Lettre de Préfasse – hiver 2023
Sommaire
◊ Entrée dans l’année du Chat d’eau !
◊ Reprise des cours : Mai, formatrice Préfasse, en mission
◊ 18 mars – « Couleurs Culturelles » – Fête de la francophonie à l’ULEI
◊ 23, 24 mars – Colloque international Université d’Artois/ULEI
◊ Fin de la mission de Mai
◊ Des nouvelles de nos Préfassiennes et amies vietnamiennes
◊ Le coin des arts
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● Entrée dans l’année du Chat d’eau
►Derniers cours avant les vacances du Têt
L’an passé, on s’inquiétait des perturbations liées au Covid pour les vacances du Têt et la reprise des cours en février. Réjouit de pouvoir reprendre le cours « normal » des heures et des jours.
Dernier cours du premier semestre dans une classe de première année. Avec un seul absent !« Le Nouvel An Quy Mao est proche. On est impatient de célébrer la nouvelle année. Au cours de la dernière semaine avant les vacances, bien des enseignant·es attendent de pouvoir se livrer aux achats préparatoires au Têt. Mais les enseignements continuent à être sérieusement dispensés. Les classes connaissent des moments chaleureux avant la séparation et le retour dans les familles. Les vêtements sont peut-être sombres mais à l’intérieur grandissent les couleurs du Têt, celles du printemps. »
► « Saveurs françaises » au festival du Village
Les 8 et 9 janvier, l’Université des langues étrangères – Université Nationale de Hanoï (ULIS) organisait un évènement pour renforcer les liens entre étudiant·es : jeux folkloriques, écriture de calligraphie, exploration culinaire, gâteaux, foire de printemps…
Le département de la langue et de la culture françaises avait choisi d’ouvrir un stand alimentaire – « Saveurs françaises » – destiné à la découverte et au partage de la cuisine française.
Vins rouges, vins blancs bio des vignobles bordelais et une variété de fromages tels que Saint-Nectaire Fermier, Brie de Meaux…
« J’ai essayé le vin chaud à la cannelle et divers fromages. Après avoir mangé, j’ai eu l’impression de me rappeler les souvenirs quand j’étais en France. Vraiment les articles ici sont de haute qualité et au goût distinctif de la France. » Thi Tu Linh, professeure.
► Et voilà, le Têt est passé !
Phuong Lan, Préfassienne 2005 revient sur les trois premiers jours du Têt
« Le premier jour de l’année, comme d’habitude, nous nous sommes réunis, toute la grande famille, chez la mamie de mon mari, 97 ans cette année. Chaque famille apporte son menu “maison” pour le repas familial.
En route le deuxième jour pour nous rendre aux pagodes à Vĩnh Phúc, ville natale de ma belle-mère. J’ai porté une robe toute rouge en espérant une année pleine de chance et de bonheur.
Hanoï Tour fait partie intégrante du calendrier de Tet de ma petite famille, nous quatre, en direction du Temple de la Littérature d’abord, le lac de l’épée et puis les quartiers anciens. Nous sommes revenus à la maison à la fin de la journée. Une petite balade à vélo avec mon mari le soir termine notre journée intense mais agréable ! »
Phuong Lan en ao dai rose et sa famille
Bao Nhung, parle d’une fête chronophage
« Le Têt vient de se terminer aujourd’hui après le repas « Hóa vàng » (le dernier repas du Têt, on prépare un plateau traditionnel et brûle [hóa] de l’argent en papier [vàng mã] comme un repas d’adieu pour les ancêtres qui sont revenus et ont passé des jours de Têt avec leurs descendants). Cette fête me prend trop de temps, de l’achat des aliments, des fruits, des cadeaux, la préparation des plateaux traditionnels, la vaisselle après les repas : la visite et l’échange des vœux du Nouvel An, etc. La famille de mon mari maintient la relation avec beaucoup d’amis et de proches, on a donc beaucoup de visiteurs et on visite ainsi beaucoup de famille. » Bao Nhung, le 26 janvier
● Reprise des cours : Mai est arrivée en mission
Mai est arrivée à Hanoï le 2 février. C’est Phong, un étudiant du Département, qui est allé la chercher à l’aéroport et l’a conduite à son logement. Anh Tu était là pour l’aider à s’installer. C’est d’ailleurs elle qui s’est occupée du logement de substitution puisque le bâtiment qui accueillait jusqu’ici les formateurs et formatrices étranger·es est en travaux.
« Le mardi 7, nous avons organisé un repas d’accueil pendant lequel nous avons passé des moments conviviaux à discuter et à savourer le Cha ca. » Mai Ly, Préfassienne 2022
Mai apprécie son logement, « très confortable et à 15 min du département », mais elle préférait la chambre à l’Université pour des raisons pratiques… à 3 min des salles de cours !
►Interventions dans les classes
Mai travaille notamment avec les étudiant·es de 2e année. Elle intervient dans deux classes le mardi matin : celle de Mai Ly puis celle de Bao Nhung. Et le mercredi matin elle est avec d’autres professeures.
« Avec elle, mes étudiant·es pratiquent davantage l’oral : ils commentent les graphiques, participent à des débats ou font des dialogues pour argumenter. » Mai Ly, Préfassienne 2022
« La première semaine, on a décrit tout d’abord un graphique sur la discrimination à l’embauche en France. Puis, Mai a discuté avec les étudiant·es sur la retraite en France et au Vietnam.
La semaine suivante, elle a proposé un débat sur le sujet : Internet tue le livre papier. Après un temps de préparation par groupes de deux, elle leur a fait exposer leurs idées et organisé le débat.
La troisième semaine, en nous basant sur le graphique sur l’évolution des migrants arrivés en Europe de 2010 à 2015, Mai a rappelé comment commenter un graphique en courbe, et a mentionné le mouvement démographique qui a suivi la guerre en Syrie depuis 2011. Puis une discussion s’est engagée sur le sujet : émigrer ou rester au pays natal ? » Bao Nhung, Préfassienne 2023
►Autres activités
Accueil des étudiant·es au bureau – Mai Ly les encourage à passer voir Mai pour corriger les travaux écrits ou seulement pour avoir des conversations.
Participation à des activités de l’Espace France – Bernard Laly, en service civique, s’occupe de cet Espace visant à créer des animations en direction des étudiantes : ateliers de conversations, ciné-club…
Participation à une réunion sur un projet de webtoon – Enseignantes et étudiant·es du Département rencontraient des représentantes de l’Ambassade de France sur un projet de collaboration visant à composer une série de BD sur les raisons pour lesquelles on apprend le français.
● 18 mars – « Couleurs Culturelles » – Fête de la francophonie à l’ULEI
Depuis sa première édition en 2015, la fête vise à faire rayonner la langue française, à célébrer la diversité culturelle et la cohésion de la communauté francophone. Pour sa 8e édition la fête revient sur le thème « 321 millions de francophones, des milliards de contenus culturels ».
Les activités festives au Département de français :
– concours de Dictée en français pour écoliers, collégiens, lycéens et étudiants ;
– concours de connaissances « Questions pour un champion » pour écoliers, collégiens, lycéens et étudiants ;
– stands culturels des pays francophones ;
– espace de musique ;
– espace de jeux folkloriques francophones.
● 23, 24 mars – Colloque international Université d’Artois/ULEI
Objectifs : promouvoir les activités de recherche au service de l’enseignement, de la formation et du service d’intérêt général, créer le dialogue entre éducateurs, enseignants et chercheurs dans le domaine de l’enseignement spécialisé du français, en vue de construire un système de formation adaptative pour les apprenants de la nouvelle ère.
Hoai, maîtresse de conférence à l’Université d’Artois et Préfassienne 2006 a participé activement à la préparation et au déroulement du colloque.
● Fin de la mission de Mai
Après deux mois de coopération, Mai, notre adhérente de Gironde quitte le Département de français. Beaucoup de satisfaction du côté de la formatrice, des professeur·es et de leurs étudiantes.
● Des nouvelles de nos Préfassiennes et amies vietnamiennes
►Phuong conquiert son Premier 3000 !
À la mi-février, Phuong me raconte avec excitation et fierté qu’elle rentre d’une randonnée à l’assaut du Ky Quan San 3046 m, le troisième plus haut sommet du Vietnam. Accompagné par des guides et porteurs, le groupe de sept copains et copines hanoïen·nes – incluant son mari – a mis deux jours avec une nuit en refuge pour accomplir le trek. « Et j’étais dans le top 3 ! »
Depuis son séjour de master à Grenoble (2020-2022) et la découverte de son goût pour la randonnée, elle brûlait d’envie de se livrer à cette activité dans son pays. Mais les Vietnamien·nes ont des horaires chargés et manquent de temps libre.
Elle accompagne les photos publiées sur Facebook de ce commentaire :
« Aller, revenir à la Nature, s’étonner de la scène de la terre et du ciel, respirer l’air pur de la forêt de montagne, pour que les yeux puissent revoir loin et que le souffle des pieds se fatigue.
Les montagnes et les forêts du Vietnam sont vraiment belles ! Tout le monde devrait aller faire de la randonnée une fois. »
► Retrouvailles avec Nam Phuong
Nous nous sommes connues en 2006 ou 2007 à Hanoï. Elle était médecin-anesthésiste à l’hôpital Saint-Paul et apprenait le français en vue d’un stage professionnel en France. Kim, Préfassienne 1999 lui donnait des cours à l’Espace. Nous faisions des sorties à moto entre « filles » le samedi ou le dimanche. Lorsque je suis retournée à Hanoï à l’automne 2011, après trois années sans mission, Kim était partie en France et j’ai fait de nombreuses sorties avec Nam Phuong qui avait son permis et… une voiture.
En 2012, Nam Phuong est venue en France, elle a travaillé dans divers hôpitaux publics. Elle s’est mariée avec Pascal avec qui elle a eu deux enfants : Louis 9 ans et Lise 6 ans. Elle est aujourd’hui anesthésiste à l’hôpital du Sud Francilien et habite dans le Val-de-Marne. Et puis le temps a passé. Nous nous sommes perdues de vue. Et miracle ! Dimanche 19 février, je reçois un SMS de Nam Phuong, proposant qu’on se voie le lendemain à Grenoble ! Un vrai bonheur !
► Thu Ha a rendu visite à sa famille et ses amies à Hanoï
Cette année, Thu Ha qui habite Vichy est retournée au pays pendant les vacances de février. Elle y a retrouvé sa mère, son frère et sa famille mais aussi Diep qui fut Préfassienne, comme elle, en 2000.
● Le coin des arts
► Exposition « Avant l’orage » à la Bourse de Commerce de Paris
Deux artistes d’origine vietnamienne y parlent de la guerre du Vietnam et de l’agent orange.
Source : Le Monde 14.02.23
« Abattus par les tempêtes, des troncs d’arbre ont été arrachés aux forêts lyonnaises : les voilà soutenus par des tréteaux de pin, « un bouquet », dit l’artiste. » Danh Vo
Çà et là, des fragments d’œuvres s’y enracinent. Des corps surgissent, des capucines orange poussent dans le dos brisé d’une antique Vierge de bois. […] Un début de réparation, symbolique, des ravages causés par l’agent orange sur les forêts du Vietnam.
Ce cataclysme chimique hante également la double fresque murale de Thu-Van Tran , elle aussi d’origine vietnamienne. L’artiste déploie un arc-en-ciel de couleurs toxiques, en référence aux herbicides rainbow utilisés par l’armée américaine : agent orange, mais aussi blanc, rose, bleu, vert, pourpre ou rouge.
► 18 au 24 mars – 13e festival du film de la francophonie à Hanoï
7 films sortis en 2022 projetés à l’Institut du film du Vietnam
Last dance, film de Delphine Lehericey (Suisse, Belgique)
Avec François Berléand, Kacey Mottet Klein, Maria La Ribot…
À 75 ans, Germain, contemplatif et casanier se retrouve veuf et tâche de composer avec l’inquiétude envahissante de ses enfants. Fidèle à une promesse faite à sa femme il y a des années, il va devoir, en cachette de sa famille, prendre sa place dans une création de danse contemporaine.
Sous les figues de Enrige Sehiri (Tunisie, France, Suisse, Allemagne, Qatar)
Au nord-ouest de la Tunisie, des jeunes femmes travaillent à la récolte des figues. Sous le regard des ouvrières plus âgées et des hommes, elles flirtent, se taquinent, se disputent. Au fil de la journée, le verger devient un théâtre d’émotions, où se jouent les rêves et les espoirs de chacun.
Les Intranquilles, film belgo-franco-luxembourgeois de Joachim Lafosse
Damien, peintre réputé et père de famille, souffre régulièrement de troubles bipolaires.
Les Deux Alfred, film français de Bruno Podalydès
Alexandre, chômeur déclassé, a deux mois pour prouver à sa femme qu’il peut s’occuper de ses deux jeunes enfants et être autonome financièrement.
14 jours, 12 nuits, film canadien Jean-Philippe Duval
Isabelle et son mari sont allés au Vietnam pour adopter une petite fille en 1991. Ils l’ont nommée Clara. Leur famille vivait heureuse à Québec jusqu’à ce que Clara ait un accident et décède. Le cœur brisé, Isabelle s’est envolée pour Hanoï pour explorer la ville natale de sa fille et rencontrer ses parents biologiques. Isabelle découvre que Thuy n’a pas abandonné sa fille, mais en a été privée par sa grand-mère puisque le père de l’enfant était français et qu’elle a toujours considéré comme ennemi.
Thach Thao, film vietnamien de Thê Hiêp sur la complexité de l’adolescence.
Saluons cette initiative qui donne aux francophones de Hanoï l’occasion de se tenir au courant des thématiques des films actuels !
R. H. juillet 2023