé à la cour impériale, en plus, c’est un confucéen qui a des compétences d’écriture talentueuses mais qui est aussi très dangereux (selon les autorités). Avant d’être exécuté, Huấn Cao a été emmené dans une prison où travaillent des gardiens de prison qui admirent ses talents d’écriture. Pendant son emprisonnement, Huấn Cao est très bien traité par le gardien de prison, ce qui est étrange car normalement, à l’époque, les prisonniers étaient souvent mal traités, même torturés.
Lorsque la date d’exécution de Huấn Cao s’approche, le chef de la prison souhaite vivement posséder un mot écrit de Huấn Cao. Ce dernier, en raison de l’amour de la beauté du chef, accepte de lui donner le mot demandé.
A la veille de l’exécution de Huan Cao, se produit une scène “sans précédent” : celle où Huấn Cao, un condamné à mort enchaîné, accepte de lâcher chaque trait de sa plume sur la soie blanche, aux côtés du chef de la prison et des gardiens tremblant, s’inclinant devant le prisonnier.
Cette dernière scène éveille l’amour pour la beauté, l’empathie pour la douleur des habitants et le retour à la bonté des gardiens de prison. »
Une belle soirée entre « filles », où personne ne s’est endormi !
► De la littérature à la culture : échanges : franco-vietnamiens
Mai Nguyen et Gérard Blot s’en font l’écho
« Pour ce qui est de la conférence, nous y avons assisté dans sa version virtuelle. Des problèmes techniques ont un peu perturbé l’exercice mais ça n’a pas affecté l’intérêt du sujet exposé par Giang Huong Nguyen exposé dans le texte de la 4ème de couverture de son ouvrage La Littérature vietnamienne francophone (1913-1986).
“En important son système de pensée et ses valeurs au Vietnam par le biais de la colonisation, la France provoque un bouleversement profond de l’espace culturel vietnamien, à commencer par la langue. Certains écrivains vietnamiens choisissent le français pour exprimer les questions identitaires qui résultent du métissage culturel, de leur situation paradoxale de colonisés et simultanément de médiateurs francophiles. Leur œuvre illustre une confrontation au phénomène de l’altérité dans la société vietnamienne coloniale et postcoloniale. L’ouvrage propose une analyse des figures discursives de l’auteur dans douze romans représentatifs de l’ensemble de la production romanesque de la langue française de 1931 à 1986 au Vietnam.”
Evidemment, dans sa conférence, l’auteure n’a pu que survoler le sujet et donner envie d’en savoir plus.
Personnellement j’avais déjà pris connaissance de la moitié des 260 pages de l’ouvrage et je ne peux qu’encourager ceux qui s’intéressent au Vietnam en général et à la littérature en particulier à se plonger dans cette lecture instructive et passionnante. » Gérard Blot
Régine Hausermann
Présidente de Préfasse
Août 2022