Lettre de Préfasse – printemps 2024

Sommaire

◊ Fin de séjour en France pour Anh Tu, au Vietnam pour Nguyen Thi Bach-Mai

Actualités du Département de français de l’ULEI

◊ Nouvelles de la famille préfassienne

Cinéma vietnamien

Dien Bien Phu, 7 mai 1954 – Il y a 70 ans

Gros plan sur la première femme professeure de mathématiques du Vietnam – Hoàng Xuân Sinh, 91 ans

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● Fin de séjour en France pour Anh Tu, au Vietnam pour Nguyen Thi Bach-Mai

Anh Tu, notre Préfassienne 2024, est de retour à Hanoï

De retour à la maison, désagréable surprise de trouver son appartement inondé ! Repli dans sa famille en attendant que les travaux soient effectués. Elle n’a pas tardé à donner rendez-vous à ses proches amies pour fêter son retour et parler de vive voix de la France et de Préfasse.

Dès le 15 juin, elle a rencontré Paula, la doctorante colombienne rencontrée à l’UGA, qui vient recueillir des témoignages oraux sur les consonnes muettes « entendues » par les Vietnamien·nes.

Son journal est disponible sur notre site

► Nguyen Thi Bach-Mai, formatrice de Préfasse est de retour en Gironde

C’était la 5e mission de Mai depuis 2019. Deux mois de travail varié et intense, en mars et avril !

« Il fait chaud (par exemple, 28° ce matin 16 avril, mais petite bruine…) et les virus se propagent assez vite… C’est très facile d’en attraper : rien de grave, mais la toux est entretenue aussi par la pollution, donc sommeil très perturbé. Les activités continuent à un rythme régulier, j’irais même jusqu’à dire soutenu !!! »

« Lorsque le compte est fait, il y a environ une vingtaine d’heures d’interventions par semaine. C’est quand même beaucoup !! J’ai passé un moment à me poser des questions sur ce rythme et cette sensation d’isolement. Aujourd’hui, j’ai compris que cela pouvait aussi venir de moi, puisque j’avais toute latitude pour refuser telle ou telle tâche. »

Son bilan sera disponible sur notre site très prochainement

Le 3 avril, Mai déjeune avec Yen, Mai Ly et Bao Nhung – Préfassiennes 2016, 2022 et 2023 – qu’elle a accueillies chez elle à Bagas près de La Réole en Gironde
Le 3 avril, Mai déjeune avec Yen, Mai Ly et Bao Nhung – Préfassiennes 2016, 2022 et 2023 – qu’elle a accueillies chez elle à Bagas près de La Réole en Gironde

Actualités du Département de français de l’ULEI

► 1er avril – « La fresque du Climat »

Initiative de Ngoc Lan – Future Préfassienne 2025 – qui a su saisir l’opportunité de la présence d’une militante associative, pour « La Fresque du Climat ». Animation toute la matinée.

14 avril – Ulis fire day / Jour de feu à l’ULEI !

Remises de récompenses pour des travaux de recherches scientifiques. Stands de tous les clubs, spectacle. « Cela a duré toute la journée, sous la chaleur. Et cela a permis des bons échanges avec les étudiant-e-s du département. » Nguyen Mai
Jour de feu à l’ULEI !

► 20 avril – « Route de découvertes » – Tourisme vert

Aujourd’hui, le tourisme vert est de plus en plus développé et suscite un grand intérêt des touristes ainsi que des agences de voyages. Ce modèle vise à réduire les impacts des activités touristiques sur l’environnement et contribuer au développement durable de la population locale.

Débat organisé par le club de tourisme du Département de français de l’ULEI et le Club de Culture Nomades de Mongolie.

Nguyen Mai était membre du jury en tant qu’adhérente de Préfasse, en compagnie de Philippe Dova, correspondant au Japon de RTL, Laurie Courtois professeure à l’Université de Mongolie

► 20 avril – Colloque et table ronde au Département de français de l’ULEI

« Enseignement et recherche de la langue et de la culture françaises »

A l’initiative de chercheurs et chercheuses de l’INALCO-Paris (Institut d’études des langues et civilisations orientales), de l’Institut d’études de l’Asie du Sud-Est à Hanoï, de l’ULEI-Hanoi, de l’Université de Hue, de l’Université Phenikaa-Hanoi…

Les animatrices : Dam Thuy la Doyenne, entourée de deux professeures
(ex-Préfassiennes) Huong 2017 et Thuy Lise 2018
Les animatrices : Dam Thuy la Doyenne, entourée de deux professeures (ex-Préfassiennes) : Huong 2017 et Thuy Lise 2018

► 24 avril – Table ronde sur la francophonie

Dans le discours d’ouverture, Dam Minh Thuy – la doyenne – a affirmé que la Communauté française n’est pas seulement l’organisation de pays partageant une seule langue, mais représente aussi des valeurs universelles telles que la diversité, l’unité, la paix et le respect mutuel.

► Préparation de la rentrée 2024 au Département de français

Le Département organise une série d’activités de conseil pour inciter les lycéen·nes à choisir de s’inscrire en section française.

Les ambassadrices et ambassadeurs partagent des informations sur la procédure formelle d’admission à l’université en 2024, les programmes de formation, les possibilités de double diplôme, les échanges, les transferts dans les universités en France et au Canada, les bourses, les opportunités d’emplois et les avantages du choix d’étudier le français à la faculté de français – ULIS. 

L’objectif est de recruter 150 étudiant·es en 1re année pour 2024-25.

Dam Thuy au lycée spécialisé Hanoi - Amsterdam le 7 mai
Dam Thuy au lycée spécialisé Hanoi – Amsterdam le 7 mai

► Bilan de l’année universitaire 2023-2024

Le 29 mai, le Département organisait la « Conférence de recherche scientifique au niveau de la faculté » avec des contributions intéressantes sur les domaines de l’enseignement des langues étrangères, de la traduction et de la communication.

Pistes de réflexion :

– Quelques solutions pour augmenter la motivation à étudier pour les étudiants de 2e année, Faculté de français NN&VH, Université de Langue Étrangère, Université de l’Éducation.

– Quelques solutions pour améliorer l’interaction lors des cours spécialisés de français.

– Analyse des erreurs de prononciation des élèves de première année du département de français et quelques suggestions pédagogiques sur la façon de guérir les erreurs de prononciation.

25 professeur·es dont 23 femmes et 10 Préfassiennes
25 professeur·es dont 23 femmes et 10 Préfassiennes

►Notre nuit étoilée – Une BD réalisée par les étudiant·es du Département

Synopsis : Tiên – lycéenne – n’aime pas apprendre le français dans la classe où ses parents l’ont inscrite. Mais elle rencontre Minh, un lycéen passionné par le français et la musique, qui change son point de vue.

Le projet a été soutenu par l’ambassade de France au Vietnam.

2000 tirages devraient sortir bientôt !!! 1000 exemplaires en vietnamien et 1000 en français.
Nuit étoilée

Nouvelles de la famille préfassienne

Hai, Préfassienne 2007 – Déjeuner franco-vietnamien

Hai, 1ère à gauche et Canh Linh  à ses côtés
Hai, 1ère à gauche et Canh Linh à ses côtés

« Nous avons passé une matinée agréable chez Canh Linh, entourés de Français passionnés par la culture vietnamienne et d’étudiants avides d’apprendre de l’ULIS. Nous nous sommes régalés d’un délicieux repas composé de nems, de bun cha et de tofu, accompagnés de vermicelles de riz et de salades vertes. Les fruits de la passion parfumés ont ajouté une touche exotique. Chez Linh, tout est excellent, en particulier l’ambiance joyeuse qui régnait pendant notre séance de karaoké. Nous avons pensé à toi Régine. Si tu étais là ! »

Lê Thuy Ha – Préfassienne 2009 – Premier hiver au Québec

En ville ou à la campagne, la neige ! Ha est tombée en amour de toute cette beauté !
En ville ou à la campagne, la neige ! Ha est tombée en amour de toute cette beauté !

Hoai Anh – Préfassienne 2013 – Excursion à Thai Nguyen

« Dimanche dernier, j’ai organisé une petite excursion à Thai Nguyen pour le groupe Prix Goncourt de cette année et nous avons invité bac Mai pour la remercier de tous ses enseignements littéraires. Il y avait aussi mon mari qui conduisait et Chi mon aînée qui aime bien pratiquer le français […] avec bac Mai. Nous avons choisi Thai Nguyen car c’est la ville natale d’une membre du groupe et qu’elle est à 82 km de Hanoï. Nous avons visité le lac Núi Cốc qui évoque l’histoire d’amour de Công et Cốc. Le lac Núi Cốc est un lac artificiel qui m’a fait penser au lac de Sainte-Croix au Sud de la France et le chemin qui y mène, à celui vers les Vosges où il y a la Perle de Gérardmer. »

Hoai Anh, Mai et des étudiantes
Hoai Anh, Mai et des étudiantes

Elise, fille de Hoai 2006, obtient sa première médaille de judo à Arras

Elise, fille de Hoai 2006, obtient sa première médaille de judo à Arras

► Anh Tu 2014/2024 et Huong 2008 à Hanoï

A son retour à Hanoï, Anh Tu a rencontré la Parisienne Ngo Thu Huong 2008 - naturalisée française - qui séjourne au Vietnam où elle recherche un emploi. Elle est devenue adepte de la plongée sous-marine !
A son retour à Hanoï, Anh Tu a rencontré la Parisienne Ngo Thu Huong 2008 – naturalisée française – qui séjourne au Vietnam où elle recherche un emploi. Elle est devenue adepte de la plongée sous-marine !

● Cinéma vietnamien

Children of the mist – Documentaire vietnamien de Ha Le Diem

La réalisatrice appartient à l’ethnie minoritaire tay et filme une jeune fille, ses parents, ses proches, de l’ethnie minoritaire hmong dans la région de Sapa au Nord-Ouest du Vietnam près de la frontière laotienne. Cette proximité a permis la réalisation du documentaire sur un sujet sensible : le mariage par enlèvement.

Diffusé sur France-Télévisions le 05.03.2024
Children of the mist Dans la première partie du film, Di a 11 ans et joue avec ses copines. Elles parlent crûment du sexe des hommes, elles miment le rapt d’une jeune fille en vue du mariage, très précoce selon la tradition. Elles rient en chantant : « S’il te kidnappe, tu es obligée de l’épouser, mais tu peux t’enfuir si tu ne l’aimes pas. »

Ellipse de trois ans : Di a 14 ans, l’âge de se marier. Elle est jolie et courtisée par les garçons. Elle découvre son charme et commence à flirter, de vive voix et par sms car Internet est arrivé dans ces montagnes reculées ! Elle part main dans la main avec un garçon, à peine plus âgé qu’elle et passe la nuit dans sa maison. Elle se sent mal et appelle sa mère qui lui recommande de surtout « garder sa ceinture. » Ce qui donne à Di l’idée d’attacher sa ceinture à celle de la petite sœur du jeune homme pour la nuit.

Di aime l’école où les institutrices viets enseignent aux filles leurs droits, notamment qu’elles n’ont pas à se plier au mariage forcé, même si leurs parents sont d’accord, et que l’âge légal du mariage est 18 ans. Son père est constamment ivre, sa mère, le soir, lorsqu’elle dit explicitement qu’elle va boire. Elle-même a été enlevée par son mari et ne défend sa fille que mollement lorsque la famille du garçon vient la prendre et la traîner de force vers leur maison au moment du Nouvel An lunaire.

The Sympathiser, une série signée Park Chan-wook et Don McKellar
d’après le roman de Viet Thanh Nguyen
The Sympathiser

Le site de Préfasse présente un article du roman du Viet Thanh Nguyen – Vietnamien naturalisé États-Unien – publié en 2017.

Le Monde du 16.04.2024 en annonce la sortie. (EU, 2024, 7 × 60 min)

« The Sympathizer », sur Prime Video (Pass Warner) : picaresque et tragique, le parcours d’un homme broyé par la guerre du Vietnam

L’adaptation par le Coréen Park Chan-wook du roman de Viet Thanh Nguyen trouve l’équilibre entre le spectacle et la satire, grâce, entre autres, à Robert Downey Jr.

Synopsis – « Écrit par un exilé dont la famille, après avoir fui le Vietnam du Nord, avait gagné les États-Unis, The Sympathizer, picaresque et tragique, voyage à travers le Pacifique sur les pas d’un narrateur anonyme, métis né, dans les dernières années de l’occupation française. Recruté par le parti communiste, il infiltre les services secrets sud-vietnamiens et contribue à la prise de Saïgon.

Au moment où il s’apprête à sortir de la clandestinité, il est condamné par son ami d’enfance et agent traitant à suivre en exil le général sudiste sous les ordres duquel il servait, afin de surveiller la diaspora née de la défaite américaine. Aux États-Unis, le “sympathisant” navigue entre politique, recherche universitaire et show-business, puisqu’il est invité à garantir l’authenticité d’une superproduction évoquant la guerre du Vietnam. »

Le critique du Monde Thomas Sotinel insiste sur « le renversement de perspective » dans ce récit de la guerre du Vietnam vue ici par un Vietnamien et non un États-Unien. Et la volonté de « réappropriation de l’histoire » de l’écrivain : « Tout en construisant la critique (en forme de satire) du hold-up perpétré par les États-Unis d’Amérique sur le récit (historique, documentaire ou fictionnel) d’un épisode qui a, certes, traumatisé la superpuissance, mais surtout ravagé la nation qui a fini par l’emporter. »

Sortie télé de L’Arbre aux papillons d’or, film de Pham Thiên An

    Caméra d’or à Cannes 2023

Article à lire sur le site

Diên Biên Phu, 7 mai 1954 – Il y a 70 ans

En France comme au Vietnam, on se souvient de cette date qui marque les débuts de la décolonisation. Revue de presse.

Indochine, une guerre oubliée

Documentaire de David Korn-Brzoza et Olivier Wievorka, sur France 3, le 1er mai

(France 2024) 105 min, inédit – Disponible jusqu’au 07/11/2024

Les auteurs remontent aux années 1930 pour faire saisir les enjeux de la bataille. La France n’entend pas renoncer à son empire colonial fort de 12 millions de km2, de 100 millions de personnes et de ressources immenses : minerais, thé, charbon, bois, riz et hévéa pour fabriquer le caoutchouc nécessaire aux pneus qui font la fortune de Michelin.

Puis ils mettent en lumière les étapes qui conduisent à la victoire des Vietnamiens le 7 mai 1954 :

– 2 septembre 1945 – Hô Chi Minh proclame l’indépendance du Vietnam à Hanoï ;

-1e octobre 1949 – Proclamation de la République Populaire de Chine à Pékin. Le Vietminh dispose désormais d’un allié de poids dans la région ;

– octobre 1950 – Combats livrés sur la RC4, la route coloniale qui longe la frontière du Tonkin avec la Chine et anéantissement des colonnes françaises lors de l’évacuation de Cao Bang ;

– avril-mai 1954 – 56 jours de siège qui contraignent les troupes françaises à plier bagage.

Intérêt tout particulier de visionner ce documentaire avec Anh Tu, une Vietnamienne de Hanoï, présente en France en 2024, et d’en discuter pacifiquement !

Image du documentaire, « Indochine, une guerre oubliée »
Image du documentaire, « Indochine, une guerre oubliée»

La Victoire de « Diên Biên Phu : vue du côté français »

Le Courrier du Vietnam, 4 mai 2024

À l’occasion des 70 ans de la Victoire de Diên Biên Phu (7 mai 1954), la Télévision nationale du Vietnam a diffusé un documentaire sur cet événement historique.

Le documentaire spécial intitulé Diên Biên Phu – vue du côté français présente une nouvelle approche sur la campagne de Diên Biên Phu à travers des documents précieux qui sont exploités à partir de la quantité massive de documents stockés au ministère français des Armées et au Parlement français.

D’une durée de près de 50 minutes, le documentaire évoque les causes et les erreurs qui ont conduit à la défaite de l’armée française à la bataille de Diên Biên Phu, à travers des analyses d’archives secrètes de l’armée française, des commentaires de généraux français ayant directement participé à la bataille.

Il donne la parole à un grand nombre de chercheurs et d’historiens français passionnés par l’étude de Diên Biên Phu en France. Le documentaire présente également des témoins historiques, vétérans français et vietnamiens. 

Le film a été réalisé en quatre mois, à partir de fin 2023, et tourné au Vietnam et dans quatre villes françaises : Paris, Montpellier, Toulon et Marseille.

« À travers le documentaire, les producteurs souhaitent apporter une nouvelle vue sur la bataille de Diên Biên Phu, aidant les spectateurs à ressentir la fierté de la victoire, la volonté résiliente, le talent stratégique et le combat ingénieux de l’armée et du peuple vietnamiens face à l’armée française puissante à Diên Biên Phu. » 

Le vétéran français Pierre Flamen
Le vétéran français Pierre Flamen

Paroles de Diên Biên Phu – Les survivants témoignent (2004)
     Pierre Journoud et Hugues Tertrais
     Sortie du livre en version vietnamienne

 Le Courrier du Vietnam, 4 mai 2024

La Maison d’édition de l’Université nationale d’éducation de Hanoï (Hanoï National University of Education – HNUE) a organisé, le 3 mai dans la capitale, une table ronde à l’occasion de la sortie en version vietnamienne du livre Paroles de Diên Biên Phu – Les survivants témoignent. L’historien français Pierre Journoud, Professeur à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 (France), un des deux auteurs de l’ouvrage, était présent.

Pierre Journoud - Photo : VNA/CVN
Pierre Journoud – Photo : VNA/CVN

« […] L’auteur Pierre Journoud a livré au public hanoïen ses souvenirs liés à la préparation du livre en 2004. Un moment fort de sa vie personnelle fut son père, un diplômé de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, qui lui parla le premier de la bataille de Diên Biên Phu et qui a lu, peu avant de mourir, les premières rédactions de l’ouvrage.

Un autre souvenir “inoubliable” de Pierre Journoud est sa rencontre avec le Général Vo Nguyên Giáp à l’occasion du cinquantenaire de la campagne de Diên Biên Phu, en 2004, et ce pendant plus d’une heure. “Le Général parlait très bien le français et a rapidement et remarquablement répondu à nos questions”, se souvient Pierre Journoud, décrivant un “grand moment d’émotion”. Il est fier de lui avoir remis en personne son livre sur Diên Biên Phu. Des vétérans français et vietnamiens de la bataille de Diên Biên Phu, survenue du 13 mars au 7 mai 1954, livrent leurs motivations, leur vécu, leurs souvenirs, leurs contradictions et les leçons qu’ils ont tirées de ces journées sanglantes. Tel est le résumé de l’ouvrage de Pierre Journoud et Hugues Tertrais. Des témoignages précieux d’anciens combattants que “nous avons de la chance de recueillir 50 ans après”. […] »

Livre disponible aux Éditions Tallandier, 426 p., 11 €

► Les Fantômes du Tonkin

Documentaire de Patrick Jeudy, sur France 3, le 6 mai

(France 2024) 65 min, inédit – Disponible jusqu’au 04/12/2024

« Juin 1955. Un an après la bataille de Diên Biên Phu et le retrait des troupes françaises du Tonkin, le capitaine Paul Belmont est envoyé seul pour identifier et retrouver l’emplacement des tombes des soldats français tombés sur le champ de bataille. »

Les Fantômes du Tonkin

La tâche est gigantesque au regard des 3000 morts français. De cimetière en cimetière, sur un terrain miné, recouvert de végétation, Belmont parviendra à identifier huit corps en deux semaines.

Le premier corps identifié est Maurice Millet arrivé en juillet 1952 à Haïphong. Tireur d’élite, il est tué le 18 mars 1854, à 22 ans. Natif de Lons-le-Saunier, il a été élevé par sa mère, le père étant déchu de ses droits.

Le deuxième est Brahim Leblalta, un journalier agricole nord-africain, né en 1934. Contrairement au précédent, sa famille ne percevra pas de capital-décès : il n’était pas Français de métropole !

Sont ensuite identifiés Roland Gentili mort à 22 ans, Guy Rossini de La Rochelle mort à 34 ans, Louis Le Goff né à Paris en 1929, manœuvre, marié à 20 ans et Paul Sept, métis né à Haïphong de père français, tous deux conducteurs de char ;  Hoang Cong Nang, sergent, né dans le delta du Fleuve rouge, mort le 24 avril 1954, pas de capital-décès.

Tous sont des jeunes de famille modeste, sans diplôme, engagés pour l’aventure, pour gagner leur vie… De nombreuses images d’archive font ressurgir la mémoire de ceux qui sont morts au combat. 

Une mission pour rien ? « 19 dépouilles ont été rapatriées à ce jour, selon Yves Jeudy. »

► Indochine, quand les femmes entrent en guerre

Documentaire de Philippe Fréling, sur Histoire TV, le 7 mai
(France 2021) 55 min, rediffusion

Le documentaire remonte aux années de la Seconde guerre mondiale pour décrire l’engagement de femmes dans l’armée au côté des hommes. Elles travailleront dans les transmissions à Londres, comme ambulancières puis infirmières sur les champs de bataille, avec le groupe Rochambeau, conduites par Florence Conrad. Les AFAT (Auxiliaires Féminines de L’Armée de Terre) défileront avec le général Leclerc à la Libération.
Indochine, quand les femmes entrent en guerre

Début octobre 1945, les femmes sont appelées en Indochine « pour y sauvegarder l’action civilisatrice, comme le dit un commentaire d’époque. » Elles partiront au nombre de 5000 aux côtés des 500 0000 hommes. Isolées sur le bateau, elles tricotent, alors que les hommes les regardent avec condescendance. Plus tard, elles revendiqueront leur liberté, la même que celle reconnue aux hommes dans les périodes de repos. Elles seront affectées aux transmissions, plieuses de parachute pour les largages sur Diên Biên Phu, convoyeuses de l’air pour rapatrier les blessés à Hanoï. Mais aucune n’est autorisée à rester dans le cuvette bombardée par le Vietminh. Seule Geneviève de Galard, convoyeuse de l’air dont l’hélicoptère est endommagé par une attaque y séjournera. Y découvrant des femmes ! Vingt prostituées vietnamiennes et algériennes s’occupant des blessés.

Six corps de soldats français vont être rapatriés, soixante-dix ans après la bataille de Diên Biên Phu

Le Monde – 29 mars 2024 – Par Benoît Hopkin 

Cinq dépouilles sont anonymes et feront l’objet de tests ADN pour tenter une identification. Cette opération, menée avec l’aval d’Hanoï, témoigne d’un réchauffement diplomatique sur la question mémorielle entre le Vietnam et la France.

Les vétérans de Diên Biên Phu au cœur des ténèbres

Par Benoît Hopkin pour M Le Magazine du Monde le 13 avril 2024

Il y a soixante-dix ans, William Schilardi, Henri Ploskonka et Alexandre Donoso faisaient partie des soldats français défaits lors de la célèbre bataille indochinoise. Faits prisonniers par l’armée du Vietminh, ces derniers témoins racontent les morts, les blessures à vif, les ventres affamés, la rééducation forcée… Un enfer dont ces nonagénaires ne sont jamais totalement revenus.

Ce long article de témoignages est particulièrement intéressant. Benoît Hopkin y fait preuve, comme à l’accoutumée, de sa connaissance du Vietnam et de son humanisme.

Il campe pour commencer les origines de ces trois « gamins du peuple en mal d’avenir ».

William Schilardi, né en 1933 en région parisienne, fils d’immigrés italiens ayant fui le fascisme dans l’entre-deux-guerres, qui se faisait traiter de « rital » et de « macaroni » à l’école. Son père est coiffeur, sa mère blanchisseuse.

Henri Ploskonka est également né en 1933, en Seine-et-Marne. Ses parents sont des immigrés polonais. Son père, Stanislas, est gardien de château. Sa mère, Valentine, met au monde cinq enfants et meurt de maladie en 1944. Pendant la guerre, l’enfant est placé dans une ferme du Cher.

Alexandre Donoso est né en 1927 à Cuenca (Équateur). Fils d’un propriétaire terrien et d’une peintre, il se lance très jeune sur les routes et atterrit dans la Légion étrangère au bout d’un long voyage.

► Quand la Chine et les États-Unis s’affrontaient par procuration à Diên Biên Phu

Le Monde – 2 mai 2024 – Par Brice Pedroletti, correspondant en Asie du Sud-Est

En 1954, la « cuvette » était déjà un point de fixation géopolitique : Pékin apporta une aide colossale aux troupes du général Giap, le commandant en chef nord-vietnamien, tandis que la France fut largement soutenue par Washington.

Le PM Pham Minh Chinh reçoit le ministre français des Armées

Le Courrier du Vietnam, 7 mai 2024

Le Premier ministre Pham Minh Chinh a reçu le 6 mai le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, en visite au Vietnam pour assister aux célébrations du 70e anniversaire de la Victoire de Diên Biên Phu.

« La visite revêt une signification importante pour promouvoir le partenariat stratégique entre les deux pays, a-t-il estimé, tout en affirmant les efforts des deux parties pour mettre ensemble le passé de côté, surmonter les différences, promouvoir les similitudes et regarder vers l’avenir. […]

En matière de défense, le chef du gouvernement a demandé aux deux pays de continuer à mettre en œuvre de manière fructueuse les accords existants et d’établir de nouveaux mécanismes de coopération, notamment pour le partage d’informations et d’expériences, la formation du personnel, le maintien de la paix, le règlement des conséquences de la guerre, l’élimination des munitions non explosées et la recherche des personnes portées disparues.

Il a également suggéré à la France de renforcer sa collaboration avec le Vietnam pour préserver, restaurer et mettre en valeur les valeurs du site relique du champ de bataille de Diên Biên Phu, notamment en partageant les archives sur le site. […] »

Meeting et défilé militaire marquant le 70e anniversaire de la Victoire de Diên  Biên Phu

Le Courrier du Vietnam, 7 mai 2024

Un meeting et un défilé militaire ont eu lieu dans la matinée du 7 mai dans la province de Diên Biên, dans le nord-ouest du pays, pour marquer le 70e anniversaire de la Victoire de Diên Biên Phu (7 mai).

Célébration du 70e anniversaire de la Victoire de Diên Biên Phu
Célébration du 70e anniversaire de la Victoire de Diên Biên Phu

► Une délégation de l’Université de langues à Diên Biên Phu (ULIS/ULEI)

« Honorée et fière d’être avec ULIS lors de la commémoration du 70e anniversaire de la victoire. Je suis vraiment touchée et reconnaissante envers les héros, les soldats qui se sont battus courageusement pour protéger le Pays ! » Dam Thuy, Doyenne du Département de français
Une délégation de l’Université de langues à Dien Bien Phu (ULIS/ULEI)

Gros plan sur la première femme professeure de mathématiques du Vietnam – Hoàng Xuân Sinh, 91 ans

Source : Le Courrier du Vietnam du 9 juin 2024

Mme Sinh est née en 1933 dans le village de Cot, aujourd’hui arrondissement de Câu Giây à Hanoï. En 1951, après avoir étudié la linguistique, le français et l’anglais au lycée Chu Van An et obtenu le baccalauréat, elle part en France pour passer un second baccalauréat puis étudie les mathématiques à l’Université de Toulouse.

Elle reste ensuite en France pour y passer l’agrégation qu’elle obtient en 1959 à l’Université de Toulouse, puis retourne au Vietnam pour y enseigner les mathématiques. Elle est également spécialiste en algèbre au Département de mathématiques de l’Université nationale d’éducation de Hanoï (HNUE).

Dédiée à l’éducation et aux mathématiques

Depuis le début de sa carrière de professeur à l’université, Mme Sinh a toujours pensé que l’enseignement devait aller de pair avec la recherche. « La science s’améliore chaque jour. Si nous ne mettons pas à jour les nouvelles connaissances, ce que nous enseignons sera rapidement obsolète et il sera difficile pour les étudiants diplômés de suivre le rythme. Je crois donc aux vertus de la recherche, et le doctorat est un début et un must », explique-t-elle alors. […]

Au début des années 1960, Mme Sinh a commencé à se préparer à la recherche malgré l’absence de superviseur. |[…] Même l’autoapprentissage était rendu difficile par le manque de livres. À l’époque, la bibliothèque de son université ne contenait que des livres de mathématiques en russe ou en chinois et très peu en anglais. Pour pouvoir les lire, Mme Sinh a appris le russe. […]

À la lueur d’une lampe à huile

En 1967, un an après avoir remporté le prix Fields, le célèbre professeur français de mathématiques Alexandre Grothendieck vient au Vietnam pour y donner des conférences. Y voyant une opportunité, elle lui demande immédiatement de l’aide pour la rédaction de sa thèse. Alexandre Grothendieck accepte. De retour en France, il lui écrit une lettre proposant un sujet et un plan de recherche.

Hoàng Xuân Sinh (centre) et ses amis ont pris une photo avec le Professeur de mathématiques Alexandre Grothendieck lors de sa visite au Vietnam pour une conférence
Hoàng Xuân Sinh (centre) et ses amis ont pris une photo avec le Professeur de mathématiques Alexandre Grothendieck lors de sa visite au Vietnam pour une conférence

De 1967 à 1972, ils échangent cinq lettres. Celles-ci doivent être très courtes et il faut compter huit mois pour chaque envoi entre la France et le Vietnam. Dans une lettre, le Professeur Grothendieck écrit : « Si vous ne pouvez pas résoudre un problème inversible, laissez-le là. Inutile d’insister ».

« Je lui ai écrit trois fois. La première fois en disant que je ne pouvais pas résoudre le problème inversible. La seconde en y étant parvenue. Pour la troisième, j’avais terminé tout le plan indiqué par lui », raconte Mme Sinh.

Elle se souvient encore très bien de cette époque où elle enseignait le jour et travaillait sur sa thèse la nuit à la lumière d’une lampe à huile. À cette époque, enseigner ne consistait pas seulement à donner des cours, mais aussi à assurer la sécurité des étudiants. Elle devait en permanence rester attentive au bruit des avions de combat pour emmener les étudiants dans les abris.

La nuit, elle travaillait sur sa thèse de 20 h à 23 h dans une maison à toit de chaume et aux murs en torchis. Le sol était mouillé et il y avait des moustiques partout. La lumière vacillante de la lampe à huile devait être dissimulée afin que les avions ennemis ne puissent pas détecter sa présence. Le lendemain matin, elle était levée tôt pour parcourir 4 km sur le chemin de terre boueux menant à l’école.

« Pendant ces cinq années, mon seul rêve était de ne pas entendre le bruit des avions le jour, de ne pas avoir de moustiques la nuit et d’avoir une lampe de poche pour pouvoir lire des livres au lit et éviter ainsi les moustiques. En laissant une lampe à huile sur le lit, j’avais peur de provoquer un incendie », se souvient Mme Sinh.

C’est lorsque la campagne « Hanoï-Diên Biên Phu aérienne » s’est soldée par la victoire qu’elle a terminé sa thèse. En 1973, sa thèse manuscrite de 200 pages en français intitulée, « Gr-Catégories », est envoyée en France au Professeur Grothendieck. […] Mme Sinh souhaite se rendre immédiatement en France pour la soutenir. Cependant, de nombreuses personnes s’y opposent, craignant qu’elle ne revienne pas. Ce n’est qu’en 1975 que Hà Thi Quê, alors présidente de l’Union des femmes vietnamiennes, prend la parole pour l’aider à réaliser son souhait. […]

« Le jour le plus glorieux de ma vie »

En mai 1975, Mme Sinh se rend en France pour soutenir sa thèse. Les thèses de doctorat manuscrites sont d’habitude refusées, mais grâce à l’aide du Professeur Grothendieck, on accepte de dactylographier plus de 200 pages pour sa soutenance. Le 5 mai, l’enseignante vietnamienne soutient sa thèse avec succès à l’université Paris 7, devant une foule de Professeurs, de Docteurs, de scientifiques français et d’intellectuels vietnamiens d’outre-mer.
Le jour le plus glorieux de ma vie

Cette thèse joue un rôle important influençant grandement le développement ultérieur de la théorie des « n-catégories », couramment appliquée aux ordinateurs quantiques et aux applications en physique topologique. « Ce fut le jour le plus glorieux et le plus heureux de ma vie », se souvient-elle

La Professeure Hoàng Xuân Sinh est ensuite rentrée chez elle pour continuer à contribuer au développement du système éducatif du pays. Au cours des années suivantes, elle met toute son énergie et son enthousiasme à construire l’université Thang Long, première université privée du Vietnam. Pendant un certain temps, elle en fut non seulement directrice, mais également concierge, y apportant l’eau et balayant les sols. Plus tard, elle déclare : « Quand j’y repense, c’était l’idée la plus romantique que j’ai eue ». […]

À 91 ans, la Professeure Hoàng Xuân Sinh a gardé l’habitude de se lever tôt, de faire de l’exercice, de lire les journaux vietnamiens et français pour comprendre les dernières tendances en matière de formation dans le pays et dans le monde. Elle est fière que les étudiants vietnamiens soient si bons en mathématiques et c’est à tort qu’elle a cru que « l’enseignement était la plus facile des professions » et que « les mathématiques étaient la discipline la plus facile ». En réalité, les Vietnamiens sont très bons et elle croit en la classe intellectuelle du pays. […]

Régine Hausermann, 8 janvier 2025

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