Aspiration au calme

 

 

 

Le Département de français est connu pour son architecture unique sur le campus. Il est jugé si romantique avec ses bassins, sa végétation, ses cours, qu’il en devient trop attractif. Chaque soir à partir de 17h et les jours de fin de semestre où les classes se font prendre en photo par des professionnels, les lieux deviennent si animés qu’il est difficile d’y rester. Cette année, l’Université y a entrepris des travaux d’embellissement et des installations visant au confort des étudiant.e.s.

 

 

 

 

 

● Après les partiels, les cours reprennent

 

Les cours du semestre sont répartis sur 15 semaines. Comme ils ont commencé le 21 août, le cap de mi- semestre est franchi mi-octobre. C’est la période des tests ou partiels. Il a donc fallu préparer les sujets dans les 4 compétences, les imprimer, les corriger. Gros travail pour les collègues !

J’observe les cours de quelques Préfassiennes
– « Parler de vos projets » tel est le thème proposé par le manuel Alter Ego pour la classe de Huong (1ère année): trois témoignages de femmes pour les fêtes de fin d’année. L’une se rend chez ses enfants à Nancy…où Huong a passé une semaine en juin. Explication du futur proche. Révision du passé composé… J’interviens sur les points cardinaux, le vocabulaire nécessaire à la situation des sites : Marseille est dans le quart Sud-Est de la France, l’Hexagone…

 

 

– Yen prépare (en 1ère année) le vocabulaire nécessaire à un travail écrit de 80 mots ayant pour but de décrire Hanoi : quels qualificatifs employer, quels lieux présenter…

 

 

– Hoai Anh travaille sur « l’annonce d’un évènement familial » : faire-part de naissance, de mariage, textos, dialogue entre un fils et sa mère à qui il annonce la naissance d’Arthur…le prénom de l’aîné de mes petits-fils !

 

 

● Nuisances sonores à répétition et havre de paix

 

Certains jours, trop souvent, les bruits venus de l’extérieur perturbent gravement le travail. Des bâtiments préfabriqués sont montés par des entreprises privées pour permettre à des marques de vendre leurs produits. Un jour, une marque de téléphone chinoise. Un autre, la marque d’ordinateurs ASUS. Et les décibels se déchaînent pour attirer le client pendant que nous essayons de travailler.

 

 

Une autre fois, c’est la fête du Département de coréen et d’autres préfabriqués ont été installés le samedi pour être démontés le dimanche après-midi. Et les décibels toujours…

 

 

Certains dimanches, dès 6 heures, la grande cour devant le bâtiment d’anglais, sous mon balcon, est transformée en parking pour minibus amenant des candidat.e.s pour le concours de japonais dont l’obtention permet de trouver du travail dans une entreprise japonaise à Hanoi, avec un salaire attractif.

 

 

Il est cependant un havre de paix, enclavé au milieu des bâtiments, la pagode du quartier. Je suis allée m’y promener avec Thuy Aquableu, le 15ème jour du calendrier lunaire. Une activité inhabituelle y régnait en ce jour de culte…sans rompre la quiétude du lieu

 

.

 

● 20 octobre, Fête des Femmes vietnamiennes

 

Difficile de trouver un restaurant qui n’affiche pas complet. Cette année, le repas auquel nous sommes conviées, a lieu dans un des établissements qui ont fleuri rue To Hieu, pas très loin de l’Université. Nous étions une cinquantaine : les hommes, sauf un, regroupés à une extrémité de la table pour y discuter et y boire à l’aise, du whisky cette année !
Un endroit de verdure – mais très sonore – où l’on mange bien. Discussion animée avec les jeunes professeurs qui m’entouraient…sur la condition féminine…avec la participation de Nhât Quang, un homme qui ne craint pas la conversation des femmes !
Mais les traditions semblent s’étioler car le nombre de bouquets offerts aux professeures a considérablement diminué depuis dix ans.

 

 

 

● Soirées cinéma du vendredi

 

Telle mère, telle fille : une comédie déjantée de Noémie Saglio avec une Juliette Binoche comme je ne l’avais jamais vue, dans un rôle de mère immature, squattant chez sa fille et toujours amoureuse de son ex-mari chef d’orchestre, Lambert Wilson. Le ressort comique tient aux grossesses parallèles de la mère et la fille.

 

 

Un homme à la hauteur : une comédie sur le handicap avec un Jean Dujardin, architecte prestigieux…mesurant 1m36, qui tombe amoureux d’une avocate d’1m75 interprétée par Virginie Efira, qu’il séduit d’abord au téléphone en lui annonçant qu’il a retrouvé son téléphone. Ce couple atypique donne lieu à de nombreux effets comiques mais aussi à des moments d’émotion. Nous sommes sorties en nous demandant quels moyens techniques avaient été utilisés pour réduire Jean Dujardin de 47 cm.

Les deux films sont drôles tout en posant des problèmes réels. Ils suscitent l’intérêt. Et je me surprends à prendre plaisir à des films que je ne serais pas allée voir en France mais que j’ai plaisir à partager avec mon amie Thuy. A la sortie, nous avons de bonnes discussions tout en dégustant notre kem Trang Tien.

 

● Une belle soirée avec Diep, Préfassienne 2000

 

Le samedi soir, Diep, professeur au lycée Chu Van An, son mari et ses deux enfants viennent me chercher en voiture. Direction, le restaurant Paulas’s Wineyard, proche de la grande surface Big C. Un bar à vin très cosy, avec peu de monde, très calme. Quelle joie ! Comme je sors d’une gastro, je décline l’invitation à boire du vin… et puis je me ravise. Bien m’en prend car le vin est délicieux comme la soupe au potiron et saumon et l’émincé de bœuf.
Les enfants aussi se sont régalés. Le garçon a un bon coup de fourchette !
Une excellente soirée avec Quang et Diep, « mes premiers mariés » de mars 2006, et leurs enfants que j’ai vu naître. Leur fille entre en CP à l’école Nam Thanh Cong où elle commence à apprendre le français. Leur fils en 6ème au collège Chu Van An proche du lycée de sa mère mais loin de leur maison de Dai Mo. La famille a donc décidé, vu les temps de transport dans une circulation folle, vu l’absence de transports en commun, de louer un petit appartement près de l’école de la petite. Le samedi soir, ils rentrent à leur maison de Dai Mo pour y passer le dimanche seulement, car leur fils a des cours jusqu’au samedi 17h30. Mais il apprend l’anglais, pas le français.
Je suis effarée de constater les conditions de vie des enfants et des ados qui sont constamment occupés par des cours principaux et supplémentaires qui leur interdisent de se détendre. Dans le lycée dont je vois les classes depuis la fenêtre de ma salle de bain, l’activité ne s’interrompt jamais !

 

 

 

 

● Le mariage de Hai, Préfassienne 2007

 

Cérémonie laïque selon la mode d’aujourd’hui, avec un peu moins d’invités que d’habitude. Sauf que le repas pour la famille et les amis de la famille du marié avait eu lieu à midi, à une trentaine de km de Hanoi ou peut-être plus. Nouveauté, le repas était prévu à 18h, alors que c’est en général à 11h. Il paraît que c’est une tendance nouvelle.
Hai, son mari Phat, et ses parents nous attendent en haut de l’escalier conduisant à la salle de restaurant. Nous sommes dans les premiers. Il faut attendre un peu.

 

 

J’aime beaucoup les parents de Hai, sa mère professeure de français en retraite que j’ai connue comme collègue au Département, son père qui m’appelle Gine ! L’heure est venue d’entrer après avoir déposé notre enveloppe dans la boîte ad hoc. Les tables sont servies. On commence à dîner. La cérémonie commence, orchestrée par un professionnel. Entrée solennelle, musique de circonstance, feux de Bengale, découpe de la pièce montée. Vers 19h30, la salle se vide.

 

 

 

Chapitre 2

Retour

Chapitre 4